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Les arts du spectacle dans le monde africain (Festival International du Théâtre Universitaire d’Agadir)

Les arts du spectacle dans le monde africain (Festival International du Théâtre Universitaire d’Agadir)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Makach Zohra)

COLLOQUE INTERNATIONAL

« Les arts du spectacle dans le monde africain »

Festival International du Théâtre Universitaire d’Agadir (23e édition FITUA)

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines

Université Ibn Zohr-Agadir (MAROC)

29-30-31 mars 2018

 

Dans le cadre de sa 23e édition, le Festival International du théâtre universitaire d’Agadir (FITUA) organise, du 29 au 31 mars 2018, un colloque international autour du thème « Les arts du spectacle dans le monde africain ».

Les idées colportées par François Victor Equilbecq depuis 1914 et reprises plus tard par Robert Cornevin (Le Théâtre en Afrique et Madagascar, 1970) et Alain Ricard (L’Invention du théâtre en Afrique) ont fait croire que le continent noir n’a connu le théâtre qu’avec la colonisation et la civilisation occidentale. Cependant, en se référant à l’anthropologie sociale et aux pratiques cultuelles et rituelles inhérentes à toute société, la pratique spectaculaire s’inscrit dans ce fond ludique qui caractérise l’esprit humain comme pendant au sacré et comme ferment social. Ainsi, avant la fameuse mission civilisatrice qui aurait apporté le théâtre aux peuples africains, des activités festives combinant sacré et profane dans une configuration ludique existent avec d’un côté regardés et de l’autre regardants pour s’affranchir du temps, des aléas du quotidien, se rapprocher du noumèn ou encore (re)vivre la fusion avec le monde de l’invisible pour les guérisons, la gratitude envers les ancêtres, les Dieux, etc.

D’obédience populaire, cette dramaturgie exprime toujours un mouvement collectif, soucieuse de reconstituer la vie sociale, religieuse, voire politique en dénonçant les injustices et les abus avec humour et délectation. C’est l’exemple du Koteba bambara, du Vichekesho tanzanien, du Didiga, du Kinguizila, théâtre de la guérison, du Nkoloba, théâtre de marionnette en milieu kongo, le Mvet chez les Bulu, les Fang, les Beti, ou de l’Egungun en milieu yoruba et mina. Cette dramaturgie de l’expérience collective, tout en assurant la permanence et l’unité de la communauté, répond à des critères esthétiques dont le théâtre à l’occidentale de langues anglaise, française ou espagnole va tirer largement profit. Avec la politique du Direct et du Indirect, Rule en vigueur dans les colonies anglaises et plus tard le rôle non négligeable joué par l’Ecole Normale Fédérale William-Ponty – créée à Saint-Louis en 1903 puis transférée sur l’Ile de Gorée en 1913- dans les colonies françaises, le théâtre écrit s’est progressivement institué en art aussi bien populaire et total qu’en art pour l’élite.

Les années 1970, virent, dans la plupart des pays africains, l’installation des régimes dictatoriaux qui imposèrent une censure sur les créations artistiques et persécutèrent les dramaturges, récalcitrants, les obligeant à aller chercher ailleurs d’autres horizons artistiques plus propices à la création, essentiellement en Europe et en Amérique. C’est ainsi qu’à partir des années 1980, des manifestations comme le Festival International des Francophonies en Limousin ou le Théâtre International de Langue Française en France, l’Imbu Repertory Theatre aux USA, devinrent des tremplins pour nombre de dramaturges africains et participèrent à la reconnaissance de dramaturges tels Amadou Koné, Senouvo Agbota Zinsou ou Sony Labou Tansi.

Néanmoins, si cette génération, dont le talent est indéniable, a pu grâce au soutien des structures occidentales accéder à la notoriété et avoir une certaine visibilité internationale, il lui a souvent été reproché le fait d’être restée malgré tout prisonnière des « cahiers de charges » imposés par les bailleurs de fonds occidentaux qui n’hésitaient pas à les influencer dans leurs choix esthétiques voire idéologiques.

L’Europe devient, ainsi, une instance de légitimation incontournable et un passage obligé à tout dramaturge africain voulant accéder à la notoriété, quelquefois même dans son propre pays. C’est pour cette raison qu’un grand nombre de talentueux dramaturges africains dont les œuvres sont d’une grande originalité mais dont le profil n’est pas celui recherché par les « instances de légitimisation occidentales » sont quasi-inconnus du grand public et même des spécialistes du théâtre.

Aujourd’hui, la scène théâtrale africaine voit l’émergence d’une nouvelle génération qui a commencé à éclore depuis les années 1990. Une génération dont les « expressions dramatiques encore inouïes obligeaient les spectateurs à d’autres rendez-vous, loin des contes, des pagnes, des tam-tams, des baobabs pour aller à la rencontre d’une Afrique contemporaine urbaine, loin de la nonchalance et la douceur de vivre, une Afrique violente, révoltée, décapante dont la parole se fait sulfureuse, une Afrique hors d’Afrique, une Afrique aussi bien européenne qu’américaine, une Afrique qui n’a plus les attributs d’une altérité que lui impose traditionnellement l’Occident, une Afrique qui se réinvente »[1]

La scène théâtrale africaine contemporaine est plus diversifiée et plus vivante que ce que laisse voir les rares créations qui bénéficient d’une certaine visibilité sur la scène mondiale. Une jeune génération de dramaturges africains a émergé ces dernières décennies, bousculant les certitudes et les idées reçues, proposant de nouvelles dramaturgies, questionnant le monde et les cultures dominantes, et inscrivant leurs œuvres dans l’histoire contemporaine du théâtre mondial. Sans aucun souci d'exotisme, le théâtre contemporain africain utilise la musique, la danse et le chant au cœur des œuvres. Ces expressions artistiques cessent d'être des éléments marginaux de l'action pour devenir gestes ou paroles à part entière. C'est particulièrement frappant dans les pièces de dramaturges africains contemporains[2].

   D’ailleurs, l’un des représentants de cette nouvelle génération, militant pour l’émergence d’un nouveau théâtre africain, Dieudonné Niangouna, s’insurgea récemment contre le choix des programmateurs du dernier festival d’Avignon (2017). Selon lui : « inviter un continent sans sa parole est inviter un mort ». Le choix retenu par le « focus Afrique » a privilégié les spectacles de danse et de chant au détriment des créations d’auteurs dramatiques. Exclure les arts du texte peut être compris comme un déni. Le choix de la 71e édition d’Avignon est, donc, très révélateur d’une certaine représentation que le monde occidental se fait encore aujourd’hui du théâtre africain.

L’objectif du présent colloque est de questionner l’autonomie et l’anatomie de la dramaturgie africaine dans ses configurations de théâtre à texte, théâtre-canevas dont le jeu repose sur quelques idées-forces inspirées des contes, des rites… et de théâtre alternatif à mi-chemin entre le cinéma et la pratique théâtrale. Il s’agit spécifiquement d’étudier l’historiographie, les innovations esthétiques, idéologiques, culturelles au cœur de chacune de ces formes de pratiques spectaculaires, de même que les grandes figures et les œuvres majeures qui les incarnent.

Plusieurs axes de réflexion peuvent être suggérés :

Les propositions de communication pourront s’inscrire dans l’un des axes suivants (d’autres axes peuvent néanmoins être proposés s’ils s’inscrivent dans le thème général du colloque) :

  • Le croisement des cultures dans les théâtres africains
  • Les arts de la scène africaine : traditions et oralité
  • Le théâtre épique négro-africain
  • Quelle diversité culturelle sur les scènes africaines ?
  • Le Théâtre africain francophone et sa diaspora
  • Les langues du théâtre et le théâtre des langues
  • Les arts de la scène dans le théâtre nord-africain
  • Ecriture et création au féminin en Afrique
  • Le théâtre africain et la censure
  • Comment écrire et mettre en scène l’Afrique aujourd’hui ?
  • L’hétérogénéité comme marque d’authenticité dans le théâtre africain
  • Théâtre africain et théorie postcoloniale
  • Le théâtre africain et le monde arabe
  • Théâtre africain : intertextualité et intermédialité

Soumission de la candidature et délais

L’appel à communication s’adresse aussi bien à des chercheurs qu’à des doctorants relevant de l’ensemble des disciplines des sciences humaines et sociales, de l’histoire de l’art, Études théâtrales et Arts du spectacle etc.

Les propositions de communications (en français, en anglais, en arabe) sont attendues avant le mardi 30 octobre 2017 aux adresses emails suivantes :

zohramakach15@gmail.com.

Omar.Fertat@u-bordeaux-montaigne.fr

 

Les propositions de communication ne doivent pas excéder les 3000 signes et devront être accompagnées d’une courte biographie de l’auteur (nom, prénom, affiliation, courriel, intérêts de recherche, titres de publications). Les candidatures retenues seront annoncées au plus tard le 10 novembre 2017.

Pour les propositions retenues, une version intégrale des communications est à envoyer avant le 10 janvier 2018.

Les  interventions qui seront sélectionnées par le comité scientifique feront l’objet d’un volume à paraître avant la date du colloque. Les actes seront distribués pendant la 23ème édition du FITUA.

L'inscription au colloque est gratuite. Le comité d’organisation prendra en charge l’hébergement et la restauration pendant la période du festival (du 29 au 31 mars 2018). Les frais de transport sont à la charge des participants.

Coordination du colloque

  • Zohra MAKACH (Faculté des Lettres et des Sciences Humaines- Université Ibn Zohr-AGADIR)
  •  Omar FERTAT (Université Michel de Montaigne-Bordeaux3)

Comité scientifique

  • Ayayi Togoata APEDO-AMAH
  • Azze-Edine BOUNIT (Université Ibn Zohr –Agadir)
  • Hanan ESSAYDI (Université Cadi Ayyad – Marrakech)
  • Omar FERTAT (Université Bordeaux - Montaigne)
  • Zohra MAKACH (Université Ibn Zohr-Agadir)
  • Khalid AMINE (Université Abdelmalek Essaadi- Tétouan)
  • Sélom GBANOU (Université de Calgary Canada)
  • Pierre KATUSZEWSKI (Université Bordeaux- Montaigne)
  • Marjorie BERTIN (Nouvelle Sorbonne-Paris III)
  • Brahim HOUBAN (Université Ibn Zohr-Agadir)

 

Responsable du colloque

  • Zohra MAKACH (Université Ibn Zohr-Agadir – Maroc)
  • Omar FERTAT (Université Michel de Montaigne-Bordeaux 3- France)

Adresse

Faculté des Lettres et des Sciences Humaines BP 29/S 80000 Agadir-Maroc

Tél.212-528220878-528220558 Fax. 212-528221620

http://www.flsh-agadir.ac.ma/

 

 

[1] Sylvie Chalay introduction au livre Nouvelles dramaturgies d’Afrique noire francophone, Rennes, Presses universitaires de Rennes, 2004, p. 15.

[2] Comme Dieudonné Niangouna (Congo), Léandre Baker (Congo-Brazzaville), Kossi Efoui (Togo), Koulsy Lamko (Tchad), José Pliya (Bénin), Caya Makhélé (Congo-Brazzaville), Moussa Konaté (Mali), Koffi Kwahulé et Elie Liazéré (Côte d’Ivoire), Ousmane Aledji (Bénin), Mercédès Fouda (Cameroun), Elie Liazéré (Côte d’Ivoire), Michèle Rakotoson et Jean-Luc Raharimanana (Madagascar), Marcel Zang (Cameroun), Ousmane Aledji, Florent Couao-Zotti ; Marcel Zang, Kuam Tawa, Mercédès Fouda (Cameroun) ; Kagni Alem, Rodrigue Norman (Togo), Youssouf Elmi Djibouti ; Ludovic Obiang (Gabon)….