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"Comment vivre ensemble ? Tentative d'épuisement d'une utopie"

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Guillaume Bellon)

Séminaire (septembre 2011 – avril 2012) Centre É.CRI.RE / TRAVERSES 19-21 Université Stendhal-Grenoble III   « Vivre ensemble » : tentative d’épuisement d’une utopie (organisé par Guillaume Bellon et Pauline Vachaud)    

« Vivre ensemble » : l’expression traverse les discours de notre temps. Elle est devenue le slogan apposé aux interrogations parfois vives, pourtant, de la sociologie, de la politique ou de la psychologie. La pensée de Barthes n’est sans doute pas étrangère à l’incroyable fortune de cette expression ; et c’est précisément à la réflexion qu’il mène dans le Comment vivre ensemble (son enseignement de 1977 au Collège de France) que nous voudrions revenir. Car le sous-titre du cours : Simulations romanesques de quelques espaces quotidiens, invite à considérer d’abord la question à la lumière des modèles de vie à plusieurs que la littérature met en jeu. C’est ainsi la force de suggestion de la fiction qu’il faut interroger, dans sa capacité à proposer des formes inédites de réunion d’individus. Plus encore, c’est le fantasme d’idiorrythmie qui intéresse Barthes – c’est-à-dire la quête d’une « solitude interrompue de façon réglée », la définition d’un mode de réunion des individus qui ne forme pas « groupe ». Être ensemble, et vivre cette réunion, demande en effet d’éviter les écueils de la grégarité du troupeau comme ceux de l’uniformisation du groupe. Penser ses risques, en mesurer les implications éthiques, invite à tenir à distance toute approche euphorique – et forcément réductrice – du problème : l’idée de collectivité, son « fantasme » dirait Barthes, emporte également les fantasmes inverses (liés à la réclusion, la claustration des individus, leur asservissement ou leur acculturation). Proclamer le « vivre ensemble » est chose plus complexe qu’il n’y paraît, et nous sommes là bien loin de la simple incitation au mieux-vivre communautaire.   Dès lors est-il sans doute urgent – à tout le moins nécessaire – de reprendre le travail de Barthes. Les oeuvres évoquées dans le cours – Robinson Crusoe, Pot-Bouille, La Montagne Magique, La Séquestrée de Poitiers – comme d’autres tout aussi remarquables au regard de cette question, méritent qu’on s’en saisisse ou ressaisisse. Les intervenants, littéraires ou philosophes, tous redevables, dans leur recherche, de la pensée de Barthes, ne s’en montrent pas prisonniers, et veulent interroger les possibles limites d’un héritage, certes incontournable, mais qu’il y a lieu, sans doute, de prolonger activement. C’est là répondre au voeu du professeur lui-même, lorsqu’il laissait entendre, lors de la dernière séance du cours, n’avoir ouvert qu’un « dossier maigre », et invitait son auditeur à le prolonger : « on dessine des cases ; à remplir ultérieurement et/ou par chacun d’entre nous ». C’est à ce complément, depuis les coordonnées qui sont les nôtres, que nous souhaiterions travailler.    

 

CALENDRIER DES SÉANCES  

19 octobre 2011 – Claude COSTE, Grenoble III « Roland Barthes, impossible vivre-ensemble ? »  

30 novembre 2011 – Yves CITTON, Grenoble III « Pour une rythmanalyse politique »  

14 décembre 2011 – Cécile MAHIOU, Paris I Panthéon-Sorbonne  « Vivre-ensemble, mode d’emploi : Perec »

11 janvier 2012 – Laetitia GONON, Paris III Sorbonne Nouvelle « Communautés de lecteurs dans la littérature naturaliste (Zola, Maupassant,, Goncourt) »

8 février 2012 – Marielle MACÉ, CNRS « Autour des "règles de vie" : Barthes, Foucault, Agamben »

14 mars 2012 – Catherine LANGLE, Grenoble III « Les marges du siècle : exemples du repli féminin dans la littérature de Mme de Lafayette à Justine Guillery »

4 avril 2012 – Pauline VACHAUD, Grenoble III « La communauté des fous »

25 avril 2012 – Guillaume BELLON, Grenoble III / UQAM « Ensemble, mais pourquoi ? Le cas Bouvard et Pécuchet »