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Créations des écrivaines algériennes : héritages, engagements et diversité des écritures (Revue Algerienne des Lettres)

Créations des écrivaines algériennes : héritages, engagements et diversité des écritures (Revue Algerienne des Lettres)

Publié le par Marc Escola (Source : Abdelkrim Benselim)

N°5 de la Revue algérienne des lettres RAL

Numéro thématique  coordonné par Dr Chahrazade LAHCÈNE et Dr Abdelkrim BENSELIM

Créations des écrivaines algériennes : héritages, engagements et diversité des écritures

 

Dès son émergence, la littérature algérienne de langue française, de par la situation coloniale dans laquelle elle émergeait, s’est trouvée dans l’obligation de l’engagement. Elle se devait de témoigner de la parole même des colonisés et de la prise de conscience d’une société prenant la mesure de ses propres apports. Des premiers textes algériens aux œuvres des auteurs devenus classiques, la littérature algérienne a pris son plein essor après l’indépendance dans les tensions socio-culturelles d’une nation aux prises avec ses contradictions et d’une littérature tiraillée entre les diktats du pouvoir et les innovations des créateurs. Dans les étapes de ce processus d’affirmation d’une littérature nationale, les écrivaines ont eu un statut particulier pour plusieurs raisons à la fois sociales, culturelles et politiques. Cette émergence d’œuvres littéraires des femmes a été étudiée et si les études méritent d’être encore enrichies, elles doivent aussi être prises en charge par les nouvelles avancées de la recherche dont le principe même est l’accumulation et le dialogue des partenaires intellectuels.

Ainsi, il est toujours nécessaire de (re)lire les textes des premières comme Djamila Debêche ou Taos Amrouche et de prendre la mesure de la place centrale occupée par Assia Djebar pendant plus de vingt années. Il est utile aussi d’introduire une hiérarchisation des textes pour dépasser la tendance qui a imposé de mettre sur le même plan des textes de performance très différente, sous prétexte qu’ils étaient signés par une Algérienne : ainsi si les noms de Yamina Mechakra ou de Aïcha Lamsine s’imposent à peu près à la même période, dans les années 70, l’appréciation par l’histoire littéraire de leur apport doit être nuancée.

En effet si les années 80 sont celles de l’émergence visible de voix féminines par la multiplication de créations véritablement littéraires, la question de la reconnaissance de l’écriture féminine de langue française en Algérie demeure toujours d’actualité. Plus que les écrivains, les écrivaines ont dû s’imposer dès lors qu’elles sortaient des sentiers battus de la tradition et qu’elles s’imposaient dans l’espace public. Cette première transgression n’a pas été suivie par toutes d’audaces d’écritures et il est nécessaire de recenser les créations qui confortent la société dans ses refuges les plus conservateurs.

Car écrire véritablement, créer, c’est justement sortir des sentiers battus pour emprunter une voie originale et transgressive. L’écriture est un acte de libération mais aussi une arme de résistance et la critique littéraire, s’inscrivant fermement dans le processus historique, doit pouvoir apprécier les degrés d’affranchissement des pressions sociales et culturelles et les moyens esthétiques utilisés pour y parvenir.

Dans la plupart des textes littéraires des écrivaines algériennes, le discours tenu porte l’empreinte de la quête de soi, de la reconnaissance d’une vie indépendante et du besoin d’exister face à des impératifs imposés par la société. L’autobiographie a été une des voies génériques les plus empruntées au risque même d’une société mal à l’aise avec la voix d’une femme et en conséquence, au risque même pour la créatrice d’une complaisance narcissique appuyée. Progressivement, les créations se sont émancipées de cette voie/voix pour emprunter d’autres choix génériques, plus à même d’illustrer leurs désirs et leurs imaginaires. Chaque genre ayant ses innovations, les œuvres se diversifient au-delà de la confidence intimiste du genre autobiographique et revisitent les héritages des créations antérieures, que ces créations soient féminines ou masculines, nationales ou internationales. La question que l’on se pose pour les étudier ne concerne plus seulement  le contenu thématique et les raisons de l’écriture mais la manière d’être écrivaine. Ce n’est plus seulement qu’écrivent-elles et pourquoi mais « comment écrivent-elles ? »

Si les études sur l’émergence de la littérature des Algériennes sont toujours possibles pour apporter des éléments nouveaux, ce sont celles qui prennent en charge la diversification de ce champ littéraire qui sont la tâche du présent critique. Les années noires algériennes, dans lesquelles le pays était plongé dans le chaos, sont-elles prises en charge de la même manière par les témoignages, les reportages ou les créations littéraires ? Ce sont différentes interventions écrites dont certaines demeurent, quel que soit leur intérêt, à la périphérie du littéraire. Certaines écrivent juste avant cette décennie puis en prennent à bras le corps les manifestations et conséquences, comme c’est le cas de Malika Mokeddem ; d’autres sont poussées à la publication par la force de ce contexte même qui les somme d’écrire, comme ce fut le cas de Maïssa Bey. Ce ne sont que deux exemples emblématiques que l’on peut renforcer par l’analyse d’autres textes.

Nous souhaitons consacrer le numéro 5 de la Revue Algérienne des Lettres RAL à la littérature féminine en Algérie : son évolution, sa transformation, ses nouvelles tendances esthétiques et ses nouveaux engagements ; une réflexion doit être menée aussi sur le rapport engagement/ création car il ne suffit pas de dire pour créer. Nous souhaitons que soit tenu compte de la reconnaissance de cette littérature au plan national et au plan international pour mieux en cerner les enjeux et les retombées. En conséquence, les articles proposés doivent s’appuyer sur une bibliographie précise du sujet pour éviter les redites et avancer dans la construction d’une histoire littéraire bien outillée.

Pouvons-nous continuer à confiner l’écriture féminine de langue française en Algérie dans les schémas classiques de la dénonciation de la condition féminine ? Peut-elle encore être réduite au simple constat de ce que la société autorise et scelle ? Quels sont les genres littéraires qu’empruntent les écrivaines contemporaines et pourquoi ? Peut-on déceler de nouveaux apports par rapport aux aînées des écrivaines de la nouvelle génération ?

 

Chahrazade LAHCÈNE et Abdelkrim BENSELIM,

Avec l’aimable participation de Christiane ACHOUR.

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Dates importantes

31 octobre 2019 : dernier délai pour la réception des articles.

5 décembre 2019 : réponse aux auteurs. 

1er  janvier 2020 : mise en ligne du n°5 sur la plateforme ASJP.