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Phillipe Claudel : écrire et rêver les images (Montpellier)

Phillipe Claudel : écrire et rêver les images (Montpellier)

Publié le par Marc Escola (Source : Marie Joqueviel-Bourjea - Anne Strasser)

Colloque international

« Philippe Claudel : écrire et rêver les images »

en présence de l’auteur

 

14, 15 & 16 mai 2020

Université Paul-Valéry Montpellier 3

en partenariat avec l’Université de Lorraine

 

Organisatrices :

Marie Joqueviel-Bourjea (Université Paul-Valéry / RIRRA 21EA 4209)

& Anne Strasser (Université de Lorraine / LISEA 7305)

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Les propositions de communication (titre ; résumé d’une dizaine de lignes environ ; brève bio-bibliographie de l’intervenant), sont attendues pour le lundi 16 septembre 2019.

Elles sont à adresser à marie-joqueviel@wanadoo.fr et anne.strasser@univ-lorraine.fr.

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Argumentaire :

Écrivain et cinéaste français de renommée internationale, Philippe Claudel a publié une quarantaine d’ouvrages(romans, récits, nouvelles, pièces de théâtre, fragments autobiographiques, poèmes…) depuis son premier roman Meuse l’oubli paru chez Balland en 1999, et réalisé quatre films ces dix dernières années : Il y a longtemps que je t’aime (2008) ;Tous les soleils (2011) ; Avant l’hiver (2013) et Une enfance (2015).

Maintes fois primée[1], traduite en une quarantaine de langues, adaptée au cinéma (Les Âmes grises, par le réalisateur Yves Angelo, en 2005) comme en bande dessinée (Le Rapport de Brodeck, par le dessinateur Manu Larcenet, chez Dargaud en 2007), l’œuvre littéraire, essentiellement narrative, se double ainsi d’une œuvre cinématographique qui en porte autrement, avec les moyens et les ambitions qui lui sont propres, les obsessions : tant thématiques (la perte, l’absence, le deuil, la culpabilité, l’amour, l’enfance, l’altérité, la beauté…) qu’existentielles (Que peut et que veut un homme ? Comment être à la hauteur de son humanité ? Comment vivre sous le regard des autres ? Que faire de la douleur ?...) et naturellement artistiques : raconter le plus simplement possible une histoire complexe ; accueillir le silence au cœur de la parole ; mettre en scène les tensions entre l’intime et le social ; réfléchir l’Histoire depuis les histoires personnelles ; appréhender les lieux comme des personnages…

Complices et complémentaires, gestes littéraire et cinématographique se répondent et se dynamisent ainsi l’une l’autre, réfléchissant dans le miroir que mutuellement elles se tendent l’acte de la création en même temps que la figure double de leur auteur : « Il me semble souvent que j’écris des romans comme le ferait un cinéaste, et j’ai eu le sentiment très net de réaliser mon film, Il y a longtemps que je t’aime, comme un écrivain compose un roman », confie Claudel dans Petite fabrique des rêves et des réalités (2008), livre consistant en un « making of d’un genre particulier » qui cherche à (s’)expliquer « la double nature » de l’écrivain-cinéaste. Aussi les films font-ils référence à l’univers littéraire (il n’est pas anodin que deux des personnages principaux de Il y a longtemps que je t’aime soient enseignants-chercheurs en lettres et un autre lexicographe) et réciproquement, les livres évoquent l’univers du cinéma (dans L’Arbre du pays Toraja, publié en 2016, le personnage principal est un réalisateur de films).

Cependant, qu’elles soient littéraires ou cinématographiques, par delà les vies d’ombre qu’elles mettent en lumière et les questions (sans réponse ?) qu’elles posent à notre humanité, les fictions claudéliennes placent au centre de leurs préoccupations la matière même qui les fonde : les mots et les images. Car s’il s’agit toujours de raconter des histoires et par là de toucher (à) l’homme dans la nécessaire élaboration d’un mythos ((se) raconter pour être et devenir – et par là même questionner le difficile être-homme), elles mettent en abîme leur « fabrique » pour s’émerveiller – et parfois se moquer – de la capacité proprement humaine à rêver sa vie (si le mot « rêve » clôt L’Archipel du chien, c’est pour mieux nous faire voir la réalité) : à la double figure auctoriale répond ainsi une vision de l’art comme doublure – « au sens où l’on double un tissu », précise l’auteur dans le bien nommé Petite fabrique des rêves et des réalités qui s’ouvre symptomatiquement sur cette interrogation : « Pourquoi la vie ne nous suffit-elle pas, et quel besoin opiniâtre avons-nous d’en saisir les reflets ? » À ce titre, on comprend que l’œuvre accorde au rêve et à la rêverie (au cauchemar aussi bien), à cette fascinante« mécanique [des] songes » (PFRR 63) à laquelle sont sensibles nombre de personnages claudéliens qui ponctuellement nous les confient, une place essentielle – les projections oniriques constituant la doublure intérieure intime, invisible et pleine d’images simultanément, d’une existence qui gagne assurément à se faire son propre cinéma plutôt qu’à se repaître des images préfabriquées saturant nos vies ‘écranisées’…Pour autant, « rêver des images » (PFRR 43) consiste-il à capter reflets et signes du monde pour mieux l’habiter en retour ou au contraire définitivement s’y soustraire ? Et « l’établissement de tous les rêves » (PFRR 63) consiste-t-il à « refléter et révéler » (72) la profondeur de la vie ou à en imaginer une autre ?

En tout état de cause, tout est affaire de regard dans ces écritures que nourrissent et accompagnent dès longtemps, en bien des façons, peinture et photographie. Observer le monde, contempler les œuvres, envisager les autres, se regarder : ainsi pourrait-on définir les quatre points cardinaux de la boussole claudélienne. Ce faisant, les parti-pris esthétiques – littéraires comme cinématographiques – se doublent d’une éthique, dont les impératifs se découvrent autant dans l’en-allée des récits ou le discours des personnages que dans leur mise en œuvre : comment porter (sur le monde, l’art, les autres, soi-même) un regard juste ? Comment cadrer et ne pas juger ? Dans quelle lumière approcher un visage ? Comment ne pas trahir, par les images (filmiques, rhétoriques) dont le travail est précisément de faire voir, l’invisible d’une intériorité, ou encore l’absence, cette « anti-matière de nos vies » ainsi que la qualifie si justement l’écrivain ?

Il semblerait, du reste, que le regard de l’auteur lui-même se dédouble : tendre dans les narrations mettant en scène des êtres que la vie souvent a brisés, dont l’intériorité, la profondeur sensible peu à peu se révèlent à un lecteur-spectateur empathique (Meuse l’oubli, Le Café de l’Excelsior, Quelques-uns des cent regrets, Les Âmes grises, La petite fille de Monsieur Linh, Le Retour de Brodeck, « Mains et merveilles », « La petite », Il y a longtemps que je t’aime, Tous les soleils, Une enfance…), il se fait froid et cynique à l’égard de personnages amoraux et superficiels, creux et comme sans histoire – c’est peut-être là leur faute majeure –, ceux-là mêmes que contribue à fabriquer notre société contemporaine, dans lesquels nous peinons à nous reconnaître quoiqu’il nous faille bien avouer que le miroir qu’ils nous tendent ment moins que nous ne voudrions le croire… (Le Paquet, Parle-moi d’amour, L’Enquête, Inhumaines, Ararat…). Rien de manichéen, toutefois, dans le regard porté sur des hommes auxquels la fréquente réduction à des figures archétypales dans les narrations littéraires (l’Enquêteur, la Géante, le Policier, le Guide… dans L’Enquête ; le Maire, l’Anderer… dans Le Rapport de Brodeck ; le Maire, le Docteur, le Commissaire, la Vieille, l’Instituteur, le Curé… dans L’Archipel du Chien) n’enlève rien de leur irréductible complexité, laissant le lecteur se débattre avec son désir contrarié de projection : on peut se faire le complice d’un meurtre tout en lisant Dante ou dénoncer des comportements inacceptables au nom de raisons qui le sont tout autant…

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Le titre de ce premier colloque consacré à Philippe Claudel, « Écrire et rêver les images », joue délibérément de l’interprétation ambiguë d’un coordonnant matérialisant la ligne de partage (de conciliation aussi bien) entre écritures littéraire et cinématographique : écrire et rêver / les images : littérature ou cinéma ? ou écrire / et rêver les images : littérature vs. cinéma. Soulignant ainsi la matière commune – les mots, les images, les rêves – aux deux supports privilégiés de la création claudélienne (le livre et le film), la réflexion entend ainsi traverser l’entièreté d’un parcours d’écriture dont on prendra soin de penser dynamiquement les processus, par delà les supports, les genres, les formes et les tonalités, en conscience d’une création se jouant à (et de) l’articulation des arts, notamment « de l’œil », dans le nécessaire quoique problématique recours aux mots (qui manquent souvent, mentent parfois, peinent à traduire la richesse mutique de l’expérience sensible et ne sauvent pas de la maladie et de la mort). Aussi, depuis 20 ans, entre, avec et parfois contre les mots et les images, l’œuvre claudélienne construit-elle en vérité (i.e. sans jamais chercher la séduction facile ni hésiter à se mettre en danger) un lieu fragile, tendre et cruel à la fois, où réfléchir sans faux-semblants, grâce à la doublure de rêves que cousent de concert littérature et cinéma, notre être-homme contemporain.

S’il est possible de soumettre des interventions (1)explorant spécifiquement une œuvre en particulier du corpus claudélien – dont on estime tel aspect pertinent (thématique, stylistique, artistique…) dans l’appréhension de la dynamique globale de création , les propositions privilégieront cependant une réflexion transversale et transmédiale, non nécessairement comparatiste (les références pouvant être exclusivement littéraires ou exclusivement cinématographiques) mais qui considère des thématiques, processus et enjeux communs aux fictions littéraires et cinématographiques (convergences, divergences, modalités…). Ainsi, outre les propositions pouvant élaborer (2) des problématiques centrées sur la place et la fonction des images, du regard ou du rêve dans la création claudélienne, les « pistes » suivantes (qui ne prétendent en rien à l’exhaustivité) sont susceptibles de servir de support dialectique à (3) une réflexion transmédiale/transgénérique plus vaste,qui ne se restreigne pas nécessairement aux problématiques liées aux rôles de l’image, du regard ou du rêve (les citations suivies du numéro de page sont extraites de l’entretien accordé par l’auteur dans Philippe Claudel, un art du silence (Hermann, 2017), et visent à ouvrir des champs à l’investigation critique) :

– La piste autobiographique => plus précisément l’articulation de l’intime et de l’universel (voire du politique).

Il s’agirait ici de creuser le lien entre une inspiration intimiste (on peut se reporter à ce que dit Claudel de l’autofiction (88), sur la façon de « parler de [s]oi », le recours à la première personne ou encore le constat qu’avec le temps l’écart entre le démarquage fictionnel et le matériau réellement issu de la vie semble se rétrécir (94), mais aussi sur le thème récurrent du deuil) et l’universel (voir les formes d’engagements, les différentes formes d’écriture, la pratique cinématographique : « les longs métrages réalisés dans des lieux reconnaissables sont des façons de parler de soi » (93), le souci de ‘montrer’ la Lorraine, mais aussi la part irréductible d’humanité chez tous les personnages qui ‘parle’ à celle du lecteur…).

L’écrivain reconnaît en effet « faire compte/conte de l’intimité du commun » (127), partant d’un vécu pour parler du « commun », voire du « collectif ». Il précise : « Il s’agit du frottement entre deux silex l’un excessivement intime, qui tient à ma sensibilité, à la façon dont mes émotions sont contenues en moi, à la façon dont elles naissent et s’agitent, et l’autre qui m’est extérieur et provient du monde et du temps dans lesquels je vie et j’évolue. C’est à la conjonction électrique entre un ici, un maintenant et un moi que la création, en son origine, apparaît. » (104)

– La piste génétique =>la variété des genres abordés par Claudel comme sa double inscription médiatique invitent tout particulièrement à questionner la généalogie et l’« arrière-plan génétique » (88) des œuvres – leurs « limbes » : non seulement leurs raisons d’être et les modalités de leur surgissement, mais encore leurs origines spatio-temporelles. Pour l’auteur, en effet, la genèse d’une œuvre se pose davantage en termes spatio-temporels qu’en termes causaux : « […] la véritable question que l’on devrait poser à quelqu’un qui écrit, ce n’est pas le classique ‘Pourquoi écrivez-vous ?’ mais ‘D’où écrivez-vous ?’, avec un ‘où’ qui est à entendre dans une acception spatiale et temporelle. » (93)

Pour « confus et difficilement cernable » (88) que soit cet arrière-plan mâtiné de rêves – à commencer pour leur auteur : « Je ne sais pas comment naissent les histoires. Je ne veux d’ailleurs pas le savoir de peur de détruire un processus qui s’apparente pour moi à une sorte d’opération magique. » (Petite fabrique des rêves et des réalités, 54) –, il demeure néanmoins possible d’en qualifier les contours, de discerner les structures et les formes récurrentes d’un imaginaire de mots et d’images, dont s’emparent les moyens distincts (quoique non incompatibles) de la littérature et du cinéma.

– La piste sociologique =>notamment la question de la posture auctoriale.

Écrivain et cinéaste (bien qu’il peine à se déclarer écrivain (91-93) et mette en doute sa légitimité de (jeune) cinéaste dans Petite fabrique des rêves et des réalités), Claudel use de supports, de genres et de formes divers dont on peut penser qu’il les pratique quasi simultanément. Il collabore par ailleurs avec de nombreux photographes (Jean-Michel Marchetti, Richard Bato, Laure Vasconi, Arno Paul, Jean-Charles Wolfarth, Carl de Kayser…) et plus largement de plasticiens (Gabriel Belgeonne, Jean Delvaud, Johannes Strugalla, Joël Leick…) dans le cadre d’ouvrages où dialoguent le texte et l’image. Dans ce contexte en particulier, il travaille avec de petites maisons d’édition (Æncrages & Co, La Dragonne, Virgile, circa 1924...) tout en restant fidèle aux éditions Stock dont l’accompagnement éditorial (et amical) fut pour lui essentiel (ainsi qu’en témoigne le récit Jean-Bark, en 2013). Membre depuis 2012 de l’Académie Goncourt, Philippe Claudel tient néanmoins à sa spécificité d’auteur non-parisien, cherchant, dans son œuvre, à mettre en lumière des territoires que cinéma et littérature tendent à ignorer. En dépit des distinctions multiples régulièrement reçues[2], l’écrivain veille à conserver entière son indépendance artistique et critique : il intervient ponctuellement par des prises de parole engagées (cf. le poème « Vivant immédiat » écrit pour le Parlement sensible des écrivains en 2015, à l’occasion de la COP 21,7-16), participe à des collectifs que motive une cause commune (« Je suis Charlie mais un peu tard », dans un collectif né à la suite des attentats de 2015 ; « Baignade interdite », dans un collectif traitant du problème des réfugiés en 2015 ; « Roya », dans Ce qu’ils font est juste, Ils mettent la solidarité et l’hospitalité à l’honneur, en 2017…), l’ancien enseignant en milieu carcéral évoque la prison qu’il a côtoyée pendant douze ans (dans son récit Le Bruit des trousseaux, en 2002, comme dans son film Il y a longtemps que je t’aime), le romancier aborde des sujets d’actualité (l’exil, dans La petite fille de Monsieur Linh ; la mort des migrants en Méditerranée, dans L’Archipel du chien – romans qui posent tous deux la question de l’accueil de l’Autre, comme la plupart des fictions claudéliennes – cet Autre/« Anderer »/« Nègre »dont l’accueil se pose d’abord dans la langue, soulignent Le Rapport de Brodeck ou L’Archipel du chien)… L’ensemble de ces choix, de ces pratiques et de ces engagements artistiques (et plus largement politiques) contribue à définir un ethos complexe, dont on pourra mesurer la cohérence en même temps que les enjeux esthétiques, politiques ou encore sociologiques.

– La piste thématique. Certains thèmes hantent l’œuvre littéraire dès les premières publications : ainsi en va-t-il de la perte, du deuil (de la femme aimée, de l’enfant), de la mort. Les films s’en sont emparés, qu’habitent de semblables hantises : Il y a longtemps que je t’aime, Tous les soleils. Au-delà des obsessions personnelles, que peut-on dire des formes qui les prennent en charge lorsqu’elles procèdent d’entreprises artistiques qui ne sont pas superposables ? Qu’est-ce qui distingue, par exemple, un deuil écrit d’un deuil montré ? Parle-t-on différemment de l’absence lorsque l’on est conduit à l’exposer à la lumière des images filmiques ?...

Les mêmes questions se posent quant aux lieux, singulièrement ces territoires aimés de l’Est qui, bien davantage que des décors, participent intrinsèquement d’une fiction qu’ils contribuent à écrire : Meuse l’oubli, Le Café de l’Excelsior, Les Âmes grises, Le Rapport de Brodeck, Il y a longtemps que je t’aime, Une enfance

Que font aux œuvres les hantises qui les portent ? Comment telle ou telle thématique traverse-t-elle les œuvres, les genres, les médias, les supports ?

– La piste intertextuelle. Les fictions claudéliennes sont faussement naïves. Elles le sont d’autant moins que leur auteur – dont on n’oubliera pas qu’il est docteur es lettres et enseigne le cinéma à l’université – est un lecteur assidu et un spectateur boulimique. On pourra ainsi s’interroger sur la place et le rôle des références artistiques plurielles (littéraires et cinématographiques, mais picturales aussi bien, photographiques ou musicales) qui nourrissent l’imaginaire claudélien et stimulent voire informent sa création.

– La piste médiatique et générique. Si Philippe Claudel évoque son travail en terme de ‘bricolage’ (« Je suis juste quelqu’un qui essaie des outils, un peu comme je le faisais en cachette de mon père, quand j’étais enfant, et que je venais dans l’atelier […]. », 122), c’est, au-delà de l’humilité qui le caractérise, une façon d’insister sur les infinis possibles ouverts par le jeu entre les formes, non seulement entre littérature et cinéma, mais à l’intérieur d’un même univers artistique : « Je ne fais aujourd’hui pas autre chose [que tenter de manier les outils alignés dans l’atelier] avec les formes disponibles, et avec d’autres que je tente peu ou prou de créer, notamment dans L’Enquête qui est un roman sur la traversée des genres littéraires […], ou avec L’Arbre du pays Toraja, qui tente d’enter l’essai sur le romanesque. » (123)

Les différents genres investis par l’œuvre littéraire, leur porosité et même leur difficile assignation (si l’on est surpris, dans la liste « Du même auteur » en fin de l’édition de poche de Trois petites histoires de jouets, de voir qualifiés d’ « essai » les fragments autobiographiques de Parfums ainsi que le récit Jean-Bark, ou encore de « poèmes » la prose poétique de Rambétant (2014), on peut penser que ces parti-pris éditoriaux, pour contestables qu’ils soient, rendent compte de la plasticité générique d’ouvrages proprement inclassables), mais encore le double positionnement artistique qui s’inscrit peu ou prou dans la lignée des écrivains-cinéastes que cite en toute conscience Claudel (« Cocteau, Guitry, Pagnol, Giono, Beckett, Robbe-Grillet, Duras, Toussaint et plus récemment Éric-Emmanuel Schmitt, Yann Moix, Michel Houellebecq », 112), impliquant de permanents va-et-vient, dialogues, frictions et repositionnements, invitent à interroger ce qui s’invente, pour le geste comme pour la pensée, dans ce ‘bricolage’ heureux, multi- et transgénérique en même temps que transmédial.

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Comité scientifique :

Carole Bisenius-Penin (U. Lorraine)

Bruno Blanckeman (U. Sorbonne Nouvelle Paris 3)

Guillaume Boulangé (U. Montpellier 3)

Joëlle Cauville (Saint Mary’s U., Halifax, Canada)

Marc Dambre (U. Sorbonne Nouvelle Paris 3)

Lieven D’hulst (U. Leuven, Belgique)

Francisco Gonzales Fernandez (U. Oviedo, Espagne)

Marie Joqueviel-Bourjea (U. Montpellier 3)

Delphine Le Nozach (U. Lorraine)

Pierre Schöntjes (U. Gand, Belgique)

Anne Strasser (U. Lorraine)

Dominique Viart (U. Paris Nanterre)

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Philippe Claudel

I. Bibliographie

[Il est à noter que les catégories ci-dessous proposées sont poreuses : les livres rangés dans « Fragments de soi » ou « Sur les lieux » pourraient aussi bien relever des « Récits » ou des « Histoires brèves » ; les « Livres en dialogue avec l’image » sont susceptibles de se répartir entre les « Récits » et la « Poésie » ; la catégorie « Sur la peinture, le cinéma & la littérature » pourrait voir ses ouvrages migrer vers les « Fragments de soi » ou les « Récits »…]

1. Romans, récits

– Meuse l’oubli, Paris : Balland, 1999 / Paris : Gallimard, coll. « Folio », 2006

– J’abandonne, Paris : Balland, 2000 / Paris : Le Livre de Poche, 2006

– Quelques-uns des cent regrets, Paris : Balland, 2000 / Paris : Gallimard, coll. « Folio », 2006

– Les Âmes grises, Paris : Stock, 2003 /Paris : Le Livre de Poche, 2006

– La petite fille de Monsieur Linh, Paris : Stock, 2005 / Paris : Le Livre de Poche, 2007

– Le Rapport de Brodeck, Paris : Stock, 2007 / Paris : Le Livre de Poche, 2009

– L’Enquête, Paris : Stock, 2010 / Paris : Le Livre de Poche, 2012

– L’Arbre du pays Toraja, Paris : Stock, 2016

L’Archipel du chien, Paris : Stock, 2018

2. Nouvelles, histoires brèves

– Les petites mécaniques, Paris : Mercure de France, 2003 / Paris : Gallimard, coll. « Folio », 2004

– Trois petites histoires de jouets, Besançon : Virgile, coll. « Suite de sites », 2004 / Paris : Le Livre de Poche, 2010

– Le Monde sans les enfants et autres histoires, illustrations de Pierre Koppe, Paris : Stock, 2006 / Paris : Le Livre de Poche, 2008

Chronique monégasque et autres textes, Paris : Gallimard, coll. « Folio Senso », 2008

– Les Confidents, Paris : Flammarion, coll. « Étonnants classiques », 2015 [nouvelles reprises de Les petites mécaniques]

Higher Ground, photographies de Carl de Keyser, textes de Philippe Claudel, Belgique/Pays-Bas : Lannod, 2016 / livre repris en français sous le titre Hauteurs, Ararat, Paris : Glénat, 2017

– Inhumaines, Paris : Stock, 2017

3. Pièces de theâtre

– Parle-moi d’amour, Paris : Stock, 2008 / Paris : Le Livre de Poche, 2012 [mise en scène de Michel Fagadeau avec Michel Leeb et Caroline Silhol]

– Le Paquet, Paris : Stock, 2010 / Paris : Le Livre de Poche, 2011 [mise en scène de Philippe Claudel avec Gérard Jugnot]

La petite fille de Monsieur Linh : roman mis en scène pour le théâtre par Guy Cassiers, avec Jérôme Kircher, France/Belgique/Espagne, printemps 2018

– Compromis, Paris : Stock, 2019 [mise en scène de Bernard Murat avec Pierre Arditi et Michel Leeb, janvier 2019]

4. Fragments de soi

– Le Bruit des trousseaux, Paris : Stock, 2002 / Paris : Le Livre de Poche, 2003

– Parfums, Paris : Stock, 2012 / Paris : Le Livre de Poche, 2014

– Jean-Bark, Paris : Stock, 2013

– Au tout début, Baumes-les-Dames : Æncrages & Co, coll. « Territoires », 2016

5. Livres en dialogue avec l’image

– Le Café de l’Excelsior, photographies de Jean-Michel Marchetti, Nancy : La Dragonne, 1999 / Paris : Le Livre de Poche, 2007

– Barrio Flores. Petite chronique des oubliés, photographies de Jean-Michel Marchetti, Nancy : La Dragonne, 2000

Pour Richard Bato, récit, Baume-les-Dames : Æncrages & Co, coll. « Visible-Invisible », 2001

– Mirhaela, photographies de Richard Bato, Baume-les-Dames : Æncrages & Co, coll. « Livre d’artiste », 2002/2008

– Quartier, chronique, photographies de Richard Bato, Nancy : La Dragonne, coll. « Chronique », 2007

– La Mort dans le paysage, avec une photographie de Nicolas Matula, Baumes-les-Dames : Æncrages & Co, coll. « Phoenix », 2008

– Ombellifères, avec des reproductions d’Émile Gallé, Paris : circa 1924, 2008

– Rambétant, photographies de Jean-Charles Wolfarth, Paris : circa 1924, 2014

– Inventaire, photographies d’Arno Paul, Light Motiv, 2015

6. Poésie

– Tomber de rideau, poème, illustrations de Gabriel Belgeonne, Jean Delvaud et Johannes Strugalla, Baume-les-Dames : Æncrages & Co, 2009

– Quelques fins du monde, poème, illustrations de Joël Leick, Baume-les-Dames : Æncrages & Co, coll. « Écri(peind)re », 2011

– Triple A, poème, illustrations de Joël Frémiot, Tours : Le Livre pauvre, 2012

Autopsie du cadavre de François Fillon, illustrations de Chantal Giraud, Tours : Le Livre pauvre, 2017

7. Sur la peinture, le cinéma & la littérature

– Au revoir Monsieur Friant, Paris : Nicolas Chaudun, 2006

– Il y a longtemps que je t’aime. Petite fabrique des rêves et des réalités [2008], Paris : Le Livre de Poche, 2010/2013

– Autoportrait en miettes, à travers les chefs d’œuvre du Musée des Beaux-Arts de Nancy, Paris : Nicolas Chaudun, 2012

– De quelques amoureux des livres, Le Bouscat : Finitude, 2015

8. Sur les lieux

– Champagne-Ardenne, Alsace, Lorraine, photographies d’Alex Webb, Paris : National Geographic, coll. « La France », 2000 ; repris sous le titre Nos si proches orients, Paris : National Geographic & Phileas Fogg, photographies d’Alex Webb, coll. « France vagabonde », 2002

– Carnets cubains, chronique, Librairie Initiales, hors commerce, 2002

– Trois nuits au palais Farnese / Tre notti al palazzo Farnese (traduction en italien par Francesco Bruno), Paris : Nicolas Chaudun, 2005

9. Préfaces [liste non exhaustive]

– Préface à Gert Crum, Le Domaine de la Romanée-Conti, Paris : Hachette, coll. « Pratique », 2005

– Préface à André Vers, Martel en tête, Le Bouscat : Finitude, 2006

– « Décompter/Raconter », préface à Verdun, 30.000 jours plus tard, photographies de Jacques Grison, texte d’Airy Durup de Baleine, Paris : Textuel/Conseil général de la Meuse, 2008

– Préface à Jean-Claude Tardif, Les jours père, Nancy : La Dragonne, 2009

– Préface à Roger Frison-Roche, Premier de cordée [1942], Chamonix, éditions Guérin, coll. « Texte et images », 2009

– Préface à Vianney Huguenot, Les Vosges par le cul de la bouteille, Est éditions, coll. « Randonnée Survie », 2011

– Préface à Fabrice Lardreau, Cimes intérieures, Chamonix : éditions Guérin, 2013

– Préface à Annie Mollard-Desfour, Le Gris, Paris : CNRS éditions, 2013

– Préface à Jean-Claude Pirotte, Le Silence, Paris : Stock, 2016

– Préface à Pierre Charras, Au nom du pire, Paris : Le Dilettante, 2017

– Préface à Primo Levi, Si c’est un homme [1947], nouvelle édition, Paris : Robert Laffont, coll. « Pavillons », 2017

10. Contributions diverses à des revues &collectifs [liste non exhaustive]

– « Ianesh et Miloscz », in : Nue : treize textes courts d'après une photographie de Jean-Michel Marchetti, Nancy : La Dragonne, 2002

– « Nel blù dipinto di blù », in : Dix ans sous la Bleue (collectif), Paris : Stock, 2004

– « Ma petite fille », in : Être père, disent-ils, Paris : L’Iconoclaste, 2009 [rééditions Librio en 2010 et J’ai lu en 2011]

– « Une enfance de guerre », in : La Guerre est finie : 100 ans déjà !, avec des dessins de Philippe Delestre, Triel-sur-Seine : Italiques, 2013

– contribution à L’Œuvre gravé de Claude Morini (collectif), catalogue raisonné, Nice : Éditions stArt et L’Ormaie, 2013

– « Dans l’arrière-boutique de l’âme humaine », in : L’Herne Simenon (Paris), n°102, sous la direction de Laurent Demoulin, 2013

– « Je suis Charlie mais un peu tard », in : Nous sommes Charlie, 60 écrivains unis pour la liberté d’expression, Paris : Le Livre de Poche, 2015

– « Baignade interdite », in : Bienvenue ! 34 auteurs pour les réfugiés, Paris : Le Seuil, coll. « Points », 2015

– « Jacques Chauviré, retrouvailles avec un maître discret », in : Le Magazine Littéraire, n°554, avril 2015

– « García Lorca, premiers pas », in : Le Magazine Littéraire, n°555, mai 2015

– « Zola, au malheur d’une dame », in : Le Magazine Littéraire, n°556, juin 2015

– « Rebecca, un fantôme reparaît » (Daphné du Maurier), in : Le Magazine Littéraire, n°557, juillet-août 2015

– « Toujours tout choses » (Georges Perec), in : Le Magazine Littéraire, n°559, septembre 2015

– « Soupault, d’un cachot l’autre », in : Le Magazine Littéraire, n°560, octobre 2015

– « Ce que crachaient les tranchées » (Georges Duhamel), in : Le Magazine Littéraire, n°561, novembre 2015

– « Onze passes de Maupassant », in : Le Magazine Littéraire, n°562, décembre 2015

– « Dostoïevski entièrement décapé », in : Le Magazine Littéraire, n°563, janvier 2016

– « Robert Walser, flâneur de presse », in : Le Magazine Littéraire, n°564, février 2016

– « Convulsions berlinoises » (Erich Kästner), in : Le Magazine Littéraire, n°565, mars 2016

– « Henry James, maître d’indécision », in : Le Magazine Littéraire, n°566, avril 2016

– « Baudelaire, de l’or dans la bile », in : Le Magazine Littéraire, n°567, mai 2016

– « Et Giono s’envola avec Virgile », in : Le Magazine Littéraire, n°568, juin 2016

– « Et Dieu s’absenta » (Ernst Wiechert), in : Le Magazine Littéraire, n°569, juillet-août 2016

– « Roya », in : Ce qu’ils font est juste, Ils mettent la solidarité et l’hospitalité à l’honneur, collectif sous la direction de Béatrice Vallaeys, Paris : Don Quichotte éditions (Le Seuil), 2017

– « Vivant immédiat », « Boulon précaire », « Ghofrane » et « La petite », in : Philippe Claudel, un art du silence, Paris : Hermann, coll. « Vertige de la langue », 2017

– « Le mystère Ravey », in : Revue des Sciences Humaines, n°325 : Yves Ravey, une écriture de l’exigence, éditions Septentrion, janvier-mars 2017

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11. Bibliographie critique : Travaux universitaires, entretiens [liste non exhaustive]

– Bernard-Rabadi, Isabelle : « L’écriture de la perte chez Philippe Claudel : Meuse l’oubli et Quelques-uns des cent regrets », in : Jordan Journal of Moderne Languages and Literature, Vol. 2 n° 2, 2010, p.110 ; article consultable à l’adresse : http://journals.yu.edu.jo/jjmll/Issues/Vo2No2_2010PDF/1.pdf

– Bloch, Béatrice : « Vers une allo-autobiographie » ? » [Le Bruit des trousseaux], in : Le Roman français au tournant du xxie siècle, sous la direction de Bruno Blanckeman, Aline Mura-Brunel et Marc Dambre, Paris : Presses Sorbonne Nouvelle, 2004, p.55-61

– Ervinck, Ellen, L’âme symboliste dans l’œuvre de Philippe Claudel, mémoire présenté sous la direction du Prof. Dr. Pierre Schoentjes, en vue de l’obtention du grade de Master en langues et littératures, français-anglais, Université de Gent, Année académique 2010-2011 ; mémoire disponible à l’adresse : http://lib.ugent.be/fulltxt/RUG01/001/786/631/RUG01-001786631_2012_0001_AC.pdf

– Jeannelle, Jean-Louis : « Entretien avec Philippe Claudel », in : Revue critique de fixxion française contemporaine, n°7 : « Écrivains-cinéastes », sous la direction de Jean-Louis Jeannelle et Margaret C. Flinn, 2013, p.127-132 ; consultable à l’adresse : http://www.revue-critique-de-fixxion-francaise-contemporaine.org/rcffc/article/view/fx07.12/767

– Joqueviel-Bourjea, Marie ; Cauville, Joëlle ; Bonnet, Pierre &Claudel, Philippe : Philippe Claudel, un art du silence, deux études suivies d’un entretien et complétées par quatre inédits, Paris : Hermann, coll. « Vertige de la langue », 2017

– Joqueviel-Bourjea, Marie : « ‘’Fissures, failles, fragments’’. Philippe Claudel, Quartier : une poétique des ‘’espaces brefs’’ », in : Lieux, littérature et médiations dans l’espace francophone (La Lorraine des écrivains), Questions de communication, série « actes », n°36, PUN / Éditions Universitaires de Lorraine, sous la direction de Carole Bisénius-Penin [actes du colloque organisé à l’Université de Luxembourg – Belval par l’Université de Lorraine en novembre-décembre 2017], p.53-81

– Lardreau, Fabrice et Claudel, Philippe : Le Lieu essentiel (entretiens), Paris : Arthaud, coll. « Versant intime », 2018

– Princen, Anne : présentation, notes et dossier pour Les Confidents et autres nouvelles, Paris : Flammarion, coll. « Étonnants classiques », 2006

– Rosemberg, Muriel : « Spatialité du déracinement dans La petite fille de Monsieur Linh, de Philippe Claudel », Annales de géographie, vol. 709-710, n°3, 2016, pp. 405-417 ; article consultable à l’adresse :https://www-cairn-info.bases-doc.univ-lorraine.fr/revue-annales-de-geographie-2016-3-page-405.htm

– Rubino, Gianfranco : « Un présent qui se dissout : Sylvie Germain, Philippe Claudel », in : Écrire le présent, sous la direction de Dominique Viart et Gianfranco Rubino, Paris ; Armand Colin, coll. « Recherches », 2013, p.213-222

– Strasser, Anne : « Philippe Claudel : une géographie intérieure de la perte », actes numériques des journées d’études internationales « La Lorraine des écrivains : création littéraire et territoire », 1-2 décembre 2016 (Metz) ; article consultable à l’adresse : http://lalorrainedesecrivains.univ-lorraine.fr/anne-strasser/

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II. Filmographie

1. Réalisations

– Il y a longtemps que je t’aime, 2008

– Tous les soleils, 2011

– Avant l’hiver, 2013

– Une enfance, 2015

2. Scénarii

– Sur le bout des doigts, Yves Angelo, 2002

– Les Âmes grises, Yves Angelo, 2005 (adapté du roman de Philippe Claudel)

– Chez Maupassant (série télévisée), épisode 7, 2007 (adapté de la nouvelle Miss Harriet)

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[1]Prix Erckmann-Chatrian et Feuille d’or de la Ville de Nancy 1999pour Meuse l’oubli ; Prix Roman France Télévision 2000 pour J’abandonne ; Prix Marcel Pagnol 2000 pour Quelques-uns des cent regrets ; Bourse Goncourt de la nouvelle 2003 pour Les petites mécaniques ; Prix Renaudot 2003, Meilleur livre de l’année 2003 (Lire) et Grand prix des lectrices de Elle 2004 pour Les Âmes grises ; Prix européen Euregio 2006 pour La petite fille de Monsieur Linh ; Prix Goncourt des Lycéens 2007, Prix des Libraires du Québec 2008, Prix des Lecteurs du Livre de Poche 2009, Independant Foreign Fiction Prize 2010 pour Le Rapport de Brodeck ; Prix des libraires de Nancy / Le Point 2010 pour L’Enquête ; Prix Jean-Jacques Rousseau 2013 de l’autobiographie pour Parfums.

[2] Outre les prix littéraires déjà cités, on signalera qu’Il y a longtemps que je t’aime a reçu en 2009 le César du meilleur premier film et a été nommé au César du meilleur film et au César du meilleur scénario original, a obtenu le British Academy Film Awards du meilleur film étranger et a été nommé au BAFTA du meilleur scénario original, mais encore a été nommé au Golden Globe du meilleur film étranger ; Une enfance a obtenu en 2015 le Bayard d’or du film francophone de Namur ainsi que le Prix du meilleur film du festival international de Chicago.