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La littérature de contrebande : de l'exemple à l'exemplarité

La littérature de contrebande : de l'exemple à l'exemplarité

Publié le par Marc Escola (Source : Raoudha Allouche)

 

Université de Sfax (Tunisie)

Faculté des Lettres et Sciences Humaines

Unité de Recherche en Littérature, Discours et Civilisation (URLDC)

 

Colloque international

La littérature de contrebande : de l’exemple à l’exemplarité

 

 JEUDI 26 - VENDREDI 27 FEVRIER 2015

 

 

           L’intitulé de ce colloque fait le rapprochement de notions divergentes, voire antithétiques.  Si le mot « contrebande », dérivant de l’italien contrabbando, signifie « fait contre le ban, contre la loi » et implique une expérience de la clandestinité et un rejet des règles imposées par la société,  la notion d’exemplarité, associée à exemple, se rattache souvent à un idéal éthique et/ou esthétique.  En effet, de par son étymologie, le mot « exemple », -du latin exemplum- signifie : 1/ « qui peut servir d’échantillon », 2/ « un modèle ».

              Le premier sens renvoie à ce qu’on appelle l’exemple rhétorique ; il se décline sur plusieurs formes à savoir l’exemple personnel, historique, littéraire, culturel ; la citation, l’anecdote, le récit, la fable, le mythe, …etc. Il apporte des éclaircissements sur des controverses ou des soupçons comme il assure une mise au point. Ainsi, il fonctionne  pour appuyer une idée, corroborer un enseignement ou justifier un choix. C’est un outil d’argumentation qui remplit la fonction de preuve.  Il s’intègre volontairement dans une narration, dans une démonstration ou encore dans un traité philosophique ou pédagogique. Le recours à l’exemple s’avère une pratique privilégiée dans la production écrite.

              Le second sens, modèle, ou « le bon exemple » implique une personne ou une conduite dotée d’un mérite particulièrement convoité et singulièrement digne d’imitation. Le modèle en tant que bon exemple est sous-jacent à la notion d’exemplarité. Celle-ci porte en elle, en fait,  une exigence éthique et implique une démarche modèle ; C. Giordano la définit comme l’« ensemble de vertus destinées à être admirées et si possible imitées »[1]. Contrairement à l’exemple qui est un outil pédagogique, l’exemplarité est un état de grandeur saturée vers lequel tend l’Homme. Elle est donc un sujet de réflexion, un thème.

 

L’exemplarité en tant que thème littéraire se prête à une polémique car les critères du modèle changent en fonction de leur réception. L’exemplaire pour les uns est banditisme pour les autres : Robin Wood, Jean Valjean ou Louis Mandrin incarnent le hors-la-loi, mais ils sont aussi des modèles de courage. Ces marginaux ou brigands ne sont pas des anti-héros chez Mérimée ou Maupassant, mais des insoumis à l’ordre établi. Le bandit corse est, chez ces écrivains, un révolté qui pose le problème de la liberté et des rapports de l’homme à la société. Ce héros en marge du commun, en quête de valeurs humaines universelles, ne porte-t-il pas en lui l’essence de l’exemplarité ?

 

Opposer l’exemplarité au banditisme ne manque pas de pertinence dans la mesure où le thème,  selon Michel Collot[2], s’associe, par affinité ou par contraste à d’autres signifiants pour donner son plein sens. De ce point de vue, le thème de l’exemplarité renverrait, légitimement, à son thème antithétique du banditisme.

                                                                           

Ce projet cherche à étudier le lien entre exemple, -(un élément de dispositif argumentatif), exemplarité, -(un idéal à atteindre)- et littérature de contrebande, -(fournisseur de modèles de résistance)-, productrice de l’archétype de l’opposant à toute forme d’oppression et d’injustice et ce à travers les personnages du marginal, du brigand et de l’agitateur. Il s’agit d’étudier l’écriture de l’exemplarité vs banditisme dans la littérature dite de contrebande.

Jeter le pont entre littérature de contrebande et exemplarité n’est donc pas étrange …Outre qu’il permet l’analyse des spécificités de chacune d’entre elles, il sous-tend la question des modes de production et de réception de l’œuvre littéraire ; celle du rapport entre la littérature et l’idéologie ou encore la question de la lisibilité et de l’hermétisme du texte littéraire.

Ce projet de recherche ambitionne d’intéresser plusieurs disciplines et de solliciter des lectures de l’exemple et de l’exemplarité de différents angles de vue. Les communications pourraient répondre, mais ne sont pas limitées, aux  pistes de réflexion suivantes :

  • Entre exemplarité morale et exemplarité esthétique
  • Exemplarité et banditisme dans la littérature

-     Portrait du hors-la-loi (bandit, rebelle, anti-héros,  insurgé, marginal, picard)

-    La littérature de contrebande : pratique subversive et / ou fabrique du modèle

-    L’écriture de la contrebande : de l’exemple à l’exemplarité

 

Bibliographie :

- ARAGON, Louis. « Un théâtre de contrebande, quelques hypothèses  sur Vitez et le communisme », Sociétés et Représentations, Publication de la Sorbonne, n°11, 2001, p. 382.

- BARTHES, Roland. « L’Ancienne rhétorique. Aide-Mémoire », Communications, n°16, 1970.

- BETTS, Madeleine. La poésie de Résistance, Université Ottawa, 1963.

- BOUJU, Emmanuel, Alexandre Gefen, Guiomar Hautcoeur et Marielle Macé [dir.]. Littérature et exemplarité, Rennes, Presses universitaires de Rennes (« Interférences »), 2007.

- BREMOND, Claude, Jacques le Goff et Jean Claude Schmitt. L’exemplum, Brepols, Turnhout (Belgique), 1982.

- FEDERINI, Fabienne. Ecrire ou combattre : des intellectuels prennent les armes (1942-1944), Paris, La découverte, 2006.

- GIORDANO, C. La fabrication de l’exemplarité, Edition de la Maison des Sciences, 1998.

- MATHIEU Francis, Alchimie rhétorique et morale : l’exemplarité dans le roman de l’âge classique et des Lumières, University of California, Santa Barbara, 2007.

- SAPIRO, Gisèle, La guerre des écrivains (1940-1953), Fayard, 1999.

- SEGHERSS, Pierre. La Résistance et ses poètes, (France 1940-1945), Poésie Seghers, 2004.

 

Comité scientifique : Ali Abassi, Philippe Antoine, Noël Benhamou, Arbi Dhifaoui, Chabane Harbaoui, Fadhila  Laouani, Françoise Laurent, Abdallah Mdarhri Alaoui, Alain Montandon, Kamel Skander, Sonia Zlitni-Fitouri.

 

Comité d’organisation : Mariem Ahmed, Raoudha Allouche, Arselène Ben Farhat, Taeib Hajsassi Salwa Taktak.

Délai d’envoi des propositions (avec une notice biographique) : 30 octobre 2014 à allraoudha@yahoo.fr

Date limite de réponse et de confirmation : 31 novembre 2014

Remise des articles : 31 avril 2015

Responsable : Raoudha Allouche et Salwa Taktak