Annonce d'un colloque qui se tiendra dans le cadre du prochain congrès de l'ACFAS, à Sherbrooke, le 17 mai prochain.
Lecture(s) du genre sexuel
Le genre sexuel (gender ) est un appareil sémiotique et un vecteur de valeur dans le texte littéraire, le masculin connotant traditionnellement ce qui est fort et bon, le féminin ce qui est mièvre et romantique. Si lon affirme que la femme exprime une subjectivité féminine particulière, alors il faut reconnaître que lhomme parle, lui aussi, depuis une subjectivité particulière, en loccurrence masculine, et non pas neutre. Cette subjectivité masculine exprimée dans lécriture masculine ou plutôt dans lécriture des hommes a longtemps été tenue pour lexpression de luniversalité. Maintenant que les femmes, du fait même de leur affirmation, ont déplacé cette universalité qui occupait le centre vers un espace plus justement désigné et plus étroitement circonscrit comme étant masculin, cela permet laménagement dun espace bisexué ou " bigenré ", mixte.
Et si, dans un paradigme féministe, ce qui relève du féminin est valorisé, il faut bien voir que ce qui est désigné comme néfaste, voire mortifère nest pas identifié au masculin mais bien au patriarcat. En bout de ligne, on peut concevoir une mise à distance et une relativisation du genre sexuel qui serait défini selon le contexte et non plus selon un système de croyance ni un système idéologique. Les recherches actuelles tendent dailleurs à démontrer que les façons d'actualiser le genre sexuel sont de plus en plus corrélées aux phénomènes de scolarisation et de classe sociale.
Il ne sagit pas de faire le procès ni du masculin ni du féminin, mais bien de reconnaître chacun de ces deux principes pour mieux les distinguer et, à travers eux, tenter de saisir ce que luvre littéraire signifie ou veut signifier à propos du genre (tant comme système de représentation que comme système de rapports sociaux de sexe) et éventuellement la situer sur lhorizon des rapports de sexe et de genre : le texte préconise-t-il une économie traditionnelle du genre, ou plutôt une vision qui prend en compte la mixité? Le système de genre est-il subverti, si oui, de quelle façon? Et quelles sont les conséquences textuelles de cette subversion? Ce sont là des questions à poser aux textes. La postmodernité, si elle doit signer la fin des métarécits, met un point final au récit patriarcal. Ainsi peuvent émerger de nouveaux sujets masculins et féminins qui sauto-définissent plutôt que de se conformer aux normes dictées : les textes actualisent-ils cette problématique?
Chaque texte recèle une vision du dispositif du genre sexuel. Le texte devient ainsi lieu de médiation où l'auteur a l'occasion de reproduire le dispositif ou le subvertir. Nous croyons quaborder la question du genre vient ouvrir, en quelque sorte, celle du féminin et poser, à ses côtés, celle du masculin, et, plus globalement, celle de la di/vision du monde.
Programme
LECTURE(S) DU GENRE SEXUEL (Colloque 314)
A8-222 Pavillon Albert-Leblanc, Université de Sherbrooke
Jeudi 17 mai
ÉCRITURE DU GENRE : LANGUE, HISTOIRE, IDENTITÉ
Présidente : Christiane Lahaie, Université de Sherbrooke
9h00 : Ouverture de la session
9h10 : Louise-L. Larivière, Université de Montréal, Université Concordia
"Quand une langue se donne du genre ou De la "bonne" féminisation linguistique"
9h40 : Sylvie Pelletier, Université Laval
"Regard autobiographique, trajectoire sociale et conscience de genre. Les Souvenirs d'une Française : Honorine Tyssandier (1828-1894)"
10h10 : Sylvie Mongeon, Université du Québec à Montréal
"Louise Maheux-Forcier. Écrire en silence et subversion"
10h40 : Pause
11h00 : Martine Delvaux, Université du Québec à Montréal
"Je suis lhomme: Dans ces bras-là de Camille Laurens"
11h30 : Isabelle Boisclair, Université de Sherbrooke, Université du Québec à Montréal
"Le féminin universel dans Instruments des ténèbres de Nancy Huston"
ÉCRITURE DU CORPS : LAMOUR, LE GENRE, LÉROS
Présidente : Isabelle Boisclair, Université de Sherbrooke, UQAM
13h30 : Ouverture de la session
13h40 : Evelyne Ledoux-Beaugrand, Université du Québec à Montréal
"Manifester le corps sans le dire : La Honte dAnnie Ernaux"
14h10 : Sandrina Joseph, Université de Toronto
"Corps parlant, corps obscène : Nécessairement putain de France Théoret"
14h40 : Carolyne Tellier, Université de Sherbrooke
"Du Banquet au Pique-nique ou De lamour des Idées pures à léloge du plaisir au féminin"
15h10 : Pause
15h30 : Nathalie Perreault, Université Queens
"Lérotisme chez Anaïs Nin"
16h00 : Élise Salaün, Université de Sherbrooke
"La passion selon elles : Lérotisme dans les romans au féminin des années 1980"
Responsable : Isabelle Boisclair
Université de Sherbrooke
virginia@microtec.net