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Les chambres à soi d'Hervé Guibert : photobiographies de l'intime

Les chambres à soi d'Hervé Guibert : photobiographies de l'intime

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Nadia Setti, université Paris 8)

Les chambres à soi de Hervé Guibert : photobiographies de l'intime
10-11 décembre 2015
Université Paris 8


Hervé Guibert est un auteur prolifique, inclassable, sulfureux : romancier, scénariste, photographe, journaliste, il a su rompre avec audace le silence et puis la honte autour du SIDA. À soixante ans de sa naissance, le 14 décembre 1955, ce colloque souhaite aborder deux aspects de son œuvre qui sont intimement liés : l'écriture et la photographie. Un des objectifs du colloque est d'approfondir, à travers l'œuvre fictionnelle et photographique de Guibert la poétique de l'intime autofictionnel. À plusieurs titres Guibert était écrivain photographe de l'intime des chambres et des corps ; sa machine écriture vise à photographier l'instant du dévoilement, l'événement de l'image comme du mot et de la phrase. Comment se composent et disposent les rooms of one's own, cameras claires obscures d'Hervé Guibert ? Quels corps, personnages, spectres les hantent ou les traversent ? Quels genres y sont à l'œuvre photobiographique ?
Si l'écriture guibertienne est hantée (par exemple par celle d'un Thomas Bernhard qu'il a admiré et jalousé), et, de diverses façons, spectrale, elle a également attiré des lecteurs et, aussi, un certain nombre d'écritures, autant de lettres posthumes ; à travers la diversité des récits, des langues et des styles se déploie une poétique de l'intime fondée sur une contamination de réalité et fiction, sur la mise en scène et en mots du désir et de la sexualité. À ce titre seront invités des écrivains tels que Philippe Mezescaze, Arthur Dreyfus, Mathieu Simonet.
Ainsi, aujourd’hui, en 2015, deux générations au moins des chercheurs interrogent ses œuvres, ses leurres, ses secrets. Un certain nombre de publications ont vu le jour concernant à la fois la fiction, la biographie, la photographie.
Ce colloque, proposé et organisé par des membres du laboratoire LEGS (Laboratoire études de genre et sexualité) en collaboration avec d'autres équipes de recherche en Italie (Doctorat Littératures Étrangères, Université de Vérone), et en France (LIRE, Université de Saint-Etienne, ITEM, Paris) s'inscrit dans un de ses axes principaux de recherche à savoir dans l'axe politique, esthétique et poétique du corps, et cela à plusieurs titres puisqu'il vise l'analyse du processus fictionnel et imaginaire du corps, de la sexualité et du sexe. La matérialité, la corporéité ne sont pas uniquement les traits du corps biologique mais les effets d'un processus signifiant, littéraire et esthétique, qui métamorphose et déplace les termes de la construction socio-culturelle de genre. C'est justement dans les objectifs de ce colloque et des recherches qui lui sont rattachées d'approfondir les modalités et la complexité de ces dispositifs sur le plan littéraire et esthétique.
En particulier il s'agira de répondre à une série de questions qui portent directement sur les concepts de référence de cet axe de recherche : en quoi l'écriture de soi guibertienne résiste-t-elle au, ou relance-t-elle le genre? Peut-on affirmer que chaque écriture, chaque idiome fictionnel produit son dispositif de sexe/genre ? Comment peut-on parler d'invention du sexe, quelles sont les figures du sexe-fiction, du fantasme corporel sexuel ? Quelle est la part de la cruauté, du cru, en figures et en actes, dans l'autofiction (voir en particulier le journal) peut-on parler d'auto-cru-fiction du soi ?
Et enfin y-a-t-il une généalogie de l'intime ? On a souvent présenté l'œuvre de Guibert dans le contexte de la littérature qui a accompagné et suivi la propagation du SIDA (cf; colloque 2014 La littérature du SIDA alors et encore, 10 janvier 2014, à Vérone). Des générations d'artistes et écrivains engagés a mis en récit ces vies frappées par la maladie et la mort. L'ami qui ne m'a pas sauvé la vie (Guibert, 1990) a été et il est encore un livre de référence. D'autres écritures se sont pourtant levées parfois en continuation ou réponse. Il s'agit de les entendre, dans l'horizon d'une poétique autofictionnelle de l'intime.
Ce colloque sera l’occasion d'explorer et de mettre à l’épreuve, voire en péril, les notions de fiction, autobiographie ou photobiographie, et d'interroger la descendance littéraire et artistique de l'œuvre de Hervé Guibert aujourd'hui.

Modalités de soumission

Envoi d'un court résumé (entre 300 et 400mots) avec titre et bibliographie et d'une notice bibliographique,
à nadia.setti@neuf.fr avant le 11 avril 2015.
Les réponses seront communiquées le 16 mai 2015 au plus tard.