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La Hantise dans le récit bref et ses adaptations / Haunting in Short Fiction and its Adaptations

La Hantise dans le récit bref et ses adaptations / Haunting in Short Fiction and its Adaptations

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Michelle Ryan-Sautour)

Colloque International : La Hantise dans le récit bref et ses adaptations

20-21 novembre 2015, Université d’Angers, France

(Edge Hill University, Université de Louvain, Université du Mans, Université de Nantes et European Network for Short Fiction Research)*

 

La nouvelle est de longue date le genre privilégié des récits de spectres et des récits hantés : histoires de fantômes, contes folkloriques, contes de fées ou légendes. Le récit court semble en effet un lieu de prédilection pour exprimer le surnaturel. Comme le remarque Elizabeth Bowen dans la préface à son recueil de nouvelles A Day in the Dark and Other Stories, la place qu’occupe le « surnaturel » dans ses nouvelles est singulière et sa transposition dans un roman serait impossible, pour des raisons d’ordre éthique. Dans l'essai “The Flash of Fireflies” (1968), Nadine Gordimer fait également observer que le genre de la nouvelle navigue en eaux troubles, entre surnaturel et rationnel. Elle affirme que l’imaginaire fantastique est beaucoup plus convaincant sous la plume d’un écrivain de nouvelles que sous celle d’un romancier, car le surnaturel « ne devrait illuminer que brièvement la situation qu’il domine ».

Ces dernières décennies, de nombreux textes théoriques ont été écrits autour de la figure du fantôme à mesure que la conceptualisation et l’usage métaphorique des termes anglais « haunting » et « spectrality » prenaient de l’ampleur. Dans The Spectralities Reader: Ghosts and Haunting in Contemporary Cultural Theory (2013), Maria del Pilar Blanco et Esther Peeren ont notamment souligné ce que certains critiques ont appelé le « tournant spectral ». Selon ces chercheurs, le concept s’est répandu dans le domaine des sciences humaines : « Sous leur nouveaux atours spectraux, certains traits des fantômes et leur capacité à hanter – par exemple leur capacité à occuper des situations liminales entre visible et invisible, vie et mort, matériel et immatériel, ainsi que leurs liens avec des émotions puissantes telles que la peur et l’obsession – ont été utilisés dans le domaine des sciences humaines et sociales pour théoriser un vaste champ de questions aussi bien sociales qu’éthiques ou politiques. »

Indirecte par nature, la nouvelle est le genre de prédilection pour aborder ce concept élargi de « spectralité », dans la mesure où elle souligne les effets de l’implicite et de la métaphore et joue avec la zone floue entre visible et invisible. C’est donc une forme qui semble particulièrement hantée. Dans I Am Your Brother (2013), Charles May cite Barry Pain, selon qui le caractère bref de la nouvelle crée une « intensité » particulière qui pique la curiosité, suggère plus qu’elle ne dit et, précisément, hante le lecteur. Il parle d’un « enchaînement nourri et saisissant d’incidents » qui renforce particulièrement cet effet. Nicholas Royle a aussi parlé de formes fantomatiques (« spooking forms ») (2004), renvoyant à « l’effet unique » (« single effect ») d’Edgar Poe et permettant de réfléchir à la force esthétique de ce qui hante l’esthétique de la nouvelle. Comme l’a fait remarquer Ailsa Cox, la lecture est alors orientée vers « ce qui demeure caché et obscur, le silence ou les ellipses », qui sont les caractéristiques fondamentales de la nouvelle. En 2004, un numéro de l’Oxford Literary Review était consacré à la « nouvelle aveugle », suggérant ainsi ce qui y est invisible et pourtant bel et bien présent.

Cette absence-présence est au cœur des phénomènes qui hantent, à l’image des Spectres de Marx de Derrida ou des recherches en lien avec la mémoire ou la perte dans le champ des études sur le traumatisme.

Le terme « hanté » ou « hantise » évoque aussi les manifestations spectrales du mythe dans la nouvelle (Charles May). Les pratiques contemporaines de réécriture dans la nouvelle créent de la même manière une impression de hantise et de spectralité, en ce sens que des sources intertextuelles et palimpsestiques rôdent souvent sous la surface des textes contemporains. Ces concepts de hantise et de spectralité peuvent aussi être compris dans le contexte du numérique et de l’expérience virtuelle, ainsi que dans celui de l’adaptation cinématographique.

Ce colloque propose donc d’étudier les différentes manières dont la nouvelle et ses avatars investissent l’idée nomade et fluctuante de tout ce qui hante :

  • qu'est-ce que la hantise dans les récits brefs traditionnels (histoires de fantômes, contes folkloriques et contes de fées) et leur reprise dans les récits contemporains ?
  • quel est le rapport entre la hantise et la dimension liminale ou transfrontalière de la nouvelle ?
  • comment cette notion de hantise peut-elle être appréhendée dans le contexte des théories littéraires récentes sur la spectralité ? (cf. Derrida et d’autres théories récentes) ?
  • qu'est-ce que la hantise dans le champ de la stylistique (l’implicite, la métaphore, l’ellipse, etc.) ?
  • comment peut-on définir la hantise dans les champs du mythe, voire du sacré ?
  • quels liens peut-on établir entre la hantise et les concepts d’identité et/ou de présence auctoriale ?
  • comment la hantise peut-elle intégrer la théorie du traumatisme ?
  • comment la hantise se transfère-t-elle de la nouvelle à la page graphique, au grand écran, au théâtre, à l’opéra, etc. ?
  • Comment le verbe « hanter » fait-il sens dans les fictions brèves qui abordent l’identité de genre (gender) ?

Modalités de participation

Toute proposition sur la nouvelle dans un contexte transnational est particulièrement bienvenue, en particulier les propositions portant sur des nouvelles écrites dans une langue autre que l’anglais.

Les propositions de 300 mots en vue d’une communication de 20 minutes en anglais ou en français doivent être adressées à Michelle Ryan-Sautour (michelle.ryan-sautour@univ-angers.fr); Ailsa Cox (Coxa@edgehill.ac.uk); et Elke D’hoker (elke.dhoker@arts.kuleuven.be) d’ici au 15 mai 2015.

Les contributeurs doivent aussi adresser une courte notice biographique indiquant leur affiliation institutionnelle. Un programme provisoire du colloque sera publié en juin 2015.

 

Les actes du colloque seront publiés dans un numéro spécial de la revue à comité de lecture Short Fiction in Theory and Practice:

http://www.intellectbooks.co.uk/journals/view-Journal,id=196/

Une sélection d’articles sera également publiée dans une section spéciale de Journal of the Short Story in English

(http://jsse.revues.org/)

Pour plus de renseignements sur le European Network for Short Fiction Research, consulter :

http://ensfr.hypotheses.org/

 

*organisé par le CRILA en collaboration avec Edge Hill University (R.-U.), l’Université de Louvain (Belgique), le 3LAM de l’Université du Maine (France), l’Université d’Angers (France) et le CRINI de Université de Nantes (France).

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 Call for Papers

International Conference: Haunting in Short Fiction and Its Adaptations

20-21 November 2015, University of Angers, France

(with Edge Hill University, University of Leuven, University of Le Mans, University of Nantes and the European Network for Short Fiction Research)

 

There is a long tradition of haunting in short fiction, often appearing in the form of ghost stories, folk tales, fairy tales, and legends. Short narrative indeed appears to embrace the supernatural. Elizabeth Bowen explains, for example, in the preface to A Day in the Dark and Other Stories that while she uses “the supernatural” in her short stories, she considers it “unethical’ to do so in a novel. In “The Flash of Fireflies” (1968), Nadine Gordimer similarly observes how short fiction navigates the uneasy borders of the supernatural and the rational world, explaining how “Fantasy in the hands of short story writers is so much more successful than when in the hands of novelists because it is necessary for it to hold good only for the brief illumination of the situation it dominates.”  

Over the last few decades we have witnessed an expansion of the ghost figure towards a broader conceptualization and metaphorical use of “haunting” and “spectrality.” Maria del Pilar Blanco and Esther Peeren’s The Spectralities Reader: Ghosts and Haunting in Contemporary Cultural Theory (2013), attests to what some critics have identified as the “spectral turn.” These scholars explain how the concept has spread through the humanities: “In their new spectral guise, certain features of ghosts and haunting—such as their liminal position between visibility and invisibility, life and death, materiality and immateriality, and their association with powerful affects like fear and obsession—quickly came to be employed across the humanities and social sciences to theorize a variety of social, ethical, and political questions.”  

Short fiction, with its predominant forms of indirection, engages openly with this widening concept of spectrality, as it highlights the effects of the implicit and metaphor, and openly experiments with the dynamics of the visible and invisible. It appears to be a particularly “haunted” form. Charles May, in I Am your Brother (2013) quotes Barry Pain’s statement about the length of the short story creating “intensity” and a “curious, haunting, and suggestive quality,” and speaks of the “tight dramatic patterning of incident” that heightens this effect. Nicholas Royle has also spoken of “spooking forms” (2004), reaching back to Poe’s famous “single effect” to reflect upon the aesthetic force of haunting in short fiction, and Ailsa Cox remarks how haunting points to “that which is hidden and obscured, as silence or ellipsis,” underlining essential characteristics of short fiction. A 2004 issue of the Oxford Literary Review was similarly devoted the “blind short story,” suggesting that which is invisible, yet present.

A sense of presence in absence is one of the central paradoxes of the concept of haunting, whether it be studied in light of Derrida’s Spectres of Marx or linked to memory and loss in trauma studies. The term “haunting” also recalls the spectral manifestations of myth in short narrative (Charles May). Contemporary practices of re-writing in short fiction similarly foster a sense of haunting, as palimpsestic, intertextual sources often lurk beneath the surface of contemporary texts. The concept of haunting and spectrality can also be linked to digital media and virtual experience, as well as the dynamics of space and place and cinematographic adaptation.

This conference proposes to study the different ways in which short fiction and its intermedial adaptations engage with the fleeting, fluctuating concept of “haunting.”

We welcome presentations that address (but are not limited to) the following aspects of haunting in short fiction:

  • Haunting and the supernatural in traditional short fiction (ghost stories, folk tales and fairy tales) and in contemporary re-writings of these narratives.
  • Haunting in relation to the liminal, border-crossing dimension of short fiction
  • Haunting and literary theory (cf. Derrida and recent theories of spectrality)
  • Haunting and stylistics (the implicit, metaphor, ellipsis…)
  • Haunting and myth
  • Haunting and authorial presence and identity
  • Haunting and trauma theory
  • Haunting in short fiction and its adaptation to the arts (cinema, graphic novels, art forms, theatre…)
  • Haunting and gender

 

We are particularly open to studying short fiction in a transnational context. We therefore welcome proposals about haunting in short fiction written in other languages.

300-word abstracts for 20-minute papers in English or French should be sent to Michelle Ryan-Sautour (michelle.ryan-sautour@univ-angers.fr); Ailsa Cox (Coxa@edgehill.ac.uk); and Elke D’hoker (elke.dhoker@arts.kuleuven.be) by the15th of May 2015. Contributors should also send a short biographical note indicating institutional affiliation. A provisional conference programme will be announced in June 2015.

 

Conference proceedings will be published as a special issue of the peer-reviewed journal Short Fiction in Theory and Practice:

http://www.intellectbooks.co.uk/journals/view-Journal,id=196/

A selection of articles will also be published in a special section of Journal of the Short Story in English

(http://jsse.revues.org/)

For further information about the European Network for Short Fiction Research see:

http://ensfr.hypotheses.org/

 

*organized by the CRILA research group in collaboration with Edge Hill University, U.K. , University of Leuven, Belgium,  the 3LAM research group at Université du Maine, France and Université d’Angers, France and the CRINI research group at the Université de Nantes, France