Prédication et noblesse: réseaux, discours et stratégies de légitimation dans la monarchie hispanique XVe-XVIIIe s. (Paris)
Prédication et noblesse:
réseaux, discours et stratégies de légitimation dans la monarchie hispanique (XVe-XVIIIe siècle)
Paris, Collège d’Espagne / Cité universitaire et ICP
Du 08/01/2019 - 15:00 au 09/01/2019 - 17:00
Responsables scientifiques :
Águeda GARCÍA-GARRIDO/ Alejandra TESTINO-ZAFIROPOULOS
Jaume GARAU/ Fernando NEGREDO/ Susana TRUCHUELO
Les travaux sur la prédication ont pris, depuis une vingtaines d’années, une place importante dans le domaine de la recherche en Histoire et en Philologie, créant ainsi un espace propice à l’interdisciplinarité méthodologique. D’une manière générale, la prédication dans la monarchie hispanique a été considérée d’une part, comme un acte de communication visant à « remodeler » la religiosité populaire et d’autre part, comme un exercice de sociabilité publique ou un spectacle destiné au « disciplinement » social (Sozialdisziplinierung) et à l’enseignement doctrinal des fidèles.
Parallèlement à ces objectifs qui concernent l’édification morale et l’instruction doctrinale, les études les plus récentes ont insisté sur l’importance de la prédication dans la création et le développement de réseaux sociaux, tout particulièrement parmi les nobles, mais aussi sur l’enjeu du ministère de la parole dans l’analyse de la mobilité ecclésiastique. Il faut se rappeler ici qu’à partir de 1613 -année marquée par les remous produits par la polémique immaculiste en Andalousie-, plusieurs orateurs nourrissent de leur réflexion le débat sur la pureté de sang qui vient légitimer le lignage de la noblesse espagnole véritable. D’autres orateurs ont réussi à faire carrière grâce à leurs relations étroites avec ces réseaux nobiliaires, faisant ainsi des Grands d’Espagne les destinataires privilégiés de leurs prédications. L’augustin Juan de Castro (1547-1611) reçut ainsi la mitre de Santa Fe de Bogotá en 1608 grâce aux bons rapports qu’il entretenait avec la noblesse palatine. Le dominicain Francisco de Posadas (1644-1713) se servit de l’influence des marquis de Las Escalonias ou du IXe duc de Medina Sidonia pour s’assurer l’entrée au couvent d’Escalaceli, à Cordoue.
En prenant en compte les nouvelles approches épistémologiques dans le domaine de l’histoire sociale et à la lumière des différentes sources que l’on peut mobiliser pour approfondir ce champ de recherche (administratives, juridiques, littéraires ou religieuses), la prédication peut également être conçue comme une voie de promotion sociale garantissant à l’orateur une position stratégique dans son univers ecclésial. En partant de ces considérations interdisciplinaires, nous nous attacherons à examiner tout au long de ce colloque, les différents aspects de l’influence exercée par les ministres de la parole dans le processus de légitimation de la noblesse espagnole. L’étude des stratégies et des discours déployés par les ministres de la parole dans l’Espagne de l’Ancien Régime, contribuera à apporter un éclairage nouveau aux questions suivantes : quels furent les recours employés en chaire pour la défense de la noblesse ? Quels furent les prédicateurs qui réussirent à pénétrer les cercles nobiliaires ? Quel intérêt put avoir la noblesse en promouvant les prédicateurs ? Furent-ils alors les véritables « bastions » de l’immobilisme social pendant l’Ancien Régime ?
Ce colloque s’inscrit parfaitement dans le programme de recherche transversal que l’équipe ERLIS développe à travers ses axes (Axe 1 : « Mémoires et imaginaires collectifs » et Axe 2 : « Circulations, influences et réceptions »). En outre, ce colloque constitue la première activité scientifique réalisée conjointement avec l’Instituto de Estudios Hispánicos de la Modernidad (IEHM), institution avec laquelle l’Université de Caen a tout récemment signé un accord de collaboration scientifique. L’ICP de Paris se joint également à ce projet de recherche en participant à l’organisation de cette rencontre.
Presentación (en español):
El estudio de la predicación ha ido ganando terreno en el ámbito por el que se mueven historiadores y filólogos durante los últimos veinte años, generando una fuerte tendencia a la imbricación metodológica y la interdisciplinariedad focal. Desde las distintas áreas de conocimiento, la predicación en la monarquía hispánica ha sido considerada un acto de comunicación para remodelar la religiosidad popular, un ejercicio de sociabilidad pública o un espectáculo destinado al “disciplinamiento” moral y la enseñanza doctrinal de los fieles.
Paralelamente a los objetivos vinculados con la edificación moral y la instrucción doctrinal, los estudios más recientes han insistido en la importancia de la predicación para la creación de redes sociales, principalmente en el ámbito nobiliario, o el peso del ministerio de la palabra en el análisis de la movilidad eclesiástica. Recordemos que, a partir de 1613, año que marca el estallido de la polémica inmaculista en Andalucía, muchos oradores alimentan el debate sobre la limpieza de sangre que legitima el linaje de la auténtica nobleza española. Otros llegaron a medrar gracias a sus conexiones con el entramado nobiliario, convirtiendo a los Grandes de España en los primeros destinatarios de sus prédicas. El agustino fray Juan de Castro (1547-1611), alcanzó la mitra de Santa Fe de Bogotá en 1608, gracias a sus buenas relaciones con la nobleza palatina. El dominico Francisco de Posadas (1644-1713), se sirvió de la influencia de los marqueses de Las Escalonias o del IX duque de Medina Sidonia para garantizar su entrada en el convento cordobés de Escalaceli.
Desde los nuevos enfoques epistemológicos de la historia social y a la luz de nuevas fuentes utilizadas (administrativas, jurídicas, literarias o religiosas), la predicación también puede entenderse como una vía de promoción social que garantiza al orador una posición estratégica dentro de su universo eclesial. Partiendo de este planteamiento interdisciplinar, en este coloquio pretendemos incidir en la influencia que ejercieron los ministros de la palabra en el proceso de legitimación de la nobleza española. El estudio de las estrategias y discursos que esgrimieron los ministros de la palabra en la España del Antiguo Régimen podría aportar luz nueva a las siguientes preguntas: ¿Cuáles fueron los recursos empleados desde el púlpito en defensa de la nobleza? ¿Qué predicadores consiguieron penetrar mejor en los círculos nobiliarios? ¿Qué intereses podía extraer la nobleza promocionando a los predicadores? ¿Fueron estos los auténticos baluartes del inmovilismo estamental durante el Antiguo Régimen?
Este coloquio se inscribe perfectamente en el programa de investigación transversal que el ERLIS desarrolla a través sus dos ejes principales (Axe 1: « Mémoires et Imaginaires collectifs » et Axe 2: «Circulations, influences et réceptions»). Asimismo, supone la primera actividad realizada junto con el Instituto de Estudios Hispánicos de la Modernidad (IEHM), institución con la que la Universidad de Caen ha firmado recientemente un convenio de colaboración. El ICP de París se une igualmente a la organización de este encuentro.