Collectif
Nouvelle parution
D. Cohen-Levinas, Le Souci de l'art chez E. Levinas

D. Cohen-Levinas, Le Souci de l'art chez E. Levinas

Publié le par Arnauld Welfringer

 

Danielle Cohen-Levinas (dir.), Le Souci de l'art chez Emmanuel Levinas

Manucius, coll. "Le Marteau sans maître", 2010.

288 p. - 21 €

ISBN : 978-2845780897



Le souci de l'art tel que Levinas nous invite précisément à le penser dans ses formes héritières du chaos, à peine pensables, à peine avouables, représente un moment décisif de la réflexion esthétique de la seconde moitié du XXe siècle. À la fois témoignage, philosophie critique et horizon de vérité qui viendraient comme dissimulés sous les oripeaux de l'intériorité. Les textes réunis dans ce volume tentent chacun une incursion dans une région de la pensée de Levinas qui ne se laisse pas réduire à des figures ou à une théorie critique. Nous avons tenu à ce que figurent des textes portant autant sur la littérature et la poésie que sur la peinture, voire la musique, tant deux de ces domaines – la littérature et la poésie – échappent pour Levinas au jugement sévère et à la méfiance éthique qu'il affiche dès lors qu'il est question d'art, comme objet qui s'érige en vrai sans le recours au verbe et à la parole.

Le centenaire Emmanuel Levinas (2006) a été l'occasion de traverser de manière quasi systématique une oeuvre devenue désormais fondamentale, tant pour l'histoire de la philosophie que pour la place névralgique qu'elle occupe dans les débats qui agitent aujourd'hui la communauté intellectuelle internationale. Levinas se situe au carrefour des pensées les plus influentes de ce siècle. Il aura été le philosophe qui questionne autant la dimension d'existence que l'insistance heideggérienne sur le caractère verbal de l'être. Il aura été également le philosophe le plus critique envers la monologie de la souveraineté de la raison, à laquelle il oppose la promesse d'une altérité radicale. En ce sens, il gardera toujours l'horizon herméneutique du Dasein comme moment critique sur lequel il déploie le «souci» du rapport de l'homme avec le dehors. Cette structure du l'un pour l'autre est si puissante, si primordiale, qu'elle est toujours ce qui articule chez Levinas ses écrits phénoménologiques, comme ses écrits talmudiques ou encore ses écrits qui s'avancent vers la littérature pour y puiser ce qu'il appelle lui-même des expériences «pré-philosophiques». Cependant, la question de l'art, ce que nous appelons ici le «souci de l'art» afin de tenir en éveil la critique heideggérienne, tout en montrant l'immense lecture et interprétation que Levinas en a fait n'a pas fait jusqu'ici l'objet d'études et de réflexions approfondies. Ce volume collectif reprend pour la plupart les textes prononcés lors du colloque «Levinas et la question de l'art» en inscrivant la dimension esthétique dans une perspective philosophique qui permet précisément de montrer comment et pourquoi, contrairement à l'idée la plus répandue, Levinas n'est pas resté sourd à la création artistique, mais qu'il a, avec une impitoyable minutie, attiré l'attention sur le risque éthique à s'ouvrir à ce qui favorise le repli ontologique et ferme le langage par une trop grande emprise de la représentation. Les quelques textes sur l'art que Levinas a rédigé, notamment «La réalité et son ombre», ainsi que les références poétiques, picturales et musicales dans Autrement qu'être fondent une véritable pensée de l'esthétique qu'il nous paraît nécessaire aujourd'hui de méditer, de commenter et de transmettre.

Textes de Danielle Cohen-Levinas, Olivier Soutet, Jean-Luc Marion, Emmanuel Levinas, Rodolphe Calin, Guy Petitdemange, Éric Marty, Pierre Brunel, Denis Guénoun, Bruno Clément, Gilles Hanus, Orietta Ombrosi, Stéphane Habib et Raphael Zagury-Orly, Joseph Cohen, Gérard Bensussan, Georges Molinié, Michel Deguy, Françoise Armengaud, Jean-Luc Nancy.