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Une virile imposture. Construction du jeune homme en littérature (Montréal)

Une virile imposture. Construction du jeune homme en littérature (Montréal)

Publié le par Marc Escola (Source : Émilie Bauduin)

COLLOQUE

« Une virile imposture. Construction du jeune homme dans la littérature »

Université du Québec à Montréal

Montréal, 17-18-19 octobre 2018

Diffusion en simultané sur : 

http://oic.uqam.ca/fr/evenements/une-virile-imposture-construction-du-jeune-homme-dans-la-litterature

 

Force, courage, sens de l’honneur, goût de la conquête, de la gloire, sens du sacrifice, patriotisme, valeur de la belle mort (au combat et héroïquement), contrôle de soi, puissance sexuelle, etc. Il en faut beaucoup pour être un homme, un «vrai». Ou plutôt, il en faut beaucoup pour être un homme viril.

Bâtie à coup de stéréotypes, la virilité semble bien une construction sociale toujours historiquement située et utilisée pour théoriser la supériorité du masculin sur le féminin. Mais pour la philosophe Olivia Gazalé, les femmes ne sont pas les seules victimes de ce mythe de la virilité. Les oppresseurs seraient eux aussi oppressés par leur propre outil de domination [Gazalé, 2017]. Les hommes, constamment contraints de faire la preuve de leur masculinité, tentent de répondre tant bien que mal aux injonctions qu’imposent les stéréotypes de la virilité. Réduits à un nombre limité de caractères et de valeurs supposés les consacrer en tant qu’hommes, ils sont amputés d’une grande partie de leur vie psychique, sociale et familiale. Les masculinités gagneraient ainsi à s’emparer, comme les féministes l’ont fait et continuent de le faire, du profond travail de déconstruction des lieux communs et stéréotypes aliénants.

Pour Françoise Héritier, «l’âge d’homme, c’est le trou noir et le référent ultime» [Héritier, 1996: 303]. Notre société peine à voir et à penser les normes de la masculinité, ce qui en fait un terrain fertile pour la reproduction des rapports de genre et de pouvoir. Néanmoins, ces dernières années sont marquées par l’émergence de réflexions sur les hommes. La recherche universitaire s’empare enfin de la question et remet en cause le supposé état de crise de la virilité.  

L’anthropologue Mélanie Gourarier émet l’hypothèse que l’état de crise serait constitutif de la virilité et ne serait, non pas la marque de son affaiblissement, mais l’outil de son affermissement: «la rhétorique de la crise de la masculinité […] [devrait être] ainsi appréhendée comme une ressource discursive potentiellement mobilisable, d’ailleurs historiquement mobilisée, afin de reproduire un ordre social qui, passant pour menacé, se transforme, s’ajuste et se normalise» [Gourarier, 2017: 11]. Alors, comment devenir homme quand les repères et les modèles donnés sont constamment perçus comme étant en danger?

Le mythe de la virilité et son état de crise permanent nous apparaissent ainsi, plus que jamais, une question qu'il convient de poser à la littérature puisque celle-ci se révèle être un terrain propice à leur déconstruction. Les romans font partie des rares lieux où il est possible de révéler cette imposture en mettant fin à l’idée d’une prétendue transparence et essentialité de la virilité. Ils appuient sur les zones d’ombre qui entourent ce mythe en mettant en scène, non pas une virilité triomphante, mais une virilité du désarroi.

À partir d'angles critiques divers (ethnocritique, sociocritique, psychanalytique, historique, philosophique, etc.), ce colloque entend interroger la place de la littérature dans ce travail de déconstruction. Comment se façonne l’identité individuelle et sociale du jeune homme face aux injonctions à la virilité dans les textes? Comment les œuvres littéraires éprouvent le modèle pour exposer l'imposture qu’est la virilité? La littérature peut-elle être un lieu de reconfiguration de la masculinité face aux changements sociétaux?

 

Programme

 

MERCREDI 17 OCTOBRE

Matinée : Local J-4225, Pavillon Judith-Jasmin, Université du Québec à Montréal (405, rue Ste-Catherine Est, Montréal)

9 H 15 – INTRODUCTION, Véronique Cnockaert

9 H 30 - CONFÉRENCE D’OUVERTURE

Présidence : Véronique Cnockaert

Olivia Gazalé (philosophe), « Puissance et Impuissance »

10h30- Pause

10 H 45

SÉANCE 1

La valence des sexes : mythes et désir

Présidence : Anne Élaine Cliche

Alexis Lussier (UQAM), « J. W. von Goethe et la malédiction du désir »

Rachel Corkle (City University of New York), « Apprendre et désapprendre à être homme dans Gabriel de George Sand »

12h- Repas (D-R200, Pavillon Athanase-David, 1430 rue Saint-Denis, Montréal)

14 H

SÉANCE 2

Sous les redingotes

Présidence : Chiara Piazzesi

Nigel Lezama (Brock University), « La Maigritude : la masculinité en crise et en silhouette »

Émilie Bauduin (UQAM), « Virilité et intimité : Quand les hommes vont au cabinet de toilette chez Zola »

15h10- Pause

15 H 25

SÉANCE 3

La puissance en berne

Présidence : Chiara Piazzesi

Charlotte Coutu (UQAM/Université de Tempere, Finlande) et Kasimir Sandbacka (Université d’Oulu, Finlande), « L’apprentissage de la masculinité ou l’échec de la performance dans les nouvelles de Rosa Liksom »

Sophie Audousset (Université Concordia) et Simon Lévesque (UQAM), « Virilité et impuissance chez Michel Leiris : regards croisés sur L’Afrique fantôme et L’âge d’homme »

19 H

Théâtre Sainte-Catherine (264, rue Sainte Catherine Est)

Projection-débat Les Garçons sauvages de Bertrand Mandico.

Discussion animée par Jacques Pierre (UQAM)

 

JEUDI 18 OCTOBRE

D-R200, Pavillon Athanase-David, 1430 rue Saint-Denis, Montréal

9 H 30

SÉANCE 4

Mâles initiés et mal initiés

Présidence : Véronique Cnockaert

Marie Scarpa (LEAL/Figura/CREM, Université de Lorraine), « Roman et "procès en virilisation" : l'exemple de Flaubert »

Simon Lanot (UQAM/Université de Lorraine), « Il n’est pas bon que l’homme soit seul. Les Natchez de Chateaubriand ou la virilité inachevée »

Sophie Ménard (LEAL/Figura, UQAM), « L’homme qui enfante, ou comment "donner à la peinture toute sa virilité" (L’Œuvre de Zola) »

11h45- Repas

13 H 30

SÉANCE 5

Faire exister le père

Présidence : Bertrand Gervais

Guy Larroux (Université de Toulouse), « Livre du père, place du fils »

Jordan Diaz-Brosseau (UQAM), « Les lecteurs orphelins : paternité, littérature et identité virile dans La Confession d’un enfant du siècle et Louis Lambert »

Ferdinand Laignier (Université de Corse), « La révolte des fils dans l’œuvre de Marcu Biancarelli, de Michel Houellebecq et d'Angelo Rinaldi »

16h- Pause

16 H 15

SÉANCE 6

Masculin/Masculinités

Présidence : Mathieu Boisvert

Thomas Carrier-Lafleur (Université de Montréal), « “Lui si féru de virilité”. Souvenirs de Charlus et mythologie du jeune homme dans le cinéma de Luchino Visconti »

Daniel Maroun (Université d’Illinois), « La virilité queer à travers la littérature du SIDA de Guillaume Dustan et Erik Rémès »

 

VENDREDI 19 OCTOBRE

D-R200, Pavillon Athanase-David, 1430 rue Saint-Denis, Montréal

9 H 15

SÉANCE 7

L’instrument de l’État

Présidence : Rachel Chagnon

Brigitte Krulic (Université Paris-Nanterre), « Le lycée de la République, ou comment dresser le "troupeau de jeunes mâles" (Les Déracinés, Maurice Barrès) »

Denis Jeffrey (Université Laval), « Les effets délétères des pratiques scolaires virilistes de jeunes garçons québécois »

Quentin Le Pluard (Université de Bretagne occidentale), « La virilité dans la sphère juridique, approche comparée des droits civil et canonique »

11h- Pause

11h15

SÉANCE 8

L’arme des hommes

Présidence : Véronique Cnockaert

Maxime Foerster (Université méthodiste du Sud, Dallas), « “Érection ou défaite de la masculinité? La représentation du duel dans la littérature française »

Sergio Coto-Rivel (Université de Nantes), « Masculinités d’après-guerre en Amérique centrale : violence et hyper-masculinité dans l’œuvre d’Horacio Castellanos Moya »

12h30- Repas

14 H

SÉANCE 9

Choc des cultures, choc des classes

Présidence : Jacques Pierre

Marie-Ève Laurin (CÉGEP Saint-Laurent), « La virilité comme lecture fantasmatique d’une dynamique des peuples dans La Pelle [La Peau] (1949) de Curzio Malaparte »

Marion Caudebec (Université de Toulouse/UQAM), « Dur d’être un “dur” : faire le garçon dans En finir avec Eddy Bellegueule »

15h10- Pause

15 H 30

CONFÉRENCE DE CLÔTURE

Présidence : Rachel Chagnon

Mélanie Gourarier (CNRS, Legs/Université Paris 8), « Défaire la crise des masculinités. Penser le changement social dans une perspective féministe »

16 H 30 - Clôture du colloque