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Vertiges de la vitesse

Vertiges de la vitesse

Publié le par Marc Escola (Source : ILLE)

COLLOQUE PLURIDISCPLINAIRE INTERNATIONAL

Vertiges de la vitesse

Le laboratoire ILLE de l’UHA propose un colloque interdisciplinaire et international, dans le domaine des Sciences humaines, sur les thèmes de la vitesse, de la mobilité et du mouvement. Ce colloque aura lieu à Mulhouse les 19-21 mars 2015.

Si la vitesse a toujours été d’une grande importance tout au long de l’histoire de l’humanité, le grand nombre de textes littéraires, d’essais et d’œuvres d’art qui lui sont consacrés montrent sa fascination esthétique. Du mythe d’Icare, au paradoxe d’Achille (et de la tortue) de Fast and furious, Odyssée 2000 au plus récent Gravity, la mobilité a toujours attiré les artistes et les écrivains, de sorte qu’on peut postuler que les vertiges de la vitesse se diffractent sous de nombreuses modalités : envol, mouvement, mobilité, mais aussi accélération, rythme…

Que notre monde connaisse une accélération généralisée (vitesse de la lumière et des ondes électromagnétiques, mais également vitesse de déplacement des peuples et des données que permettent les transmissions virtuelles) n’est ni vraiment fortuit ni totalement innocent... Parce que la virtualité est actuellement l’une des modalités pandémiques de la vitesse, elle a tendance à survaloriser la vitesse de la pensée. Mais penser vite, est-ce pour autant penser bien, penser juste, penser à tout ?

N’est-ce pas au contraire penser à tort et à travers ? La dimension totalitaire des nouvelles technologies constitue en soi un exemple probant, en ce qu’elles accélèrent des moyens de transmission, sans qu’il soit certain pour autant que l’homme puisse, cérébralement et génétiquement, aller aussi vite. Et quand l’accélération devient un problème structurel de nos sociétés, que faire de ces activités qui prennent du temps (la lecture, la démonstration, la démocratie) ? Si la vitesse semble ne faire qu’un avec la mondialisation, il n’en demeure pas moins que ce que Paul Virilio appelle le « temps mondial » n’a rien à voir avec notre perception du temps qui reste, au-delà des transports et des médias, un « temps local ». On l’aura compris, une accélération n’est jamais sans risques : elle s’inscrit dans une logique hyperbolique du « toujours plus », elle effectue une confusion entre croissance et accélération – Hartmut Rosa a ainsi pu parler de l’aliénation relative au temps puisqu’il est précisément la seule chose qui ne peut être multipliée ni compressée.

Ce colloque, organisé par l’ILLE EA 4363, entend interroger les effets culturels de l’accélération du temps mondial, en faisant l’inventaire des bouleversements littéraires et esthétiques produits par le progrès et les transformations techniques et technologiques. La puissance visionnaire de la vitesse n’est sans doute pas pour rien dans sa fortune, aussi bien concrète (elle investit tous les domaines, professionnels et intimes) que virtuelle. La vitesse donne à voir et à concevoir, elle change notre perception et par là notre vision du monde. Il suffit de penser au cinéma par exemple, art de la vitesse de prise de vue, pour prendre la mesure de son impact esthétique. Plus encore, elle semble modifier le concept même d’esthétique, en donnant au mouvement et à la disparition une place centrale dans la création moderne et contemporaine. Il ne s’agit pas de négliger le message éthique que transporte cette esthétique dans sa dimension auto-destructrice.

C’est à ces quelques aspects de la vitesse que nous nous attacherons dans ce colloque ; il ne s’agit nullement de camper une position réifiante ou d’arrière-garde sur la vitesse, ce serait se tromper littéralement de direction et ne pas comprendre à quel point se dévoile, avec la vitesse, une culture de la technique et de la technologie, mais il semble judicieux d’approcher d’un peu plus près ces « vertiges de la vitesse », moins pour se laisser griser par ses pouvoirs (significativement la vitesse renverse, elle donne la tête qui tourne), que pour reprendre ses esprits (entendez pour que l’esprit reprenne le pas sur le pouvoir de la vitesse).

Ce colloque oscillera entre étourdissement et raison gardée.

 

Les propositions de communications (10-15 lignes) devront nous parvenir, ainsi qu’une courte notice biobibliographique aux adresses suivantes : frederique.toudoire@uha.fr et peter.schnyder@uha.fr avant le 10 décembre 2014.

 

Frais d’inscription : 100 euros ; doctorants, ATER, vacataires : 50 euros.

Entrée libre pour les membres de l’ILLE et les étudiants de l’UHA.

www.ille.uha.fr