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Colloque: Pontigny, Royaumont, Cerisy : au miroir du genre

Colloque: Pontigny, Royaumont, Cerisy : au miroir du genre

Publié le par CCIC (Source : Michaël Morel)


PONTIGNY, ROYAUMONT, CERISY : AU MIROIR DU GENRE

(17 et 18 novembre 2006)

 

(Actes parus aux éditions Le Manuscrit)


ARGUMENT :

L'introduction d'une approche par le genre n'obéit à aucun impératif de mode. Si les «gender studies» possèdent un attrait récent indiscutable, en effet, c'est qu'elles contribuent à combler une lacune bien réelle, non seulement en faisant émerger des «oubliées» de l'histoire mais encore en éclairant des zones d'ombre, en renouvelant l'étude des acteurs, en élargissant les problématiques.

Dans le cas de Pontigny-Cerisy, diverses considérations rendent particulièrement justifié le recours à une telle grille de lecture. Certes, la présence des femmes à Pontigny n'allait pas sans débat : «ce lieu sur lequel régnait un sage», affirme Clara Malraux, était nécessairement «réservé à la masculinité», aux yeux de son époux, André, qui se laissa néanmoins convaincre de l'emmener. Elle découvrit, dit-elle, que, si l'on y «acceptait présence des compagnes», leur qualité de «créatures féminines à part entière» était massivement ignorée. Près de trente ans plus tard, à Cerisy en 1955, la situation paraît inchangée, à en croire l'appréciation de Jacques Nantet qui décrit comme une «épreuve» le fait de côtoyer «les bonnes dames auxquelles il fallait faire la conversation». Cette épreuve trouve une heureuse compensation dans la rencontre «avec des hommes remarquables» qui se détachent, dit-il, d'un lot d'une «cinquantaine de figurants et figurantes», concédant au passage que la médiocrité n'est pas forcément sexuée.

Pourtant, ces témoignages - et l'on pourrait en citer d'autres - doivent être questionnés, grâce à la lecture «en creux», selon l'expression de Françoise Thébaud, des archives écrites, orales, et photographiques. N'est-ce pas à Pontigny que se forme Anne Heurgon-Desjardins ? Est-ce par l'intermédiaire exclusif des relations littéraires de son père et de son mari qu'elle a tout appris ? Ou bien ne construit-elle pas son propre univers de référence ? Et ne reçoit-elle pas de sa mère un modèle ? Quant aux Sévriennes élèves de Paul Desjardins, plusieurs d'entre elles ne sont-elles pas devenues pour elle des amies dont le soutien intellectuel et affectif favorisera l'expérience de Royaumont puis l'émergence de Cerisy ? Précisément, la spécificité d'un centre culturel dirigé depuis plus d'un demi-siècle par des femmes mérite une attention particulière, comme anticipant sur la féminisation progressive du milieu intellectuel et universitaire pendant cette période. Est-il vrai que, lors des colloques, la présence féminine se limite à de la «figuration» ? N'est-il pas plus juste de se demander à quel rythme et dans quelles limites intervient la participation des femmes à la direction intellectuelle et aux discussions, des questions indissociables d'une réflexion sur le choix des thèmes ?

Il ne s'agira pas tant d'écrire l'histoire au féminin que de regarder autrement les relations entre hommes et femmes. Femmes intellectuelles ? Pontigny et Cerisy sont au premier chef des lieux de production et de circulation d'idées, et l'on peut ici emprunter la voie tracée par Nicole Racine et Michel Trebitsch dans leur étude du genre en histoire des intellectuels. Intellectuelles et femmes ? Au-delà des débats spéculatifs, le fonctionnement de Pontigny-Cerisy avec ses formes particulières de convivialité au sein d'un foyer mixte mérite d'être interrogé. Femmes d'intellectuels ? La réflexion critique ne pourra pas ignorer certains traits de reproduction des rôles différenciés selon les sexes, ni éluder les phénomènes de relégation ou d'intimidation.

 

PROGRAMME :

Vendredi 17 novembre

14h00 : accueil

14h15 :
- Présentation de la Fondation Royaumont, par Odile Brasset et Nathalie Le Gonidec (Fondation Royaumont)
- Présentation des journées d’études, par Anne-Marie Duranton-Crabol (Centre d’Histoire de Sciences-Po)

Pontigny, présidence : Nicole Racine (CEVIPOF)

14h45 : Les Sévriennes de Paul Desjardins, par Dorica Lucaci (ITEM)

15h30 : Pause

15h45 : Américaines et anglaises à Pontigny, par David Steel (Université de Lancaster)

16h30 : Aline Mayrisch et Andrée Viénot : deux femmes luxembourgeoises à Pontigny, par Gaby Sonnabend (Musée de la Communication de Francfort)

17h15 : Pause puis Visite guidée de l’abbaye

18h30 : Départ de la navette vers la gare de Viarmes (train de 18h57)

19h00 : Dîner

21h00 : Les archives font leur cinéma
Près d’un siècle d’images prises à Royaumont, archives photographiques et cinématographiques, montées, démontées, remontées, par un cinéaste et documentariste, Olivier Chambon.


Samedi 18 novembre

9h45 : Accueil

De Pontigny à Cerisy, présidence : François Chaubet (Université de Tours, Centre d'Histoire de Sciences-Po)

10h00 : Femmes photographiées, femmes photographes à Pontigny, par Claire Paulhan (IMEC)

10h45 : Anne Heurgon-Desjardins : Pontigny, Royaumont, Cerisy, par Nicole Racine

11h30 : Pause

11h45 : Femmes à Royaumont : des témoignages
Alice Gadoffre, Royaumont entre 1947 et 1952
Isabelle Crespelle, Royaumont entre 1957 et 1968

12h30 : Déjeuner

Cerisy, présidence : Laurent Martin (Centre d’Histoire de Sciences-Po)

14h00 : Participation féminine et spécificités de Cerisy, par Anne-Marie Duranton-Crabol

14h45 : Directrices de colloques et conférencières, par Rémy Rieffel (Université Paris II, IFP)

15h30 : Pause

15h45 : Table Ronde : le genre en question, animé par Catherine Espinasse (psychosociologue), avec Mireille Calle-Gruber (Université de Paris III), Françoise Gaillard (Université Paris VII) et Edith Heurgon (CCI de Cerisy-la-Salle)

16h30 : Conclusions, par Rémy Rieffel

17h20 : Départ de la navette vers la gare de Viarmes (train de 17h46)


RENSEIGNEMENT ET INSCRIPTION :

Fondation Royaumont
Nathalie Le Gonidec
Archives et Bibliothèque
95270 Asnières-sur-Oise

Tél. : + 33 / (0)1 30 35 59 88
Fax : + 33 / (0)1 30 35 39 45
e-mail : biblio@royaumont.com
Site : www.royaumont.com

L’abbaye de Royaumont est située dans le Val-d’Oise, à 35 km au nord de Paris, près de Chantilly.

 

La Fondation reçoit le soutien du Ministère de la Culture et de la Communication (Direction de la Musique, de la Danse, du Théâtre et des Spectacles et DRAC Ile-de-France), du Conseil Régional d'Ile-de-France, du Conseil général du Val-d’Oise et de la Commission Européenne.