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Danse et littérature : usages de la métaphore

Danse et littérature : usages de la métaphore

Publié le par Marion Moreau

Danse et littérature : usages de la métaphore 

Université de Saint-Denis–Paris VIII et Université de la Sorbonne–Paris IV

Journées d'études interdisciplinaires organisées avec le soutien de l'équipe « littératures françaises du XXe siècle » (EA 2577) de Paris IV et des équipes « littérature et histoires » (EA 1579) et « esthétique, musicologie et créations musicales » (EA 1572 / laboratoire d'analyse des discours et pratiques du champ chorégraphique) de Paris VIII.

Vendredi 13 mai 2011, salle D035, Maison de la recherche de l'Université de la Sorbonne-Paris IV

Samedi 14 mai 2011, salle D002, Université de Saint-Denis-Paris VIII.

Ces journées d'étude, organisées conjointement par des équipes de Paris IV et Paris VIII, sont nées du projet de croiser les domaines de la danse et de la littérature, en suscitant des échanges entre doctorants ou jeunes chercheurs des deux disciplines. Nous proposons ainsi de choisir la métaphore comme point de ralliement et de nous interroger sur le processus métaphorique, employé et valorisé par des discours aux statuts et contextes si variés, du roman aux studios de danse.

Dans la mesure où elle se fonde sur le « rapprochement de deux éléments hétérogènes » (Nanine Charbonnel), la métaphore semble à même de révéler les ressemblances de la littérature et de la danse, sans gommer l'irréductible dissemblance du corps et du verbe. Partant du constat qu'elle est en effet souvent convoquée quand il s'agit d'analyser les relations qu'entretiennent la danse et la littérature mais que son usage et sa pertinence ont été peu interrogés, nous proposons de réfléchir aux présupposés et aux enjeux de sa présence au carrefour de ces deux disciplines.

Précisons toutefois que, si la métaphore est très employée dans la critique comme dans la pratique chorégraphique, la recherche en danse est loin de l'avoir « absorbée » au point d'en faire un objet de prédilection théorique, comme c'est le cas des études littéraires et stylistiques. Nous faisons ainsi le pari que la confrontation de deux disciplines n'ayant pas emprunté les mêmes chemins théoriques peut permettre de renouveler l'appréhension du phénomène métaphorique, y compris en littérature. D'autre part, analyser l'usage en danse d'un outil du discours rhétorique et littéraire nous permettra d'envisager l'articulation avec la littérature sous l'angle peu étudié de la pratique chorégraphique.

Voici les pistes de réflexion, non exhaustives, que nous suggérons :

1) La métaphore de la danse dans le discours littéraire

La danse offre à nombre d'auteurs un support fantasmatique efficient, tour à tour moteur et modèle d'écriture. Mais la danse est également une métaphore qui, en raison peut-être de sa forte puissance évocatrice, est souvent utilisée pour penser le littéraire. Comment et pourquoi la théorie et la critique littéraires, par le détour de la métaphore, convoquent-elles la danse, son vocabulaire, son imaginaire ?

La danse apparaît par exemple comme une métaphore privilégiée de la poésie (Mallarmé, Valéry, Baudelaire) : quel est l'enjeu d'un tel rapprochement ? D'autre part, quelles conceptions de la danse ces emplois métaphoriques construisent- ils ?

2) La danse comme métaphore scénique du texte

On pourrait ici envisager d'interroger l'histoire de la danse en se demandant dans quels contextes la danse a pu être pensée comme métaphore du texte, posant ainsi le problème de sa dépendance au verbe.

Cette question semble introduire un certain nombre de problèmes théoriques. En transposant une oeuvre littéraire, ce que la danse fait au texte peut-il être de l'ordre de la métaphore ? Dans quelle mesure les dimensions scénique, visuelle et plastique de la danse peuvent-elles construire une métaphore du texte littéraire ? Que faire, dès lors, des autres vocations dont son histoire l'a affublée : celles d'illustrer, de mimer ou encore de transposer, voire de traduire, dans le cas d'adaptations chorégraphiques d'oeuvres littéraires ?

3) La métaphore dans la pratique du danseur et le discours du chorégraphe

- La métaphore et le discours sur la danse :

La métaphore apparaît en danse comme un moyen de se rapprocher le plus possible de la sensation à décrire, de repousser les limites de l'indicible. Les autobiographies, les interviews de danseurs ou de chorégraphes font ainsi appel au registre métaphorique pour mettre en mots une pratique et

partager des sensations complexes avec des lecteurs ou des spectateurs. L'enjeu semble alors de s'éloigner de la danse pour pouvoir la transmettre.

Mais quelles sont les métaphores privilégiées pour parler de la danse ? Dans quelle mesure le discours sur la danse s'appuie-t-il notamment sur la métaphore de l'écriture littéraire ? Plus largement, que perd-on, que gagne-t-on en recourant à la métaphore ?

- La métaphore et le discours pour/à danser :

Comment et pourquoi la métaphore peut-elle se faire le moteur de la création chorégraphique ? On peut penser ici, par exemple, à l'emploi par le chorégraphe d'un langage métaphorique pour permettre au danseur de donner une certaine qualité à son geste. Peut-on alors dire que la danse anime et incarne une métaphore qui, d'image et de suggestion devient geste, action, proposition ? Comment la métaphore circule-t-elle du chorégraphe qui l'énonce comme consigne, au danseur qui l'applique, jusqu'au spectateur qui la regarde ? Enfin, quelle tension peut intervenir entre la description métaphorique du mouvement (par exemple : la danse comparée à l'envol d'un oiseau ou le mouvement à la circulation d'électricité) et l'analyse du geste dansé, pour le danseur comme pour le critique ?

4) Au-delà du verbe : la métaphore chorégraphique ?

S'il semble acquis pour la plupart des linguistes que la métaphore excède le champ du discours verbal, peut-on pour autant la transférer mécaniquement dans le champ chorégraphique ? Pierre-Jean Amar et Jean Arrouye, dans Métaphores photographiques (2004), posent une question semblable : « la photographie pourrait-elle faire de même, nommer – montrer – une chose et en signifier une autre ?

Dans le poème, la métaphore repose sur l'ambivalence du vocabulaire : la femme, comme le navire, peut se balancer, frémir, partir pour un heureux voyage. La photographie devra tabler sur l'ambivalence des apparences. »

À son tour, le mouvement chorégraphique peut-il produire des métaphores sans le soutien du texte, et selon quelles modalités ? Seraient-elle à analyser comme des métaphores visuelles/iconiques ?


Les propositions d'intervention d'une quinzaine de lignes environ sont à adresser à Ninon Prouteau (doctorante contractuelle, danse, Paris VIII), Pauline Galli (allocataire-monitrice, littérature française, Paris VIII), Delphine Vernozy (doctorante contractuelle, littératures françaises, Paris IV), et Bojana Bauer (doctorante, danse, Paris VIII) avant le 9 janvier 2011, à l'adresse suivante :

danselitterature@gmail.com