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Congrès annuel de l'AFEA :

Congrès annuel de l'AFEA : "Discipline et indiscipline : Atelier Culture Populaire"

Publié le par Université de Lausanne (Source : Danièle André)

Congrès annuel de l'AFEA : "Discipline et indiscipline : Atelier Culture Populaire. Danièle André and Charles Joseph"

Une discipline très indisciplinée: de nombreux défis pour les études sur les cultures populaires (USA-Canada anglophone)

Se demander en 2018 quels sont les buts des études sur les cultures populaires, et ce qu’elles représentent, pose la question de leur identité même et de leurs relations ou parenté avec d’autres champs d’études auxquels, parfois, elles s’associent, ou qu’elles englobent, pour créer un nouvel objet d’études. Alors, il est nécessaire d’aborder la discipline sous l’angle de l’hybridité, de l’évolution perpétuelle, de l’ancrage dans une dynamique multi-, inter- et trans-disciplinaire, qui font de son caractère indiscipliné son élément le plus définitoire.

En outre, et même à cause de cette spécificité, l’analyse des objets de la culture pop est aussi le lieu de s’interroger sur la norme et le pouvoir de la discipline qui contraignent la culture et les arts à correspondre à certains canons, ou qui limitent la diversité à des étiquettes. Tel est par exemple le cas de l’opposition entre haute et basse cultures, entre music pop et opéra, ou entre sciences dures et sciences molles, etc. Mais il y a plusieurs niveaux de lecture des objets de la culture pop car ils s’adaptent au plus grand nombre et ainsi ils sont justement un mélange d’éléments disparates de la société. Parce que la pop culture est une réaction à la manière dont les gens se perçoivent et perçoivent la réalité qui les entoure, il sera toujours nécessaire de l’appréhender à travers des cadres théoriques qui devront s’adapter en permanence aux objets, mais aussi aux lieux et époques d’apparition de ces derniers. La culture pop étant indisciplinée par essence, les études la concernant doivent nécessairement posséder une caractéristique similaire tout en essayant de conserver une rigueur scientifique.

Les productions de la culture pop remettent tout à la fois en question cette fragmentation et cette représentation de la société à travers leur diversité et leur capacité à mélanger différents arts et médias.  Peut-être qu’il n’y a aucune limite à ce que la culture pop peut faire précisément parce qu’il n’existe aucune définition exacte du champ de recherche auquel elle est associée. La culture populaire est définie par l’absence de discipline, ou plutôt par sa nature indisciplinée qui fait d’elle ce qu’elle est : un objet indéfinissable qui met en question la société dans ses dysfonctionnements en montrant combien cette dernière peut être ébranlée ou malade (à travers des romans, des comics, des séries télévisées, des jeux, etc.). La culture pop peut aussi être utilisée par le système sur lequel elle repose (une économie capitaliste) ou l’utiliser et reproduire le même pour vendre en grande quantité, ou ne faire que quelques copies pour faire monter les prix. Le dernier coup de Bansky en est un parfait exemple : pendant la vente aux enchères de « la fille au ballon », la toile s’autodétruit en partie. Ce geste avait pour but de critiquer le marché de l’art et de montrer combien l’art et l’argent son éphémères, mais l’événement a rendu cette toile encore plus unique et a fait augmenter sa valeur. Ainsi, les œuvres de la culture pop font sens non seulement par ce qu’elles disent, montrent, par les sujets qu’elles abordent, mais aussi parce qu’elles font partie d’un système économique auquel elles ne semblent pas pouvoir échapper, et encore moins subvertir.

Les communications pourront traiter soit des aspects théoriques de « discipline-indiscipline- sans discipline » et/ou des contenus des objets de la culture pop en ce qu’ils critiquent « la loi et l’ordre », « la norme », « l’autocensure », etc. ou lorsqu’ils plaident pour une absence de règles, la liberté de pouvoir jouer avec elles, etc.

Nous proposons quelques pistes de réflexion, mais elles ne sont pas exclusives :

- la science-fiction (“The Handmaid’s Tale” ou “Westworld” par exemple quand il s’agit de discipline imposée sur une société ou sur certains membres de la société, et de l’indiscipline de certains face à ces normes, etc.), la fantasy, l’horreur (“Halloween”, etc.), l’aventure (“Black Sails”)

- les comics (“Sin City”, “My So-Called Secret Identity”, “Deadpool”, etc.)

- les jeux (jeux-vidéo, jeu de rôle sur table avec des jeux qu’il faut jouer selon les règles, ou les nouvelles formes qui demandent aux joueurs de s’émanciper des règles et d’inventer l’histoire)

- l’art urbain (les arts de la ville qui critiquent la société, mais aussi ceux utilisés à présent pour décorer les murs de la ville) 

- la musique (punk, rap, …. Ou comment certaines formes musicales sont nées et ont été utilisées à travers le temps pour aller contre la norme ou pour s’en libérer)

- les sports (où l’autodiscipline est nécessaire mais où les sportifs peuvent aussi exprimer leur indiscipline à l’égard de problèmes sociétaux, par exemple le joueur de football américain Colin Kaepernick qui s’est agenouillé pendant que l’hymne national était chanté pour protester contre les brutalités policières, etc.)

 - la littérature (en faisant exploser les canons de l’écriture (des pages blanches, des mots qui dessinent des motifs, des phrases déconstruites, de nouvelles langues (Newspeak)…)

-  les pièces de collection et le consumérisme des franchises

-  les récits transmedia (Buffy saisons 8 à 11 en comic books, Richard Kelly’s Southland Tales, etc.)

- la pop culture des Natifs Américains, etc.

Dans une perspective transdisciplinaire, l’atelier est ouvert à toutes les approches qui permettront de comprendre les questions soulevées.

Les propositions (entre 300 à 500 mots environ) pourront mettre en avant conjointement différents champs d’études, de cadres théoriques et d’approches. Elles sont à renvoyées conjointement à Danièle André (daniele.andre@univ-lr.fr) et Charles Joseph (charlesjoseph@outlook.fr) pour le 28 janvier 2019.

NB : pour présenter une communication, il faut être membre de l’AFEA (environ 60 euros d’inscription) et payer son inscription au congrès (aussi autour de 60 euros).