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Mensonge, fiction et discours

Mensonge, fiction et discours

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Salah DEGANI)

Colloque international interdisciplinaire : Mensonge, fiction et discours

date limite; 15mai 2013

Le mensonge est, avant tout, une compétence discursive assumée par un locuteur dont l’objectif est, généralement, de tromper son interlocuteur (mais ce n’est pas le seul objectif du mensonge, voir infra). Il est défini dans la théorie des actes du langage de la manière qui suit : « un mensonge est un énoncé quelconque qui correspond à l’accomplissement d’un acte illocutionnaire d’assertion et où: a. le locuteur L ne croit pas à la vérité de ce qu’il dit b. le locuteur a l’intention que son interlocuteur croie qu’il (L) croit à la vérité de ce qu’il dit ». (Anne Reboul 1992b, 135).

 

Notre colloque se proposera, d’une part, de revoir les propriétés du mensonge perçu comme « exploit (langagier) », comme compétence (ou aptitude) discursive digne d’intérêt et essayera, d’autre part, de s’interroger sur les principaux enjeux du mensonge dans les discours littéraire, politique, publicitaire, etc. et ce, sous des approches essentiellement linguistique et pragmatique, mais également, stylistique et littéraire.

 

A/ Mensonge et discours : Il s’agit d’étudier principalement le rôle décisif du mensonge sur le plan du développement de la compétence discursive. Il s’agit, par exemple, de (juste à titre indicatif) :

 

A1- Examiner la nature des liens entre le mensonge et quelques techniques ayant un fonctionnement plus ou moins similaire (d'où l’amalgame fréquent chez une frange du public) comme la manipulation, par exemple. Dans l’exercice de la politique, par exemple, le mensonge est un outil stratégique sur le plan de la persuasion. Les méthodes et les stratégies sont nombreuses, comme celle de la rumeur ou celle de la demi-vérité. Celle-ci est bâtie sur une information réelle à laquelle on ajoute une donnée fictive ou une conclusion fausse (inattendue) qui finit par réorienter la trajectoire de l’interprétation de l’information de façon à la modeler à la guise de la source manipulatrice (rappelons l’adage qui dit « une demi-vérité est un mensonge complet »). Dans le domaine de la publicité, la manipulation se situe essentiellement aux niveaux des mots et de l’image (il s’agit, généralement, du mélange des deux niveaux à la fois pour mieux garantir les effets et les résultats de la manipulation).             

 

A2- Re-discuter les liens entre le discours mensonger et la pertinence (comme notion pragmatique) ; autrement dit, revisiter cette dualité très intéressante du mensonge comme discours non vrai mais pertinent (la même dualité caractérise la fiction ; voir infra).

A3- Les rôles joués dans le discours fictionnel, par exemple, par d’autres modalités de discours comme l’usage intensif de l’hyperbole et les autres formes d’exagération (amplification, manipulation, mystification).

 

B/ Mensonge et fiction : faut-il rappeler que la fiction romanesque est, avant tout, une fable ; autrement dit, c’est un énoncé non vrai (un énoncé qui se situe au-delà ou en deçà de la sémantique vériconditionnelle). Ricard Ripoll Villanueva définit la fiction comme « une mise en forme du mensonge, une mise en scène de la pluralité du sens, une problématisation de l'identité » (cf. « l’aventure du fictif »/ Fabula.org).

         Rappelons, par ailleurs, que ces deux notions (mensonge et fiction) partagent la propriété de la non-véracité, mais divergent au niveau de l’intention de « tromper » (celle-ci est confirmée dans le cas du mensonge). Or, les liens entre le mensonge et la fiction sont de loin plus complexe pour être limités dans une simple relation d’opposition relative quant à la présence ou l’absence d’une intention de tromper. Donc, il est nécessaire de s’arrêter sur la nature de ces liens afin de mieux élucider chacune des deux notions en question.

 

Bref, au cours de cette manifestation scientifique, nos interrogations viseront principalement les valeurs du discours mensonger ; lesquelles sont nombreuses et diversifiées. Nous ne prétendons guère les délimiter de manière détaillée (cette tâche est vraisemblablement hors de portée). Néanmoins, nous proposons d’analyser, à travers les questions ci-dessous (la liste des questions n’est en aucun cas restrictive), ses valeurs les plus récurrentes et les plus représentatives.

1°) Quel intérêt existe-t-il dans la pratique du mensonge ? Autrement dit, il s’agit d’étudier les valeurs et les motivations du recours au mensonge.

2°) À quel degré le mensonge contribue-t-il « à la maturation de la compétence discursive » ?

3°) À quel degré le mensonge peut-il jouer le rôle de moyen d’appropriation et d’amélioration de l’usage de la parole (chez l’enfant) ?

4°) Quel est le véritable rôle joué par le mensonge dans les fictions romanesques ? Pourrait-on aller jusqu’à le considérer, comme le soutient Claude Bourqui (« Le mensonge assumé », fabula.org), un « principe esthétique positif » ?

4-a) Par exemple : quel est le rôle de la fabulation dans le discours littéraire (fabulation –affabulation –  signifie dans notre conception non l’acte fictionnel en tant que tel mais plutôt les propos et les postures des personnages fabulateurs/mythomanes : les matamores chez Corneille, Garcia Marquez, Tchekhov, etc.) ?

5°) Pourquoi le mensonge (et les techniques qui lui sont proches) est-il si présent dans le discours publicitaire, dans la communication des politiciens, etc. ? Quels sont les véritables enjeux du recours au mensonge dans les média, dans les batailles électorales, dans le discours des (ultra)nationalistes contre les immigrés par exemple, etc. ?

Le colloque se tiendra les 20 ; 21 et 22 février 2014 à l’Institut supérieur des sciences humaines de Tunis –Université Tunis Al-Manar– (en partenariat avec l’Unité de recherches « Poétique théorique et pratique » et l’Institut français de Tunisie).

Veuillez envoyer vos propositions de communications en fichier joint (une page A4, au format Word doc/docx ou au format PDF) avant le 15 mai 2013 (avec un bref CV comprenant les dernières publications (ou participations à des manifestations scientifiques) ; statut scientifique ; affiliation académique et professionnelle, etc.) à l’adresse électronique suivante : salah21degani@gmail.com

 

Les dates à retenir :

Soumission des propositions (date limite) : 15 mai 2013

Notification d’acceptation aux auteurs : avant le 15 juillet 2013

Date du colloque : les 20-21 et 22 février 2014

Envoi des résumés : 30 septembre 2013 (au plus tard)

Remise des articles (formes définitives pour la publication) : 30 mars 2014 (au plus tard)

 

Comité scientifique :

M.   Antoine Auchlin (Université de Genève/Suisse)

Mme Jacqueline Bacha (U. de Jendouba/Tunisie)

M. Zinelabidine Ben Aissa (U. de Manouba/Tunisie)

M.     Bourguiba Ben Rejeb (U. de Carthage/Tunisie)

M. Kamel Gaha (U. Tunis Al Manar & Bibliothèque Nationale de Tunisie)

M.     Chaabane Harbaoui (U. de Carthage/ Tunisie)

Mme Anna Jaubert (U. Nice-Sophia Antipolis/ France)

M.     Philippe Jousset (U. Aix-en-provence Marseille/ France)

Mme Samia Kassab-Charfi (U. de Tunis/ Tunisie)

M.     Jacques Moeschler (U. de Genève/ Suisse)

M.     Michel Murat (U. Paris IV-Sorbonne & ENS rue d’Ulm/ France)

Mme Anne Reboul (Institut des sciences cognitives- Lyon/ France)

Mme Diane Vincent (Université Laval/ Canada)

Les organisateurs : Sami Bouallègue, Zahra Chaouch, Salah Degani, Kamel Gaha, Chaabane Harbaoui, Salah Oueslati, Hassen Slimane et Rim Taga-Gabsi.

Le Coordinateur du colloque : Salah Degani