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Colloque « La Voix et ses échos: autour de Mallarmé »

Colloque « La Voix et ses échos: autour de Mallarmé »

Publié le par Vincent Ferré (Source : Julien Marsot)

Colloque « La Voix et ses échos: autour de Mallarmé »

Université du Québec à Montréal

25 et 26 octobre 2013 : appel à communications pour le 15 février 2013

Dès Les Mots Anglais (1877), Mallarmé évoque la nécessaire « lecture à voix haute des bons auteurs » comme critère d’appréciation, ce dont il réaffirme le principe dans ses Notes sur le langage posthumes: les effets du poème seraient ainsi « prononcés par la voix intérieure de notre esprit » durant l’acte de lecture courant. Dans les mêmes notes, il remarque de plus que les rapports entre le sens et la lettre « s’ils existent, ne le font qu’en vertu de l’emploi spécial, dans un mot, de tels ou tels organes de la parole ». Traduire le Corbeau de Poe l’aura en outre initié à l’obsession sonore comme amorce du procès créateur.

La fameuse Crise de vers affirme aussi contre l’inertie usuelle des mots écrits que le poète fait du dire « avant tout, rêve et chant ». Car si le vers rémunère « le défaut des langues », Mallarmé nous dit que c’est par  « des touches y répondant en coloris ou allure, lesquelles existent dans l’instrument de la voix ». Ainsi est-ce par analogie avec les vertus du souffle (anima) que le vers, « mot total, neuf, incantatoire » − c’est-à-dire tributaire d’un récitatif−,  accède à l’horizon absolu du Livre, « Grand Oeuvre » dont le Coup de dés se voulait l’amorce. Dominique Combe suggère en outre que ce grand « Poëme » réconcilie l’épique et le lyrique dans la forme mixte de l’Ode, laquelle répare « la perte de l’épos primitif (1) », redonnant de facto à la modernité une Voix à ambition cosmogonique. En parallèle à la fameuse « disparition élocutoire du poëte, qui cède l’initiative aux mots » ayant inspiré divers formalismes, ne pourrait-on envisager que la réflexion de Mallarmé soit dotée d’un authentique souci de la Voix que traduit une ponctuelle nostalgie des conceptions antiques du Chant, les « mots » en question ayant au XIXe pour les linguistes en premier lieu une acception phonologique?

Ce colloque invite donc à travailler la Voix de Mallarmé et ses échos : soit, d’une part, de s’attarder aux résonnances de la Voix dans son oeuvre critique et poétique, réalisée ou rêvée; soit, d’autre part, de considérer les échos de cette Voix chez d’autres écrivains et critiques de la fin du XIXe siècle à la première moitié du XXe − fussent-ils sourds ou non à ses exigences.

Les propositions de communications (de 300 mots maximum) accompagnées d'une notice biobibliographique doivent être envoyées au plus tard le 15 février 2013 à l'adresse suivante : colloquevoixmallarme@gmail.com

Comité organisateur :                          

Julien Marsot (Département d’études littéraires, UQÀM)

Luc Bonenfant (Département d’études littéraires, UQÀM)

 

1) Dominique Combe, « Le récit poétique et la poésie narrative : la question de l’épique », L’Histoire et la géographie dans le Récit poétique, Sylviane Goyault (Dir. Pub.), Presses Univ. Blaise Pascal, 1997, p. 47