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«D’où vient donc notre addiction à la narration?» (Le Temps, 28.07.2015)

«D’où vient donc notre addiction à la narration?» (Le Temps, 28.07.2015)

Publié le par Marie Minger

D’où vient donc notre addiction à la narration?
par Nic Ulmi
Article paru dans Le Temps, 28 juillet 2015

Pourquoi les humains sont-ils à ce point épris de récits? Le cerveau est une machine à sécréter des histoires – et la fiction nous habitue à lire dans les pensées d’autrui

Nous sommes, vous et moi, des animaux narratifs: Homo sapiens est «le grand singe avec l’esprit conteur», selon l’expression de Jonathan Gottschall, chercheur évoluant à la frontière entre la théorie littéraire et celle de l’évolution. Nous sommes la seule espèce, dit-on, à avoir cette passion – encore qu’il soit déconseillé d’y mettre sa main au feu, comme on le verra plus loin. Notre cerveau, dans tous les cas, passe son temps à fabriquer des récits et à avaler insatiablement ceux que produisent les autres. «La narration est pour un humain comme l’eau pour un poisson – complètement englobante et presque impalpable», note Gottschall dans The Storytelling Animal. How Stories Make Us Human (Mariner, 2012). Mais pourquoi?

En dehors de la biologie et des sciences du cerveau, des essayistes se sont attelés à décrire et à motiver cette compulsion, tels qu’Umberto Eco dans Six promenades dans les bois du roman et d’ailleurs (1994) ou Nancy Huston dans L’espèce fabulatrice (2008). La fréquentation de la fiction, écrivent-ils, permet d’apprivoiser le monde réel et de produire du sens à partir des événements plus ou moins disparates de notre vie. Le constat était là, donc. Restait à ouvrir la boîte noire du cerveau pour voir comment cette particularité de notre espèce s’inscrit là-dedans. Restait, aussi, à essayer de comprendre pourquoi notre histoire évolutive nous a doté d’une pareille étrangeté.

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