Questions de société
Colmar: les lycéens manifestent, le maire leur coupe les subventions (LibéStrasbourg 31/03 - Rue 89 02/04/09)

Colmar: les lycéens manifestent, le maire leur coupe les subventions (LibéStrasbourg 31/03 - Rue 89 02/04/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Sur Rue 89, le 02/04/09:

Colmar : le maire fouettard prive de voyage les lycéens rebelles

Le 23 mars, Michel Schelcher-Beyer, proviseur du lycée Camille-Sée à Colmar, a reçu un courrier assez gratiné du maire de la ville, que Rue89 s'est procuré.

Dans cette lettre, Gilbert Meyer, l'édile UMP, condamne les« dérives pas acceptables » dont se seraient rendues coupables « ungroupe de lycéens relevant de [son] établissement », qui se serait« distingué par son comportement et ses slogans contre la police et legouvernement ».

L'élu fait référence à la manifestation du 19 février, durant laquelle des lycéens de la ville ont manifesté. C'est la suite de sa lettre qui interpelle surtout : 

« La collectivité ne peut rester indiférrente à ces comportements qui ont dû vous interpeller de la même façon.

Aussi dois-je vous informer que la ville de Colmar ne subventionneraplus les déplacements des groupes d'élèves du lycée Camille-Sée, pourla suite de l'année scolaire 2008/2009. »

Trois voyages scolaires pourraient passer à l'as

Stupeur et tremblements, quand la lettre atterrit sur le bureau duproviseur ? Pas vraiment : on est vendredi soir et MichelSchelcher-Beyer se donne le week-end pour « le temps de la réflexion ».Il faut dire que, comme le dit lui-même ce salarié de l'Educationnationale qui n'aurait « pas eu l'idée d'aller à la manifestation »,« les relations sont excellentes avec la municipalité ».

Sauf que quand la municipalité décide de couper les crédits aubahut, ça implique que trois voyages scolaires prévus en Irlande duNord, en Allemagne et à Venise risquent de passer à l'as d'ici la finjuin.

Les lycées relevant de la région, c'est seulement pour les voyagesscolaires que la ville participe financièrement. Le proviseur deCamille-Sée se fend donc d'une lettre au maire, à qui il dit « sa peine et sa colère ».

« Incivilité et vandalisme exigent que nos rangs soient denses »

Mais loin de plaider pour ses ouailles, il souligne au contraire « l'image extrêmement négative que donnent aujourd'hui certains manifestants ». Il plaide : 

« Cette image extrêmement négative ne doit pas nousconduire à conclure par un constat d'échec : on y verrait justement unepreuve de faiblesse, une expression de découragement […]

Ici l'incivilité, là le vandalisme exigent que nos rangs soientdenses. La force de l'engagement, Monsieur le Maire, part d'un constatque vous partagez avec nous : notre jeunesse est fragile etvulnérable. »

Et plus loin : « Au-delà du Landernau, des rubriques et deszappings, il est des priorités impérieuses face auxquelles je vois envous un allié. »

Fatal flatteur ? Drôle de contre-attaque, en tous cas, pour celui àqui on vient de couper des crédits. D'autant que ce que le proviseuromet de dire, c'est que les lycéens réputés « fauteurs de trouble »le 19 février sont loin de venir tous de ce lycée. Plusieurstémoignages d'internautes nous avaient alertés de cette erreur, et lechef d'établissement nous a lui-même confirmé l'info.

Colmar compte au total trois lycées, mais d'autres grappes d'élèvesde la région s'étaient aussi rassemblées dans la ville, venant desalentours. Or c'est seulement Camille-Sée que le maire a sanctionné enarguant, par communiqué interposé, en ces termes : 

« Faut-il que les impôts des agents soient utilisés dansdes actions dont les bénéficiaires, publiquement et dans la rue,prennent ces mêmes agents pour des moins que rien, en les traitant dela sorte ?  »

Le maire a reçu une délégation du lycée mais maintient la sanction

Le maire de Colmar n'a pas donné suite à nos demandes d'interview.En revanche, mercredi soir, il a bien reçu la délégation deCamille-Sée, lycée de 1 350 élèves dont le proviseur avait emmené aveclui « des élus du conseil d'administration mais pas les professeursprovocateurs qui tirent les marrons du feu ».

Chou blanc : le maire n'a pas fait marche arrière sur ses sanctionsfinancières. Il en a quand même profité, au passage, pour exiger que leproviseur signe noir sur blanc par écrit qu'il partage « le caractèreprofondément déplorable et inacceptable des débordements » du 19février.

Le chef d'établissement ayant bien voulu nous envoyer par fax lalettre, datée de ce mercredi, Rue89 a pu constater qu'il s'étaitexécuté.

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31/03/2009 Colmar: les lycéens manifestent, le maire leur coupe les subventions

http://libestrasbourg.blogs.liberation.fr/actu/2009/03/colmar-les-lyce.html

Lemaire UMP de Colmar Gilbert Meyer, qui a peu apprécié le comportementd'un groupe d'élèves du lycée Camille Sée lors d'une manifestation le19 mars, a privé l'établissement des aides destinées aux voyagesscolaires.

Michel Schelcher-Beyer, proviseur de ce lycée de 1.360 élèves, aconfirmé la sanction mais n'a pas souhaité faire de commentaires. Il atoutefois indiqué avoir répondu «sur le fond» à Gilbert Meyer auprès duquel il dit avoir sollicité une «entrevue».

Dans un communiqué diffusé en fin de matinée, l'élu fustige «l'agressivité de certains lycéens» vis-à-vis depoliciers nationaux et municipaux pendant la manifestation, organiséedans le cadre de la journée de mobilisation nationale et qui avaitréuni entre 1.700 et 2.500 personnes à Colmar, dont 400 lycéens.

Selon l'élu, «des lycéens de Camille Sée ont vulgairement traité ces agents de tous les noms d'oiseaux».
«Faut-ilque les impôts (payés aussi par ces agents) soient utilisés à desactions dont les bénéficiaires, publiquement et dans la rue, prennentces même agents pour des moins que rien, en les traitant de la sorte?», s'interroge Gilbert Meyer pour qui ce «débordement (...) n'est pas acceptable».

L'élu avait fait part de sa décision au proviseur dans un courrier daté du 23 mars. Il y évoque «un groupe de lycéens» de Camille Sée qui «s'est distingué par son comportement et ses slogans contre la police et le gouvernement» lors de la manifestation colmarienne.

Selon les Dernières nouvelles d'Alsace, qui évoquentl'affaire dans leur édition de mardi, les lycéens auraient manifestésans incidents contre la réforme Darcos avant de rallier lamanifestation unitaire en fin de matinée.

«L'itinéraire de la manifestation initialement prévu n'a pas été respecté»
et «une trentaine de lycéens s'est maintenue un certain temps place dela Gare, malgré l'ordre de dispersion», observe Gilbert Meyer, quisalue l'attitude des policiers qui ont «fait preuve de patience afin d'éviter que la situation ne dégénère».

«Aussi,dois-je vous informer que la ville de Colmar ne subventionnera plus lesdéplacements des groupes d'élèves du lycée Camille Sée, pour la suitede l'année scolaire 2008/2009»,
conlut le maire.

Selon les DNA, trois voyages de fin d'année en Italie, Allemagne et Irlande feraient les frais de cette sanction.