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Hyperchoix et prescription culturelle

Hyperchoix et prescription culturelle

Publié le par Alexandre Gefen (Source : anne Réach-Ngô)

Date du colloque : les 13 et 14 novembre 2014

Lieu du colloque : pôle des Métiers du Livre de Saint-Cloud

 

Présentation :

Le colloque international « Hyperchoix et prescription culturelle » programmé le 13 et 14 novembre 2014 et organisé en collaboration avec Médiadix, s’inscrit dans la continuité de la journée d’étude « Comment le livre vient au lecteur. La prescription littéraire à l’heure de l’hyperchoix et du numérique »[1], et du séminaire d’enseignement et de recherche de master 2 « Livre : Création, Culture et Société » consacré en 2014-2015 à la problématique « « Critique et prescription culturelles : comment la culture vient à l’usager ».

 

Les conclusions de la première journée d’étude centrée sur le livre et ses métiers portaient sur :

-          l’inscription du livre désormais au cœur d’une pluralité de biens culturels,

-          la réduction et la porosité des frontières entre amateurs et professionnels de la culture et l’émancipation des lecteurs en matière de prescription et de jugement critique,

-          la concurrence et la complémentarité entre la prescription verticale traditionnelle des médias de masse et la prescription horizontale des médias sociaux,

-          les formes nouvelles de culture et de discours ou de jugement critique,

-          les reconfigurations de l’autorité et de la valeur culturelle qui découlent de toutes ces transformations.

 

Ce colloque se propose de poursuivre notre réflexion sur la prescription en étendant le champ de l’analyse à l’ensemble de la production culturelle contemporaine.

Nous assistons, en effet, depuis une dizaine d’années, à la convergence du déploiement des technologies et d’une inflation de la production culturelle. Le web 2.0, avec le développement des sites, des blogs, des réseaux sociaux, des wikis, des forums et des flux d’informations multimédias qui s’y échangent, et des communautés qui se développent constituent une vitrine de produits et d’activités culturelles tout à fait inédite, le paradis du choix (Anderson, 2006). Ainsi producteurs et consommateurs se trouvent confrontés à un hyperchoix, c’est-à-dire à la fois une profusion et une dissémination de choix et d’accès incitant à l’achat, et dans le même temps de médiations, dont celles du numérique, proposant des informations et des offres, renvoyant à d’autres informations et à d’autres offres.

Comment dès lors faire son choix ?

C’est toute la question de la prescription culturelle qui se trouve ainsi posée. Mobilisée notamment par les économistes pour dénoncer l’hypothèse d’un « marché parfait » fréquenté par des consommateurs préservés de l’incertitude et totalement assurés de leurs propres jugements, la prescription interviendrait dans un contexte où le consommateur aurait recours à un tiers avant d’acheter et du coup, « se disqualifie[rait] lui-même comme acteur de ses propres choix »[2]. En prenant pour terrain l’audiovisuel et l’internet pour penser une économie de l’intermédiation et de la prescription, les travaux de Benghozi et Paris[3] revisitent de manière salutaire certains concepts : la « sélection », non plus entendue comme la distinction qualitative au cœur d’une production, comme dans les instances prescriptives traditionnelles, mais comme un choix de produits susceptibles de répondre aux attentes du consommateur au sein d’une offre pléthorique ; et l’« évaluation », non plus synonyme d’avis d’experts désignant la valeur sur le mode de la recommandation, voire de l’injonction, mais une suggestion de classement ou une liste d’avis motivés par des critères qualitatifs ou quantitatifs. Nombre de travaux menés dans ce secteur de la recherche révèlent ainsi que ces dispositifs d’aide à la décision engagent de la part de l’usager un jugement sur la validité de l’information, sans garantie de conformation[4]. On retiendra de l’étude de Thomas Stenger[5], analysant le processus de la prescription dans l’achat en ligne, qui met l’accent, dans le mode de relation ou d’interaction entre deux personnes « disposant d’un différentiel de savoir » cette notion clé d’information ou de savoir dans le processus d’achat en ligne, et de jugement sur sa validité susceptible ou non de provoquer l’acte d’achat d’un usager, libre de s’y conformer ou non.

La prescription se présente sous plusieurs états (information, injonction, recommandation, conseil, persuasion, distinction, sélection, commentaire, désignation d’une valeur, avis partagé…), et elle doit être envisagée aussi bien du côté des médiateurs de l’offre que du public et des consommateurs. On sait, enfin, (Anderson, 2006) que les activités et les produits culturels sont prescrits et achetés selon le principe de « la longue traîne » drainant à la fois des biens de masse « hits », mais aussi de nombreuses niches agrégées dont le marché est facilité par les « facilitateurs d’accès » que sont certains dispositifs numériques.

 

Quelle(s) prescription(s) culturelle(s) et comment se développe(nt)-elle(s), qu’il s’agisse du point de vue des prescripteurs ou de celui des publics ? Quelle(s) sont les influence(s) de cette prescription plurielle sur les pratiques, les activités et les enjeux culturels actuels ?

 

Plusieurs questions, sans que la liste en soit exhaustive, pourront donc être abordées :

-          De quoi est constitué cet hyperchoix ? (inventaire, état de l’art)

-          Quelles sont les formes de la prescription culturelle ?

-          Quels sont les stratégies et les objectifs de la prescription culturelle ?

-          Quels sont les rapports entre médiation culturelle et prescription culturelle ? Autrement dit : la médiation fait-elle la prescription ?

-          Quel est le rôle de la prescription dans la consommation de la culture de masse et des cultures de niche ?

-          Quelle(s) culture(s) la prescription culturelle légitime-t-elle aujourd’hui ?

-          Quelles sont les métamorphoses de l’autorité prescriptive ? Quelles sont les formes nouvelles de la critique ?

-          Dans quelle mesure l’usager ou consommateur a-t-il (encore) besoin d’un tiers pour acheter et consommer la production culturelle ?

 

Dans ce colloque pluridisciplinaire, (sciences de l’information et de la communication, littérature, sociologie de la culture, marketing, économie de la culture…), l’éclairage transdisciplinaire sera apprécié.

Tous les domaines culturels peuvent être abordés : littérature, musique, jeux vidéo, bande dessinée, télévision, musée, cinéma, théâtre…

 

Forme et date-limite de remise des propositions :

Les propositions devront prendre la forme d’un résumé d’environ 800 mots, accompagné d’une courte présentation de leur auteur (appartenance disciplinaire et laboratoire de rattachement).

Les propositions présenteront la problématique de recherche, le terrain ou corpus étudié, la méthodologie employée, les axes de réflexion et les principales sources bibliographiques.

Elles seront transmises par voie électronique avant le 26 septembre 2014 aux trois adresses suivantes :

brichap@club-internet.fr

sylvie.ducas@u-paris10.fr

anne.reachngo@yahoo.fr

 

Comité scientifique

Mélanie Bourdaa, (Bordeaux 3, MICA), Eric Dacheux (Université Blaise Pascal, Communication et solidarité), Oriane Deseilligny (Paris 13, GRIPIC), Maria Pourchet (Metz, CREM), Eric Maigret (Paris 3, CIM)(sous réserve), Geneviève Vidal (Paris 13, LabSIC), Pierre Banos (Paris Ouest, HAR), Antoine Hennion (CSI, école des Mines Paris Tech) (sous réserve), Alain Vaillant (Paris Ouest, Phistem), Anne Besson (Université d’Artois, Textes et Cultures), Sébastien Denis (Université de Provence-Aix-Marseille, Institut de recherche sur le cinéma et l'audiovisuel), Anne-Marie Bertrand (ENSSIB) (sous réserve)