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Cultures populaires : entre artifice et art du trompe l’œil (Congrès de l'AFEA, Nice)

Cultures populaires : entre artifice et art du trompe l’œil (Congrès de l'AFEA, Nice)

Publié le par Marc Escola (Source : Danièle André)

Cultures populaires : entre artifice et art du trompe l’œil

Danièle André et Elodie Chazalon — Université de La Rochelle (CRHIA)

Congres-AFEA, Nice, 23-25 mai 2018

 

La culture populaire est souvent associée aux stéréotypes, aux apparences et au superflu. Elle est généralement perçue comme une culture « de masse » dont les productions sérialisées sont incompatibles avec la minutie, la facture et la précision associées au détail. Ce dernier est souvent considéré comme l’apanage d’une culture de l’« élite » et des arts dits « nobles ». Cette polarisation résiste depuis la fin du 19ème siècle et entraîne avec elle une série d’autres : opposition qualitative et quantitative entre une « civilisation de masse » et une « culture minoritaire » seule capable de comprendre les finesses et les complexités des « arts et la littérature » (M. Arnold, F.R. Leavis), mais également opposition géographique, entre une Amérique du Nord, semble-t-il toujours dépourvue d’Histoire, et le Vieux Continent.     

De prime abord, tout semble montrer que les œuvres, qu’elles soient visuelles, audio, ou littéraires (films, photographies, œuvres d’art, street art, jeux vidéo, musique, etc.), sont soumises à d’innombrables emprunts, adaptations, et retouches plus ou moins grossières que l’on appréhende souvent par le seul prisme de l’écran (cinéma, télévision, ordinateur, smartphone, Kindle ou e-books, art digital, logiciels dont ceux de retouches photographiques, applications dont celles de musées en ligne). De même, les œuvres et produits culturels semblent perdre leur relief et, à force de répétition, leur capacité à toucher, émouvoir et provoquer chez le lecteur ou l’observateur le punctum, ce détail choc qui pique l’œil (R. Barthes, La Chambre claire. Note sur la photographie). Comment trouver « la PPDM », cette « plus petite différence marginale » (J. Baudrillard, La Société de consommation) qui permettrait de satisfaire notre besoin de différentiation ?       

Et pourtant, comme le souligne Angela Mc Robbie (Postmodernism and Popular Culture), c’est là que réside la ruse de la culture populaire : « phénomène superficiel volontaire », elle se concentre sur la « surface », parodiant délibérément les significations pour les rendre accessibles au plus grand nombre. Ce mépris revendiqué du détail est en fait un mépris de surface, et amène donc à se questionner sur la définition, la fonction et la place du détail dans nos sociétés post-industrielles où les modes de production et de consommation, d’être, de paraître et de penser, semblent de plus en plus routiniers et comme nivelés, normés, et homogénéisés.

En effet, au sein même de cette culture populaire souvent associée à la seule culture de masse, apparaissent, subsistent des espaces, des vides, des interstices et « points d’intersection » (S. Hall, « Notes on Deconstructing the Popular ») entre les formes culturelles qui représentent autant de défis pour les groupes minoritaires et mouvements « alternatifs » et les sociétés. Car la culture populaire est, en bien des aspects, une culture du détail, du microscopique, du particulier et des aspérités. Il convient donc d’examiner d’un peu plus près ces « petits mondes » et points d’intersection. Penser le détail dans la culture populaire c’est par conséquent réfléchir aussi aux rapports, fluctuants et loin d’être antinomiques, entre stéréotype et détail, marginalité et normativité, nécessaire et superflu, personnel et collectif, subjectif et objectif, métonymique et métaphorique. On pourra, par exemple, interroger :

  • La place et l’utilisation du détail, du microscopique, dans l’écriture, les récits, les scénarios, les montages vidéo, les représentations visuelles et matérielles, l’iconographie, et le game design des œuvres de la culture populaire (science-fiction et autres imaginaires, jeu de rôle, statuettes de collection, vidfans, séries, etc.),
  • Le rapport entre le détail, les industries culturelles et la production sérialisée, ou le rapport ambivalent entre stéréotypes et détails,
  • La consommation de masse et ses pratiques (junk food, binge watching, etc.) et les pratiques qui se veulent anticonsuméristes visant une sélection et un tri rigoureux (slow food, recyclage, bricolage, DIY, etc.), renvoyant à la dichotomie « stratégie » (des plus forts) vs. « tactique » des faibles (De Certeau),
  • L’invisible et le moins visible, les formes culturelles se revendiquant non commerciales, ou la façon dont les pratiques et mouvements « marginaux », atypiques, et moins commerciaux participent à développer, renforcer ou au contraire, critiquer et rejeter les processus économiques, culturels et politiques des sociétés contemporaines,
  • Les différentes perceptions et représentations de ce qui fait/est détail en fonction des publics, des formes et pratiques culturelles envisagés,
  • Le genre et l’évacuation des différences : égalité des sexes ou revendication de la différence, « valence différentielle » des sexes (F. Héritier), etc.,
  • Ce qui fait encore « détail » dans nos pratiques académiques : fractionnement des disciplines en sous-disciplines autonomes vs. interdisciplinarité, etc.
  • Théorie de la culture populaire : la culture populaire comme « phénomène superficiel », comme mépris de surface du détail.

Les interventions peuvent se faire indifféremment en français ou en anglais, avec une préférence pour l’anglais quand cela est possible.

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Les propositions (entre 300 et 500 mots) et une courte biographie seront à envoyer conjointement à Danièle André (daniele.andre@univ-lr.fr) et Elodie Chazalon (elodie.chazalon@univ-lr.fr) pour le 15 février dernier délai.

Nous rappelons que pour participer au congrès de l'AFEA, les intervenants doivent payer la cotisation à l'AFEA et l'inscription au congrès.