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La féminité dans les arts hellénistiques : voix, genre, représentations (ENS Lyon)

La féminité dans les arts hellénistiques : voix, genre, représentations (ENS Lyon)

Publié le par Marc Escola (Source : Christophe Cusset)

ENS de Lyon – UMR 5189 Hisoma

Colloque international : La féminité dans les arts hellénistiques : voix, genre, représentations.

Appel à contribution

 

L’essor des mouvements féministes aux Etats-Unis, puis dans l’ensemble du monde occidental, a suscité, ces quarante dernières années, un intérêt particulier pour les questions relatives aux « voix féminines » dans les textes antiques : la poésie épique archaïque, la poésie lyrique et le théâtre classique ont été étudiés par des philologues, mais aussi des historiens et des anthropologues, à travers cette optique nouvelle. Ces travaux, notamment la synthèse de S.B. Pomeroy (1975), ont fait de la « féminité » un objet d’étude à part entière dans tous les domaines de la philologie classique : y sont comprises les questions du corps féminin, de la sexualité et de l’identité féminine, ainsi que celle de l’accès à la parole. En France, de nombreux travaux ont également été produits sur le sujet. Les plus novateurs et les plus marquants furent ceux de Nicole Loraux, qui développe dans Les enfants d’Athéna  (1981) et Les expériences de Tirésias (1989) une lecture « sexuée » de la démocratie athénienne. Assez curieusement, cependant, ces études ont pour une bonne part laissé de côté l’ensemble de la production hellénistique, alors même que l’approche de la femme et de la voix féminine connaissent à cette époque des transformations et des évolutions importantes.

Si le statut de la femme évolue de manière très sensible entre l'époque classique et l'époque hellénistique, si certaines femmes, comme Arsinoé ou Bérénice, jouent un rôle politique de premier plan dans l'Égypte lagide, peut-on dire pour autant que dans l'univers poétique alexandrin la place de la femme connaît une transformation importante ? Cette place de la femme dans la poésie alexandrine concerne essentiellement les modalités de la prise de parole féminine et des conditions dans lesquelles un discours est proféré par une instance locutrice féminine. Plus généralement, les femmes bénéficient dans la littérature hellénistique d’un traitement relativement favorable. Cela est vrai aussi bien à propos des individus « réels » — et l’on pense ici aux poétesses Anytè et Nossis —, que concernant les personnages fictifs. Dans de nombreuses œuvres, en effet, le poète-narrateur, s’il est souvent de sexe masculin, délègue sa voix à des locutrices secondaires. C’est le cas des Syracusaines de l'Idylle XV, de la magicienne Simaitha de l'Idylle II de Théocrite, mais aussi des figures d’Hypsipylé, d’Arété ou de Médée dans les Argonautiques d'Apollonios de Rhodes, ou encore Cassandre dans l'Alexandra de Lycophron.

Entre ces deux sortes de discours féminins, existe certes une certaine asymétrie : lorsque l’auteur est une femme, dans le cas des épigrammatistes, la voix de la poétesse et celles des locutrices fictives sont de même genre. Lorsque l'auteur est un homme, une frontière nette sépare toujours la voix du poète de celles des locutrices secondaires. Cette différence ne doit toutefois pas conduire à envisager séparément ces deux modes de prise de parole féminine : au contraire, étudier les caractéristiques attribuées à la parole féminine peut être le moyen de mettre en lumière les représentations auxquelles les poétesses réelles étaient confrontées, de comprendre quel rapport entretient leur œuvre avec ces représentations et quelle est l’originalité de leur positionnement poétique ou du traitement qu’elles réservent à certaines thématiques. Au-delà de cette problématique particulière, nous aimerions, dans ce colloque, interroger l’évolution de la parole féminine, tant dans son contenu que dans sa mise en scène littéraire, à une époque où, aussi bien en politique qu’en art et en science, les femmes sont plus présentes que par le passé aux côtés des hommes.

On pourra ainsi s’interroger sur le type de questions suivantes, sans que cette liste soit exhaustive :

- La dimension politique du discours féminin

- La divinisation de la femme de pouvoir

- La femme comme figure de l'altérité

- Les intertextualités du discours féminin

- Les occupations et fonctions féminines

- Les modalités discursives de la voix féminines

- L’influence du statut familial des femmes (filles, mères, épouses, concubines…) sur leur prise de parole

- L’influence du statut social de la femme sur son discours et sa représentation

- La question du féminin en face de la féminité

- L’utilisation du bi-culturalisme gréco-égyptien dans les représentations hellénistiques

 

Vous voudrez bien retourner votre proposition de communication pour le 15 février 2017 aux adresses suivantes  :

christophe.cusset@ens-lyon.fr, nadege.wolff@ens-lyon.fr, claireemmanuelle.nardone@ens-lyon.fr, pierre.belenfant@ens-lyon.fr

Votre proposition doit être composée d’un titre, d’un résumé et d’un bref CV.