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Cultures de l'autre au Moyen Âge : rencontre, échange, rejet (Paris)

Cultures de l'autre au Moyen Âge : rencontre, échange, rejet (Paris)

Publié le par Marc Escola (Source : Viviane Griveau Genest)

Theme Questes automne 2015.

Cultures de l'autre au Moyen Âge : rencontre, échange, rejet.

 

Les études médiévales ont souvent donné du Moyen Âge l’image de sociétés unifiées par leur religion et leur culture, ou même repliées sur elles-mêmes. Pourtant l’autre et sa culture ont toujours intéressé les hommes et femmes du Moyen Âge.

En littérature, la confrontation à la figure de l'autre et à sa culture produit des portraits stéréotypés ou peut devenir le ferment d'une interaction positive. Comment rencontre-t-on l'autre dans la littérature du Moyen Âge ? Certains genres littéraires particuliers favorisent la mise en scène de ces rencontres. Quel rôle jouent-elles alors dans les dynamiques narratives ? Quels registres littéraires la culture de l’autre fait-elle surgir ? L’autre peut-il susciter l'admiration, et devenir matrice littéraire féconde ou bien n'est-il appréhendé que sous l’angle du rejet et de la méfiance ? Cette ambivalence, sensible dans La Chanson de Roland, en ce qui concerne les païens, mérite d'être interrogée. On s’intéressera aussi aux façons de décrire l’autre : réseaux lexicaux, métaphores, et à leurs effets sur le lecteur. Quel rôle jouent alors ces échanges dans la logique interne de l’œuvre littéraire ? On pourra adopter une perspective poétique : comment l’autre intervient-il dans l'œuvre ? Par le biais de récits enchâssés, ou d’une intertextualité telle la Disciplina clericalis qui emprunte à l'arabe ? On pourra également adopter une perspective comparatiste pour cartographier les territoires littéraires accueillant ces préoccupations : cet intérêt se rencontre-t-il uniformément dans les textes ou ne concerne-t-il que certains genres de textes ? Et qu’en est-il de la périodisation ? Est-ce que la rencontre avec l’autre a, en littérature, une histoire ?

D’un point de vue historique, on tentera de s’attacher aux aspects concrets qui constituent l’altérité. Au-delà de la notion de culture, y a-t-il des marqueurs privilégiés qui distinguent cet autre ? Religion, langue, vêtements, alimentation… différentes grilles de lectures peuvent apparaître lorsqu’il s’agit de caractériser celui qui est perçu différemment. Quels sont alors les critères de description qui paraissent les plus évidents et que nous disent-ils sur les perceptions de ceux qui les formulent ? Deux questions pourront alors se poser. Tout d’abord, alors que la rencontre est parfois lue à travers une épistémè propre à l’histoire de l’expansion européenne, en quoi la perception de l’autre au Moyen Âge est-elle singulière ? Par ailleurs, les rencontres étaient-elles nécessairement valorisées par leurs protagonistes et par les sociétés dans lesquelles ils s’inscrivaient ? C’est donc à partir d’éléments concrets que nous aimerions dépasser le caractère marginal de la rencontre avec l’autre pour comprendre son sens dans les sociétés médiévales.

Enfin la mise en scène de la culture de l'autre est aussi porteuse d'une vision symbolique qui prend valeur d'anthropologie littéraire. Est-elle au service d'un rejet systématique dans une perspective axiologique ? Dans son étude du Perceforest, Sylvia Huot interroge la place occupée dans le roman par la référence à l'Antiquité dans l'élaboration d'une identité nouvelle et chrétienne. La pensée d'Edward Saïd sur la construction imaginaire de l'Orient, ou l'Ailleurs païen dans le Perceforest, pourrait ici être convoquée, ne serait-ce que pour la questionner. Simon Gaunt est récemment revenu sur la notion de diversité chez Marco Polo, suivant les théories des post-colonial studies : qui parle de la culture de l'autre ? L'européen chrétien, qui contrôle la voix narrative, ou l'autre qui rend l’œuvre polyphonique et questionne les schémas de l'occident chrétien ?

Il s'agira donc, à travers une exploration vaste n'excluant, a priori, aucune ère géographique, de l'orient méditerranéen à la Scandinavie de se pencher sur les espaces, les sociétés, les œuvres et les discours où s'est posée, ou imposée, la question de la relation à l'autre dans sa dimension culturelle. La culture de l'autre en fait-elle nécessairement un estrangier rejeté ?

Les contributions de ce thème volontairement transdisciplinaire prendront la forme de communications de vingt minutes en vue des séminaires de novembre et décembre de l’association QUESTES (18h-20h, Maison de la Recherche de la Sorbonne). Les propositions sont à envoyer à paulineguena@hotmail.fr et v.griveau.genest@gmail.com avant le 20 octobre 2015.