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 Conférences hybrides : dispositifs et scénographies de la parole artistique (Rennes)

Conférences hybrides : dispositifs et scénographies de la parole artistique (Rennes)

Publié le par Marc Escola (Source : Université de Rennes 2)

 Conférences hybrides : dispositifs et scénographies de la parole artistique

Date : jeudi 24 mars 2016

Responsabilité et organisation : Laurence Corbel, Université de Rennes 2, APP (Arts : Pratiques et poétiques)

Cette journée d’étude s’inscrit dans le prolongement du colloque «  Conférences d’artistes : entre fiction théorique et geste artistique » organisé en février 2013 à l’université de Rennes 2 en partenariat avec le musée de la danse, l'EESAB-site de Rennes et le Frac Bretagne et sera prolongée par un colloque prévu en 2017.

Consacrée aux dispositifs et aux scénographies qui accompagnent les conférences performances, cette journée d’étude se propose de prendre en compte les diverses hybridations des interventions artistiques qui s’emparent de la conférence comme d’une forme, présentant ainsi des alternatives aussi bien au format académique qu’à certaines formes artistiques telles que le film ou l’exposition. Le regain d’intérêt pour la conférence dans le champ artistique s’accompagne, en effet, d’une diversification de ses formes où se juxtaposent et s’entremêlent des composantes, des matériaux et des médiums multiples à l’instar des conférences dansées (Fanny de Chaillé, Ezster Salamon, Noé Soulier), des conférences-vidéo (Kapwani Kiwanga, Rabih Mrouhé) ou des conférences-diaporama (Pierre Leguillon, Till Roeskens). Ces conférences intermédiales font ainsi cœxister l’exercice de la parole avec le geste, le son, l’image à travers des dispositifs, des scénographies où sont associés des archives, des documents, visuels ou sonores, des objets. À l’intersection de pratiques académiques et artistiques, elles mêlent des registres hétérogènes qui s’apparentent parfois au montage ou au collage, participent au renouveau du format de la conférence, inventent des formes de savoirs inédits et d’autres modes de transmission.

Seront privilégiés les axes de réflexion suivants :

1/ Le premier axe portera sur la façon dont le discours s’expose, se met en scène et se rapproche ainsi de la forme théâtrale. Ces conférences hybrides, qui ne se réduisent pas à la seule forme de l’oralité du discours, débordent le cadre de la simple lecture d’artiste par les dispositifs – entendus comme agencement d’éléments hétérogènes à l’intérieur d’un ensemble – ou les scénographies qu’elles mettent en œuvre. On étudiera comment les gestes, images, schémas, maquettes, films, documents, archives visuels ou sonores auxquels elles sont adossées, transforment leur régime d’énonciation et leur logique discursive, qu’elle soit thétique, argumentative, narrative. On pourra aussi considérer les différents contextes d’implémentation (lieux, cadres spatio-temporels, décors etc.), les jeux d’adresse, parties intégrantes du dispositif, pour montrer comment ils infléchissent le format de la conférence et analyser de quelles façons son texte-source, plus ou moins improvisé, est lu, récité, déclamé ou mis en scène.

2/ Il s’agira aussi de questionner le champ élargi de ces conférences performées voire performatives qu’on appelle aussi performances didactiques. Quels sont les enjeux propres à ces hybridations ? Que produisent les écarts et les déplacements opérés par ces conférences souvent discrépantes qui créent des effets de dissonance, de discordance entre les différents éléments ou médiums qu’elles agencent et comment font-ils "dérailler" les formes du discours académiques ? Discours performé et autorisé voire discours d’autorité, la conférence académique s’inscrit dans une logique de transmission qui se traduit le plus souvent dans une relation asymétrique. Ces conférences hybrides déplacent-elles les positions des publics et des spécialistes, engagent-elles d’autres formes de transmission ? Comment détournent-elles les rituels de la conférence et perturbent-elles les codes de la lecture académique et universitaire ? L’oralité est-elle affectée par ces effets d’hybridation ?

3/ Si la conférence hybride présente une identité fluctuante, apparentée à la performance, il importe aussi de prendre en compte sa spécificité qui est de produire et de transmettre des savoirs, de proposer un régime didactique où la théorie et la pratique artistiques trouvent des modes d’articulation spécifiques. La conférence hybride apparaît alors comme le terrain d’une certaine expérience du discours et surtout comme une expérimentation de ses opérations, de ses outils. Considérée sous cet angle de l’expérience, qui instaure comme l’indique son étymologie (ex-peri) un rapport de mise en jeu et de dépassement de ses limites (celles de son domaine d’origine en particulier), la conférence doit se comprendre dans ce mouvement par lequel elle se déplace, s’ouvre à de nouveaux territoires. La conférence se donne alors comme une expérimentation au double sens, d’abord étymologique, du franchissement des frontières et d’une recherche qui relèverait de la recherche en art – ou par l’art – ou de la recherche sur l’art que l’on pourra identifier et analyser.

Les propositions sont à envoyer avant le 10 février 2016 sous la forme d’un résumé de 350 mots maximum, accompagné d’une courte bio-bibliographie à l’adresse suivante : conferenceshybrides@gmail.com.