Conférence-débat avec Michèle Gally : Le bûcher des Humanités ou les égarements fatals de la "modernité"

Conférence-débat organisée par Le Kiosque Citoyen

18h30, Espace Ouest-France, 38, rue du Pré-Botté. Rennes.

Michèle GALLY

Agrégée de lettres classiques, ancienne élève de l'ENS de Fontenay, Michèle Gally est actuellement maître de conférences à l'Ecole normale supérieure lettres et sciences humaines.

« Le bûcher des Humanités ou les égarements fatals de la "modernité" »

« Humanités « est un mot désormais difficile à employer. Mieux même. Un mot en voie de disparition, en quelque sorte "hors-la-loi" comme le prédisait Clavino pour toute la littérature. « Humanitaire » est mieux porté mais c'est autre chose et l'un n'empêche pas l'autre. Normalement. On parlait autrefois de « classes d'humanités », le terme
est vieilli et il faut le remplacer mais faut-il éliminer au nom d'une "modernité" devenue un slogan plus qu'un concept ce qu´il désignait ?

Les "Humanités", en effet, engagent l'homme, des valeurs liées à un savoir. Les trouver inessentielles mérite au moins discussion.

Ce livre montre comment on assiste à une marginalisation progressive de ces disciplines, ouverte ou insidieuse, et essaye d'en comprendre les raisons dans le contexte culturel, éducatif et idéologique actuel. Longtemps apanage et outil de l'élite sociale et politique, prises en otage par l'Eglise via le latin, les langues antiques, qui forment le socle des "humanités" sont désormais libres, plus que tout autre discours, de tout attache avec les pouvoirs religieux ou politiques. Il faut en faire le ferment d'une résistance à l'air du temps de plus en plus aliénant, le lieu d'une liberté d'esprit parce que précisément elles sont "non modernes". Couplées avec la littérature qui en est scolairement issue, ces lettres sont à envisager comme une formation et un savoir fondamentaux, qu'il faut donner largement à tous au sein d'une démocratie dont l'idée européenne fut forgée dans l´Antiquité.

On portera le soupçon sur les tentatives diverses de les dévaloriser pour les éliminer,parfois en se servant de leur conflit latent avec les sciences humaines, tentatives évidentes dans les conditions d'horaires faites à leur apprentissage et les graves menaces qui pèsent sur la filière L des lycées, plus sournoises dans le reproche
qui leur est porté d'être "inutiles".

C'est donc à reconsidérer aussi des clivages trop simples que cet essai invite - tradition/modernité ; élitisme/démocratie ; connaissances/liberté de pensée...- pour permettre une éducation de qualité.


Michèle GALLY

Le bûcher des humanités.

Le sacrifice des langues anciennes et des lettres est un crime de civilisation !

Editions Armand Colin, 20,50€.