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Colloque Proust -

Colloque Proust -"Surprises de la Recherche"

Publié le par Baptiste Roux (Source : Tristan Legagneur)

Université Paris 7 Denis-Diderot Ecole doctorale « langue, littérature, image » et centre Roland-Barthes Jeudi 27 et vendredi 28 mai 2004, de 10 à 18 heures amphithéâtre 24, 2 place Jussieu, 75005 Paris - 01 44 27 63 71

Jeudi 27 mai 2004

Matinée 10h00 -

Propos d'ouverture : Raymonde Coudert.

10h15 - Nathalie Mauriac Dyer : « Pour une typologie de la surprise proustienne ». « La tragédie doit produire un effet de surprise », écrivait Aristote. On éprouvera la pertinence de quelques-unes de ses catégories pour l'examen de la poétique proustienne dans la Recherche.

10h45 - Stéphane Chaudier : « Politique de Proust". Grandeur du politique chez Proust : la liberté individuelle se construit contre le moi, lequel aspire à l'empathie de l'esclave avec les chaînes de sa servitude. Tout autant que la radicalité, le conformisme, l'adhésion à l'ordre injuste des choses, peuvent prétendre à une forme d'intelligibilité du social, des liens, des tensions, des valeurs qui le constituent. Le destin politique de la liberté de l'individu s'éprouve par une stratégie qui est aussi une ascèse : elle vise à interdire l'adhésion intime du sujet parlant à son énoncé.

11h15 - discussion ; pause.

11h45 - Edward Bizub : « La vision proustienne : entre erreur et hasard ». Il y a des surprises calculées dont certaines sont programmées pour ainsi dire par des « erreurs » véritables ou feintes (selon le point de vue), mais il y en a d'autres qui sont censées arriver « par hasard ». C'est l'imbrication entre ces deux pôles sur le registre stylistique, esthétique, voire métaphysique, qui fera l'objet de cette communication.

12h15 - Francine Goujon : « Surprise du narrateur, surprise du lecteur ». En décalant surprise du lecteur et surprise du narrateur, Proust dessine leurs parcours respectifs à l'intérieur du roman et fait jouer toutes les facettes narratives de la surprise.

12h45 - discussion.

Après-midi

15h00 - Françoise Leriche : « Attention : un train peut en cacher un autre ». De la première phrase de « Combray » aux « réminiscences » du Temps retrouvé, la Recherche est sillonnée de trains, cadres des expériences émotives majeures du héros. Le train est le premier élément du dehors qui vient hanter l'imagination de l'enfant qui s'endort ; c'est l'instrument de la première séparation avec la mère, de la culpabilisante émancipation, des rencontres fugitives ; c'est dans des trains - ou des gares - que le héros assiste à la rencontre de Charlus et Morel, découvre le « passé » trouble d'Albertine, et les dessous de la comédie humaine ; c'est dans un train qu'il se persuade de sa stérilité littéraire, c'est le marteau du mécanicien cognant une roue de ce même train qui, plus tard, éveille sa vocation... Etonnant, non ? D'autant que les avant-textes augmentent le corpus des épisodes ferroviaires.

15h30 - Anne Simon : « Aurores, clairs de lune et autres couchers de soleil : de la persistance du cliché à la déconstruction du panorama chez Proust ». Si certains clichés littéraires et picturaux, tels que aurores, clairs de lune, levers et couchers de soleil saturent la Recherche, il n'en reste pas moins que Proust opère une déconstruction du panorama classique pour mettre au jour un paysage temporalisé et instable, et, peut-être, le contraire d'un paysage (dans ses valeurs usuelles). Soumis aux aléas d'un climat constamment changeant et aux projections fantasmatiques du narrateur, fragmenté par les décompositions perspectivistes d'un sujet qu'emporte une calèche, un train ou une automobile, voire défiguré par les intermittences du temps, le paysage proustien, fondé sur la critique et l'abandon de la vision classique, récuse la notion de spectacle au profit de celle de monde.

16h00 - discussion ; pause.

16h30 - table ronde animée par Marie Miguet-Ollagnier. En écho à la typologie proposée par Nathalie Mauriac, Annick Bouillaguet (les surprises réservées au lecteur par le salon Verdurin : sa réévaluation par Brichot, sa requalification par le pastiche des Goncourt, la métamorphose de Mme Verdurin en princesse de Guermantes), Eric Marty (les trivialités, vulgarités, grossièretés de la Recherche lues comme surprises du récit), et Guillaume Perrier (Rachel, paravent de l'homosexualité de Saint-Loup ? une surprise limite) exposeront leur version de la surprise proustienne. .../...

Vendredi 28 mai 2004

Matinée

10h00 - Bernard Brun : « Rencontre(s) ». Rencontre (s), surprise(s), révélation(s). Ces termes suffisent à définir le roman de Marcel Proust, dans lequel tous les personnages finissent par se rencontrer, tissant une toile romanesque particulièrement serrée, au-delà du principe de vraisemblance. C'est que les personnages ne font que représenter les différentes étapes de l'initiation esthétique.

10h30 - Mireille Naturel : « La double surprise de l'amour et de la connaissance ». Gilberte Swann et Théodore sont pour moi les deux personnages principaux de la Recherche. De ses yeux bleus/noirs à la révélation finale du petit chemin qui relie les deux côtés, Gilberte ne cesse de surprendre le héros. Quant à Théodore, ce n'est que dans Le Temps retrouvé que nous découvrons sa double identité et du même coup son importance fondamentale pour l'oeuvre. Tous deux sont aimés, chacun à sa façon, du narrateur-écrivain et participent à la découverte de l'esthétique. 11h00 - discussion ; pause.

11h30 - Michel Sandras : « La comédie de la soif ». Dans certains épisodes de la Recherche, le Narrateur consomme un certain nombre de boissons. On se propose d'étudier ce phénomène, moins dans une perspective sémiotique (qu'il s'agisse des boissons ou de leurs valeurs de signes dans le domaine moral ou social) que dans leur fonction proprement romanesque. Les boissons jouent un rôle dans certaines situations familiales, intimes ou sociales ; elles révèlent des conflits essentiels : le chagrin infligé à ceux qu'on aime, l'équivoque d'une relation amoureuse, les aberrations apparentes de prescriptions médicales, les contradictions d'une hygiène de vie nécessaire au projet d'écrire. L'ivresse du Narrateur lui sert même de support, plus ou moins sérieux, à une théorie esthétique. Dans la plupart des cas, la consommation des boissons produit des scènes de comédie.

12h00 - Raymonde Coudert : « "Sale(s) bête(s)" et autres animaux proustiens ». La densité animale que Bachelard souligne dans Les Chants de Maldoror n'est en rien comparable avec le personnel animal, plutôt chiche, du roman proustien. On y recense tout de même cent cinquante noms d'animaux, ce qui n'est pas rien ; mais ils sont souvent là pour la galerie, retenus pour des compétences paradoxalement psychologiques, au voisinage de la caricature et du lieu commun. C'est surtout aux « vrais » animaux que je m'attacherai, et à leurs tortueuses convergences vers le spécimen unique de cette espèce énigmatique qui, tour à tour, les distribue dans les personnages du roman, et les absorbe en lui-même : à savoir le Narrateur.

12h30 - discussion.

Après-midi

15h00 - Patrick Hochart : « Dire "Bonsoir" ».

15h30 - Pierre Pachet. « Comment Proust évite la notion d'inconscient". 

16h00 - discussion ; pause.

16h30 - Isabelle Serça : « Les surprises du temps ». Le temps de la Recherche est à proprement parler surprenant. Son élasticité tantôt le ralentit et tantôt l'accélère, déjouant les repères chronologiques. L'écriture du temps sera ici abordée d'un point de vue syntaxique et stylistique, dans le cadre du microcosme de la phrase. Tour à tour pris au dépourvu par un « pour en revenir à », alors qu'il n'avait pas noté qu'il était parti dans une digression, faisant du « surplace » quand le temps du récit ne s'est pas écoulé, déconcerté par un point final inattendu ou une relance inopinée après ce qu'il pensait être la fin de la phrase, le lecteur est happé dans les temps de la Recherche. Et l'on verra que sous l'architecture du « hors temps », le temps retrouvé s'abrite néanmoins dans la phrase même.

17h00 - Julia Kristeva : « Odette hors temps ». Odette, objet des hommes ; Odette, chimère du narrateur ; Odette, à contre-temps de la Recherche : hors temps.

17h30 - discussion.

18h - pot amical, voeux de vacances et de travail.