Questions de société
Communiqués et motions de la 7e Coordination Nationale des Universités (23/03/09) + Le Monde:

Communiqués et motions de la 7e Coordination Nationale des Universités (23/03/09) + Le Monde: "La Coordination nationale des universités menace le gouvernement"

Publié le par Bérenger Boulay (Source : SLU)

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- Communiqués et motions de la 7e Coordination Nationale des Universités, réunie à Strasbourg le 23 mars 2009

- "La Coordination nationale des universités menace le gouvernement", Le Monde, 23/03/09

Communiqué et motions de la 7e Coordination Nationale des Universités, réunie à Strasbourg le 23 mars 2009


Communiqué du matin

Alors que depuis 2 mois, l'université et la recherche sont en grève, le gouvernement n'a réagi que par le mépris, les manoeuvres et la répression. Il n'a donné satisfaction à aucune de nos revendications, faisant de l'enseignement supérieur et de la recherche un des laboratoires de sa politique destructrice de l'éducation nationale et de la fonction publique.

La CNU prend à témoin l'opinion publique de l'attitude du gouvernement et de son refus d'offrir les conditions nécessaires à l'ouverture de réelles discussions. Valérie Pécresse a une nouvelle fois montré son mépris ce matin sur France 2 en sommant les universitaires d'organiser le rattrapage des cours. Cette surdité fait ainsi porter l'entière responsabilité de la radicalisation du mouvement sur le gouvernement.

Nous ne demandons pas à Valérie Pécresse et à Xavier Darcos de reculer mais d'avancer en retirant leurs projets.

Tous dans la rue les 24 et 26 mars !

Communiqué du soir

Réunie à Strasbourg ce lundi 23 mars 2009, laCoordination Nationale des Universités tient à rappeler les conditionsincontournables pour sortir de la crise qui secoue depuis de longs moisle monde universitaire : le retrait du décret statutaire, le retrait dudécret sur la mastérisation, le retrait du contrat doctoral unique,l'arrêt du démantèlement des organismes de recherche ainsi que desengagements clairs en matière d'emploi statutaire. Elle invite toutesles organisations syndicales à se montrer intransigeantes sur cespoints qui sont indissociables, à ne pas se satisfaire de promesses etde demi-mesures, à n'accepter aucune négociation partielle. Leurcrédibilité serait gravement compromise pour le futur s'ils devaientdéroger à cette règle.

Les véritables finalités des réformes et del'orientation générale de la politique éducative, universitaire et derecherche suivie depuis 2006/2007, sont à présent connues de tous. Ils'agit :

  • de la dégradation programmée des contenus disciplinaires, de la culture générale et des humanités ;
  • de la destruction de la fonction publique d'Etat dans l'enseignement,par l'extension du recours à l'emploi précaire et par ladéconcentration locale du recrutement et de la gestion des carrières,desquelles résulteraient une perte d'autonomie et une moindreprotection des personnels, notamment administratifs et techniques.
  • de la libéralisation du « marché » de l'enseignement supérieur et de larecherche, où le secteur privé, commercial ou religieux, serait invitéà venir prendre des parts supplémentaires, en droite ligne desrecommandations de l'OCDE.

Cette politique rejoint celle actuellement appliquée àl'Hôpital et menace selon le rapport Le Bris de nombreux autressecteurs de la fonction publique, au point de mettre en danger tout lepacte social républicain, fondé avant 1914 et renouvelé en 1945.L'opinion publique doit en prendre conscience.

Les conséquences en seraient dramatiques pourl'ensemble de notre système : formation des jeunes et avancement de larecherche. Aussi, la Coordination Nationale des Universitésavertit-elle solennellement le gouvernement : la communautéuniversitaire mesure parfaitement l'importance de ces enjeux et prendratoutes ses responsabilités pour défendre jusqu'au bout la tradition deliberté dont elle est l'héritière.

Valérie Pécresse et Xavier Darcos, qui se sont déjàdisqualifiés comme interlocuteurs par le mépris qu'ils ont manifesté ànotre communauté, doivent partir. Mais au-delà de ces deux ministres,le gouvernement doit savoir que s'il n'entend pas notre colère, c'estsa légitimité même qui sera très bientôt mise en question. LaCoordination Nationale des Universités l'invite donc à abandonner dèsmaintenant toutes ces réformes et à s'engager sur l'abrogation de laloi LRU et du pacte pour la Recherche, avant que l'état de désordreactuellement installé dans l'université ne soit irréversible, avant,tout simplement, qu'il ne soit trop tard.

Motions adoptées par la 7ème Coordination Nationale des Universitésréunie le 23 mars 2009 à Strasbourg

Dans la perspective de la continuation du mouvement dela communauté universitaire, la Coordination Nationale des Universitésappelle à l'intensification des actions. Face au mépris dugouvernement, nous n'avons plus d'autre choix que de durcir notremouvement.

La Coordination Nationale des Universités confirme sonappel aux journées « RPG » selon les modalités définies dans la motionn°1 votée aujourd'hui à Strasbourg.

La Coordination Nationale des Universités appelle lesuniversités à mandater leurs délégués afin de lui permettre de prendreles décisions qui s'imposent lors de sa prochaine réunion pour assurerles meilleures conditions de la prise en compte du second semestreuniversitaire pour les étudiants.

La Coordination Nationale des Universités appelle lesuniversitaires à suivre le mot d'ordre de démissions des fonctionsadministratives de la 4ème Coordination Nationale des Universités deParis X - Nanterre.

La Coordination Nationale des Universités appellel'ensemble des coordinations et collectifs, organisations et sectionssyndicales à interpeller publiquement et par tous les moyens les éluset les candidats aux prochaines élections. Elle appelle également às'adresser aux institutions européennes, en rappelant notamment lerendez-vous du contre-sommet de Louvain les 28 et 29 avril.

La Coordination Nationale des Universités en appelleaux médias pour dénoncer les manoeuvres dilatoires du gouvernement etprend à témoin l'opinion publique sur sa manière révoltante de gérer lacrise du monde de l'éducation et de la recherche.

La Coordination Nationale des Universités souhaite uneréelle convergence des mouvements de contestation de la maternelle àl'université, en lien étroit avec la recherche et le secteur privé, àtravers notamment l'organisation de nombreux forums sociaux contre lacasse du service public.

Motion n°1 : Proposition de motion d'action partageable RPG

La Coordination Nationale des Universités, suite à laproposition d'action dite « RPG » (Rectorats, Péages, Gares) votée lorsde sa réunion à Dijon le 16 mars dernier, confirme la programmation desa mise en oeuvre et en définit ainsi les modalités.

1. Constatant la mobilisation historique de tous lessecteurs professionnels lors de la journée du 19 mars, observant à lasuite de nombreuses rencontres et de forum sociaux une convergence deplus en plus forte des revendications, notamment dans le secteurpublic, la Coordination Nationale des Universités appelle les secteursprofessionnels en grève ou en lutte à venir partager avec les étudiantset les personnels de l'éducation, de l'université et de la recherche,trois journées d'actions visibles, les 25, 26 et 27 mars prochain etainsi de suite chaque semaine tous les mercredis, jeudis et vendredis.

2. L'action partageable RPG se donne un calendrier national de trois destinations symboliques :

  • tous les mercredis : les rectorats comme espace des décisions unilatérales et des logiques autoritaires.

Au choix les jeudis et vendredis :

  • les péages autoroutiers et lesgrandes surfaces comme symboles de la marchandisation des savoirs etdes dangers de la privatisation des services publics et del'externalisation des services (tracts, ouverture des barrières etpassages gratuits, cours en grande surface) ;
  • les gares routières et ferroviairescomme symboles de la liberté de la circulation et de la transmissiondes savoirs (tracts, tenues de cours ou de mini forum sociaux dans leshalls de gare suivis de die-in ou de sit-in, et plus si affinités).

3. L'action devra être conduite de façon totalement nonviolente, avec un nombre de personnels et de travailleurs suffisantpour ne pas exposer les étudiants, dans une optique qui consistera à nejamais affronter ou provoquer les forces de l'ordre.

La Coordination Nationale des Universités souligne quela réussite de ces trois journées hebdomadaires d'action partageabledépendra de l'effectivité de sa mise en oeuvre et du caractère vraimentcoordonné et national de l'action.

Motion n°2 : Sur le second semestre universitaire

Après avoir provoqué la grève la plus longue del'Enseignement Supérieur et de la Recherche, Valérie Pécresse fait minede se soucier de la tenue des enseignements. Elle avait pourtant unmoyen simple de mettre fin à une colère qui fait l'unanimité du milieuuniversitaire contre ses projets : les retirer tous purement etsimplement.

Quant à nous, enseignants et enseignats-chercheursgrévistes, nous saurons dans chaque université et dans le respect desspécificités disciplinaires trouver les modalités de la tenue du secondsemestre en liaison avec les étudiants et en accord avec les personnelsadministratifs et techniques.

Motion N°3 : Non à la répression

La Coordination Nationale des Universités déclare sonsoutien aux personnes arrêtées dans une extrême violence lors dumouvement de contestation actuel. Nous condamnons la répressionpolicière qui touche de plus en plus de mouvements sociaux. Elledemande la fin des poursuites judiciaires entamées.

Motion N°4 : Soutien aux personnels administratifs et techniques

La Coordination Nationale des Universités soutient lespersonnels administratifs et techniques, BIATOSS et ITA, dans leursrevendications en adoptant la motion qu'ils ont votée lors de leurpremière réunion nationale qui s'est déroulée le 21 mars 2009 àl'université Paris 8 Vincennes – Saint-Denis (voir après le calendrier).

Motion N°5 : Calendrier des actions

  • 24 mars :

* Appel aux syndicats siégeant au CTPU à voter contrele projet de décret statutaire dont nous exigeons le retrait ; appel àun rassemblement massif au lieu de réunion de la CTPU.* Manifestation nationale de la maternelle à l'université ?

  • 25, 26 et 27 mars : « RPG » (voir motion n°1)

* Rectorats.* Péages.* Gares.

  • 26 mars :

* Journée de manifestation nationale avec des déclinaisons locales.* Appel au blocage du CA du CNRS.

  • 28 mars : Suspension des activités de direction des labos (voté le 14 mars).
  • 30 mars : Actions standards téléphoniques et CROUS.
  • 31 mars :

* Cérémonie de non remise des maquettes.* A Paris : Manifestation de chez Valérie Pécresse à chez Xavier Darcos, pour la non remontée les maquettes.

  • 1er avril :

* Journée des Rectorats.* Remise des démissions administratives aux recteurs.* Actions vers l'interprofessionnel et l'intercatégoriel (CNE).

  • 2 avril :

* Manifestation nationale à Paris * Journée BIATOSS et ITA : personnels administratifs et techniques des universités et des EPST en tête des cortège * Journée nationale de blocage.

  • 3 avril : Nuit des écoles et des universités (occupation nocturne et festive simultanée de toutes les écoles et universités).
  • 6 avril : 8ème Coordination Nationale des Universités à Paris 3.
  • 8 avril : Manifestations.

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- "La Coordination nationale des universités menace le gouvernement", Le Monde, 23/03/09

Valérie Pécresse et Xavier Darcos, quise sont déjà disqualifiés comme interlocuteurs par le mépris qu'ils ontmanifesté à notre communauté, doivent partir", estime la Coordination nationale des universités (CNU) dans un communiqué adopté lundi 23 mars, en fin de soirée. "Maisau-delà de ces deux ministres, le gouvernement doit savoir que s'iln'entend pas notre colère, c'est sa légitimité même qui sera trèsbientôt mise en question", ajoute la CNU.

La Coordination demande au "gouvernement[de] s'engager sur l'abrogation de la loi LRU et du pacte pour larecherche, avant que l'état de désordre actuellement installé dansl'université ne soit irréversible, avant, tout simplement, qu'il nesoit trop tard". Pour sortir de la crise, la CNU rappelle les "conditions incontournables"exigées : le retrait du décret statutaire, le retrait du décret sur lamastérisation, le retrait du contrat doctoral unique, l'arrêt dudémantèlement des organismes de recherche ainsi que des engagementsclairs en matière d'emploi statutaire.

La CNU affirme qu'elle refuse les finalités desréformes et de l'orientation générale de la politique éducative,universitaire et de recherche suivie depuis 2006/2007, qui entraînent,selon elle, "la dégradation programmée des contenus disciplinaires, de la culture générale et des humanités", "la destruction de la fonction publique d'Etat dans l'enseignement" et la libéralisation du marché de l'enseignement supérieur et de la recherche. "Lacommunauté universitaire mesure parfaitement l'importance de ces enjeuxet prendra toutes ses responsabilités pour défendre jusqu'au bout latradition de liberté dont elle est l'héritière", affirme la CNU.

Par ailleurs, toujours à Strasbourg, entre cent et deuxcents étudiants de lettres et sciences humaines ont investi, dans lasoirée, la faculté de droit, dont ils ont barricadé les issues avec deschaises et des tables. L'occupation a été votée à main levée par sixcents voix contre quatre cents, a déclaré un membre de la coordinationétudiante, qui s'apprêtait à passer la nuit sur place avec sescamarades.