Essai
Nouvelle parution
D. Rabaté, Le Chaudron fêlé. Ecarts de la littérature

D. Rabaté, Le Chaudron fêlé. Ecarts de la littérature

Publié le par Marielle Macé

Dominique Rabaté, Le Chaudron fêlé. Ecarts de la littérature

Paris, Corti, 2006, 288 p.

EAN : 9782714309174

20 €


Présentation :

Ce livre se place sous l'égide de Flaubert. Dans une page célèbre de Madame Bovary, le narrateur note : " comme si la plénitude de l'âme ne débordait pas quelquefois par les métaphores les plus vides, puisque personne, jamais, ne peut donner l'exacte mesure de ses besoins, ni de ses conceptions, ni de ses douleurs, et que la parole humaine est comme un chaudron fêlé où nous battons des mélodies à faire danser les ours, quand on voudrait attendrir les étoiles ". Ce texte magnifique me sert à reposer, une fois encore et dans la lignée de Poétiques de la voix, la vieille et lancinante question : Qu'est-ce que la littérature ? Moins pour y répondre que pour faire résonner ce chaudron fêlé. Pour y faire entendre, dans une série d'écarts, l'écho d'un presque rien qui unit et sépare la " parole humaine " et ce que la littérature en fait. Une imperceptible fêlure décolle le discours de lui-même, fabrique un texte où le vide ne se comble jamais. Là où la métaphore défaille, cette fêlure produit le désir d'une métonymie dont le mouvement doit pourtant rester suspendu. A partir de Flaubert, c'est la dynamique de ces écarts que j'invite à suivre, dessinant ainsi un pan qui me parait primordial de la littérature française d'aujourd'hui, à la recherche d'un romanesque d'un nouveau genre, un romanesque sans roman. Avec le Flaubert d'Un coeur simple, c'est au presque rien d'une vie médiocre qu'il revient de clore ce livre. Le chaudron (de la parole, de la littérature) est imparfait, mais il demeure l'instrument pour commuer le vide en paradoxale plénitude. Il désigne toujours ce qui nous donne envie, sous les étoiles, de danser. D.R.

FELURES
La voix perdue et le roman
Pouvoirs et limites de la métonymie
Sujet ou voix ?
ECARTS
" Une trace infime de la pensée vivante " (Nathalie Sarraute)
La fabrique de l'écart (Emmanuel Hocquard)
L'entre-deux : fictions du sujet, fonctions du récit (Perec, Pingaud, Puech)
Le romancier de soi-même
Vérité et affirmations chez Pascal Quignard
D'UN ROMANESQUE SANS ROMAN
Un romanesque de la litote (Marcel Schwob)
Le singulier pluriel : Roland Barthes
Ce qui n'a pas de témoin ? Les vies imaginaires dans la littérature contemporaine
Sur la " piste romanesque " de Champollion (Gérard Macé)