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Appels à contributions
Janusz Korczak

Janusz Korczak

Publié le par Vincent Ferré (Source : Christian Morzewski)

Université d’Artois

ICEP (Institut des Civilisations & Etudes Polonaises)

Laboratoire « Textes & Cultures » (EA 4028)

Colloque Janusz Korczak : la cause des enfants

(Université d’Artois, Lens et Arras, 15 - 17 septembre 2016)

 

Pédiatre, pédagogue, enseignant, écrivain pour la jeunesse, journaliste, homme de radio, de théâtre : les entrées sont multiples pour définir ce que fut l’œuvre et finalement le seul métier du docteur Henryk Goldszmit, alias Janusz Korczak (1878-1942) : la cause des enfants. Qualifié de « plus grand humaniste du siècle dernier » par le cinéaste Andrzej Wajda, qui lui consacra un film controversé en 1990, le « Vieux Docteur » polonais dédia en effet toute son existence à promouvoir « le droit au respect des enfants » (Prawo dziecka do szacunku, 1929, titre de son essai de pédagogie le plus célèbre, véritable charte des droits de l’enfant, après Comment aimer un enfant [Jak kochak dziecko], écrit « dans le fracas des bombes » de la Grande Guerre sur le front russe).

Korczak abandonna très vite la lucrative carrière de pédiatre libéral au service de la bourgeoisie varsovienne pour fonder et diriger, à partir de 1912 et jusqu’à sa mort, plusieurs établissements recueillant de jeunes orphelins issus des classes les plus misérables du prolétariat juif et catholique. Au-delà des soins et de la subsistance qu’il leur procurait, il entreprenait de les éduquer selon les méthodes les plus anti-conformistes, prônant le droit des enfants à la désobéissance, et cherchant à transformer ces orphelinats en « républiques des enfants ». Influencé par les travaux de Pestalozzi, il fut toutefois davantage un praticien qu’un théoricien de l’éducation, faisant partie de ces médecins qui mirent leur vocation au service de la pédagogie, comme Jean Piaget, Ovide Decroly ou Maria Montessori ; son apport médico-socio-psychologique à la pédagogie n’en est pas moins considérable, et les Libres enfants de Summerhill d’A. S. Neill en sont les héritiers.

Une auréole de martyr entoure la vie et la mort de Korczak, lorsque les Nazis décident la liquidation du ghetto de Varsovie. Sans que le spectateur d’aujourd’hui connaisse toujours le nom de Korczak ni identifie la silhouette du vieil homme digne tenant par la main les enfants qu’il accompagne jusqu’au bout dans leur voyage vers les chambres de la mort du camp d’extermination de Treblinka, le 5 août 1942, cette image fait aujourd’hui partie de ces icônes que presque toutes les représentations cinématographiques de la Shoah ont fait figurer, symbole du courage et de la sincérité de son engagement dans la cause des enfants. « Si je les abandonnais maintenant, je vous ressemblerais » aurait-il répondu à un Nazi qui lui proposait de le soustraire au convoi de la mort.

Pédagogue jusqu’au bout, Korczak fut parallèlement un auteur et écrivain pour la jeunesse dont l’œuvre n’a pas fini d’interroger par son audace mais aussi son ambiguïté : les deux volumes du Roi Mathias (Le Roi Mathias 1er [Krol Macius PeirwszyI] et Mathias sur une île déserte [Krol Macius na wyspie bezludnej], 1923), mais aussi Quand je redeviendrai petit (Kiedy znow bede maly, 1924), étrange fiction didactique… Homme de théâtre, il fut aussi un homme de radio, animant à partir de 1923 les fameuses « Petites causeries du vieux docteur »  (puis, à partir de 1938, les « Conversations avec un ami ») au cours desquelles il racontait des histoires, répondait aux confidences des auditeurs, et traitait sans tabou de toutes les questions d’éducation des enfants et des adolescents. Il anima aussi plusieurs « journaux d’enfants », dont la célèbre Petite Revue (Maly Przeglad) éditée par les enfants de la « Maison de l’Orphelin » à Varsovie.

Ce sont tous les visages de cette grande figure d’écrivain, mais aussi cet engagement pédagogique et artistique dans la cause des enfants, que le colloque se donne pour projet d’interroger et de revisiter, dans une approche littéraire, mais aussi historique, philosophique, pédagogique, privilégiant la dimension internationale (en particulier franco-polonaise) des contributions.

Le colloque est organisé par l’Institut des Civilisations et Etudes Polonaises (ICEP) de l’Université d’Artois, en partenariat avec le centre de recherche « Textes & cultures » (EA 4028) de cette même université. Les actes en seront édités dans les Cahiers Robinson.

Responsables scientifiques : Francis Marcoin et Christian Morzewski, professeurs à l’U Arras

Propositions de contribution à adresser avant le 31 décembre 2015 à :

christian.morzewski@univ-artois.fr