Questions de société

"Contre la suppression de l'Histoire-Géographie en Terminale Scientifique", par J. Sapir (EHESS) + pétition+ article Rue89 (23/11/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Appel pour le maintien d'un enseignement obligatoire d'Histoire et de Géographie en Terminale scientifique

L'AssembléeGénérale de l'Association des Professeurs d'Histoire et de Géographie(APHG), réunie le dimanche 29 novembre 2009 au Lycée Saint Louis à Paris

  • Condamneet rejette tout projet de réforme des Lycées aboutissant à ladisparition de l'Histoire et de la Géographie dans les classes deTerminale scientifique
  • Exige le maintien d'un enseignement obligatoire en Terminale scientifique (TS) débouchant sur une épreuve au Baccalauréat
  • Soulignecombien l'Histoire et la Géographie éclairent fondamentalement lesdébats contemporains sur les identités, les cultures, les territoireset la mondialisation.

L'APHG invite toutes celles et tous ceux qui approuvent cet appel à le signer et à le faire signer:
http://spreadsheets.google.com/viewform?formkey=dEpuSnVqaTQzSFJYZllWYmxlZ25KRGc6MA

Contre la suppression de l'Histoire-Géographie en Terminale Scientifique

Par Jacques Sapir, Directeur d'études à l'EHESS, 23 novembre 2009

http://www.marianne2.fr/Exclusif-Chatel-veut-supprimer-l-histoire-geo-en-terminale-S_a182876.html

"On vient d'apprendre que le Ministre de l'Éducation Nationale, M. Luc Chatel, a décidé de supprimer l'Histoire et la Géographie comme matières obligatoires en Terminale Scientifique.Il se propose néanmoins de les maintenir dans un cadre optionnel. Cenouvel épisode de la réformite aiguë de tout Ministre de l'ÉducationNationale laisse anéanti et scandalisé. Ceci d'autant plus que cen'est pas trahir un secret que de révéler que le Ministère avaitcommencé par reculer et par admettre que sa réforme n'était pas fondée, en rétablissant l'Histoire et la Géographie dans le cursus des disciplines obligatoires en Terminale Scientifique.

On peut supposer que les pressions des associations demathématiciens et de physiciens qui veulent à tout prix conserver àcette terminale son caractère de « pureté » ont dû être très fortes cesderniers jours. Cela aboutit à une décision qui privera plus de lamoitié des lycéens de Terminale d'un enseignement tout à faitnécessaire. Cette question ne concerne pas que les historiens etgéographes, même si l'on ne doit pas s'étonner que ces derniersprotestent très vigoureusement. Ancien élève de ce que l'on appelle uneTerminale Scientifique (une Terminale C en l'occurrence), économiste etspécialiste en recherches stratégiques, je me suis sentispersonnellement interpellé par cette mesure.

Une mesure démagogique et une politique schizophrène.

Tout le monde peut comprendre, au vu de ce qu'est unlycéen aujourd'hui, et plus particulièrement dans une sectionscientifique avec une spécialisation renforcée par la réforme, qu'unetelle décision va aboutir à la suppression totale de cet enseignement.Très peu nombreux seront les élèves qui prendront une telle option.Nous ne devons donc nourrir aucune illusion. Le caractère démagogiquede la mesure est évident dans la mesure où il fait reposer sur lesélèves la décision de prendre ou de ne pas prendre les cours d'Histoireet Géographie à un moment où la spécialisation de la filière vientd'être réaffirmée.

[...]

Il faut donc arrêter cette mesure avant qu'il ne soittrop tard, et pour cela susciter le mouvement de protestation le plusimportant et le plus large possible. Le Ministère doit impérativementréintégrer l'Histoire et la Géographie parmi les matières obligatoiresen Terminale Scientifique !"

Lire l'article complet.

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L'histoire-géo victime de la réforme du lycée de Luc Chatel

http://www.rue89.com/2009/11/23/lhistoire-geo-victime-de-la-reforme-du-lycee-de-luc-chatel-127111

Par Chloé Leprince | Rue89 | 23/11/2009 | 19H46

La hausse des heures d'histoire-géo en première annoncée la semaine dernière masquait leur suppression en terminale S.

La semaine dernière, on annonçait le passage de 2h30 à 4 heureshebdomadaires d'histoire-géographie pour toutes les classes de première-y compris la série scientifique. Tambours, trompettes, certains seréjouissaient d'avance de l'ouverture d'esprit que représenterait ceteffort dans le tronc commun. Or un « détail » manquait, et pas desmoindres : en terminale S, l'histoire-géo devient facultative, à raisonde deux heures par semaine.

En fait, l'idée de cette suppression n'est pas complètement sortiede nulle part puisqu'on l'avait déjà évoquée l'an dernier, alors queXavier Darcos occupait le poste de Luc Chatel. Mais la mobilisationavait alors eu raison des velléités ministérielles.

Cette année, le projet semble autrement plus abouti puisque le changement figure dans la grille des horaires dévoilée le 19 novembre dernierà l'occasion d'un point presse au ministère. La mesure doit entrer envigueur en 2012, date retenue pour la réforme de l'année de terminale.

« Chatel s'est fait bourrer le mou par les mathématiciens et les physiciens »

Ce lundi, les profs de la discipline ont commencé à se mobiliser surle Net contre cette mesure. Dans le secondaire comme dans le supérieur.Jacques Sapir, économiste de formation et directeur de recherches à l'EHESS, est monté au créneau (pour info, son épouse est prof d'histoire-géo et impliquée dans l'associations des enseignants de la discipline). Interviewé par Rue89, l'universitaire dénonce le manque de professionnalisme de Luc Chatel :

« Darcos était un vrai professionnel de l'éducation, ilavait compris que ça n'avait pas de sens d'imposer cela. Chatel, lui,n'est même pas un professionnel de la politique : c'est unprofessionnel du marketing. Si je peux me permettre, il s'est faitbourrer le mou par les mathématiciens et les physiciens. »

L'argument principal, côté ministère, c'est qu'il était temps derevaloriser les filières L (littéraire) et ES (économique et sociale).En rendant l'histoire-géographie facultative en terminale S, on espèredissuader les candidats à des études comme Sciences-Po de passer par lasérie scientifique sous prétexte qu'elle serait plus réputée. Làencore, Jacques Sapir dénonce l'inconsistance du raisonnement au nom del'éveil des ouailles :

« Ils ne passeront peut-être plus par la série S pourpréparer Sciences-Po mais ils feront quand-même S pour faire HEC ouPolythechnique, où il y a bien des formations en management culturel,que je sache ! Ils ont besoin d'avoir de meilleures bases. »

Un élève sur deux en terminale S

Numériquement, le passage à un enseignement optionnel est loin deconcerner une minorité : aujourd'hui, un élève sur deux fait uneterminale S. L'objectif du gouvernement est de rééquilibrer pourarriver à un ratio de l'ordre d'un gros tiers.

Pour eux, l'histoire-géo sera sanctionnée par une épreuve anticipéeau bac qui se passera dès la classe de première. Autant dire que laprobabilité qu'un grand nombre d'élèves prennent la matière en optionest faible. Pour les services de Luc Chatel, ce n'est pas vraiment unproblème dans la mesure où le but explicite est de doper laspécialisation des élèves.

On ignore cependant encore tout de la ventilation des futursprogrammes. A ce jour, c'est toute la période après 1945 qui faitl'objet de l'enseignement en Terminale.

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