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Un jour un conte. Le Petit Chaperon rouge dans ses expansions hypertextuelles (Lille)

Un jour un conte. Le Petit Chaperon rouge dans ses expansions hypertextuelles (Lille)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Bochra Charnay)

Cycle « Un jour un conte »

Le Petit Chaperon rouge dans ses expansions hypertextuelles

Colloque international, les 1 et 2 mars 2021 

 

"La narrativité hypertextuelle peut nous éduquer à la créativité et à la liberté. C’est bien, mais ce n’est pas tout. Les récits « déjà faits » nous apprennent aussi à mourir"

                                                Umberto Eco, De la littérature, Grasset, 2003, p. 27.

 

Le conte du Petit Chaperon rouge est sans conteste le plus célèbre, le plus répandu et le plus chéri des contes français si l’on en croit l’ampleur de ses expansions hypertextuelles en tous genres et pour tout âge, depuis la maternelle aux éditions pour adultes. C’est aussi le conte le plus connu de Charles Perrault qui est le créateur du surnom (sobriquet ?) du personnage éponyme, Petit Chaperon rouge, qu’il a fabriqué par typification en le répétant pas moins de 13 fois dans son texte, alors que dans les ethno-contes, dont il s’inspire en partie, l’héroïne est simplement appelée le plus souvent « la fillette » ou « la petite ». De plus, généralement, le ra-contage actuel ne peut s’empêcher d’achever le conte sur une note optimiste, le sauvetage de la fillette et de sa mère-grand par éventration du loup puis sa mise à mort, alors que chez Perrault l’héroïne finit dévorée. En fait, tout en l’ignorant, le raconteur ou la raconteuse contemporain-e synthétise la réécriture de Perrault et celle des frères Grimm qui ont « inventé » cette fin en l’empruntant, comme on sait, à un autre conte-type. Les ethno-contes sont divisés selon ces deux tendances : une fin pessimiste et une autre optimiste très différente de celle des Grimm où l’héroïne se sauve par ruse.

Ce conte est classé « merveilleux », CT 333 de la classification internationale, alors qu’il échappe aux critères du genre puisqu’il se termine sur la mort de l’héroïne innocente et le triomphe du méchant rusé, remettant en cause la sentence selon laquelle les bons sont récompensés et les méchants punis. De surcroît, il ne s’achève pas non plus, quelle que soit la branche, par un mariage. De plus, il ne s’agit pas non plus d’un récit de quête puisque la fillette est chargée d’une simple mission ménagère. Conte étrange donc où un animal prédateur triomphe dans bon nombre de versions. C’est d’ailleurs peut-être ce qui fait son attrait, car, comme l’écrit Marc Soriano, il s’agit d’une « œuvre si claire qu’elle finit par devenir impénétrable »[1]

La question est de savoir ce qu’en font les réécritures, comment elles reconfigurent le récit et les personnages, quelles sont les valeurs signifiées ainsi que les transformations et innovations sémantiques effectuées par l’auteur.

Les thèmes abordés seront des plus variés. Il sera possible de traiter de l’énonciation : le jeu des instances énonciatives et narratives, les variations de focales et changements de point de vue. Ainsi que traiter de l’inter ou transtextualité par les fictions transfuges, les réécritures dans un autre genre (cinéma, théâtre, poésie, bande dessinée, roman, roman graphique, albums avec ou sans texte, etc.). Traiter également de la modalisation par l’humour ou l’ironie.  De l’évolution de la narration moralisante, de la modernisation des textes d’autorité et des choix de reprise aujourd’hui. Du côté de la réception, du jeu des lectures intertextuelles et de la sollicitation des lecteurs, de la finalité littéraire. Il est possible également de se demander jusqu’où peut aller la liberté de l’auteur, si elle est totale comme semble l’affirmer encore une fois Umberto Eco : « Nous sommes entrés dans l’ère de l’hypertexte. […] Grâce à l’hypertexte est née aussi la pratique d’une écriture inventive libre »[2]. Aussitôt, il prend l’exemple de notre conte et propose une réécriture débridée, transtextuelle et transfuge : « Vous pourrez aussi décider que le Petit Chaperon rouge entre dans les bois et y rencontre Pinocchio, ou bien que la fillette est enlevée par la marâtre et mise au travail sous le nom de Cendrillon […] »[3]. Ce que ne manque pas de faire, notamment, la série filmée Once Upon a Time qui construit, comme d’autres réalisations filmiques ou écrites, une sorte de patchwork narrativo-sémantique. Mais alors, qu’en est-il des significations et des valeurs nouvelles ?

Les propositions de communication devront être innovantes, originales et inédites.  

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Comité d’organisation

Bochra CHARNAY, ULR 1061 ALITHILA, Université de Lille

Thierry CHARNAY, ULR 1061 ALITHILA, Université de Lille

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Comité scientifique

Sandra BECKETT, Brock University, Saint Catharines, Canada

Bochra CHARNAY, ULR 1061 ALITHILA, Université de Lille

Thierry CHARNAY, ULR 1061 ALITHILA, Université de Lille

Kirill CHEKALOV, Institut de Littérature mondiale de l’Académie des Sciences de Russie, Moscou

Christiane CONNAN-PINTADO, TELEM, Université Bordeaux-Montaigne

Dominique PEYRACHE-LEBORGNE, E.A. 4276, Université de Nantes

Natacha RIMASSON-FERTIN, ILCEA4, Université Grenoble-Alpes

Marie-Agnès THIRARD, ULR 1061 ALITHILA, Université de Lille

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Modalités et calendrier

Les propositions de communication (titre, résumé de 1500 caractères maximum (espaces comprises), mots clés, et références bibliographiques seront accompagnées d’une brève biobibliographie de 1500 caractères (espaces comprises) maximum comprenant : statut, établissement et équipe d’accueil ainsi que les principales publications récentes.

Les propositions sont à envoyer, au plus tard, le 10 janvier 2021 à l’adresse suivante :

litteraturejeunesseunivlille@gmail.com

Une réponse sera adressée aux contributeurs au plus tard le 17 janvier 2021.

 

 

[1] Marc Soriano, Les contes de Perrault, culture savante et traditions populaires, Tel Gallimard, 1968, p. 160.

[2] Umberto Eco, De la littérature, (trad. De l’italien par Myriem Bouzher), Paris, Grasset, 2003, p. 22.

[3] Ibid., p. 23.