Actualité
Appels à contributions
Colloque de doctorants et de jeunes chercheurs en sciences de l'Antiquité :

Colloque de doctorants et de jeunes chercheurs en sciences de l'Antiquité : "Avoir plus : une figure de l'excès?"

Publié le par Amandine Mussou (Source : Sandrine Alexandre)

L'association de doctorants et de jeunes chercheurs en philosophie ancienne et en sciences de l'Antiquité "Zétésis" (www.zetesis.fr)  organise un colloque les 10 et 11 juin sur le thème "Avoir plus, une figure de l'excès" et lance un appel à contribution pour ce projet à remettre d'ici le 15 février.


Brisant l'ordre et la mesure constitutifs de toute chose ou de tout être, la tendance à "avoir plus", exprimée notamment par le terme grec pleonexia, et que Jean-Pierre Vernant définit comme "un désir d'avoir plus que les autres, plus que sa part, toute la part", apparaît d'emblée comme une réalité chaotique et tentaculaire. Chaotique car elle contrevient à l'égalité (qu'elle se dise sous le nom de l'isotès, de l'isomoira ou encore de l'isonomia), fondation de toute relation équilibrée chez les Grecs. Tentaculaire au sens où elle ne trouve jamais de limite, ni dans le temps, ni dans ses objets : elle s'étend à tout et il n'est pas de lieu où elle ne soit à l'oeuvre.

A la mesure de cette "non mesure" et comme pour en circonscrire les effets négatifs, les Grecs n'ont cessé de penser cette tendance à avoir plus.Elle traverse ainsi les écrits médicaux, historiques, philosophiques, comme ceux des poètes et orateurs. Dans les textes médicaux, où elle est opposée au manque, à l'endeia, le fait d'avoir plus est source d'états pathologiques tandis que l'égalité permet justement de définir l'état de santé. Appliqué au champ politique, le désir insatiable d'honneurs, de richesses ou de pouvoir exprime ce double ressort de l'humain, qui consiste à la fois à envier "son semblable" et toujours à vouloir s'en distinguer - au point de ne plus lui ressembler en rien ... Quoique présupposant la vie en communauté (car "avoir plus" se dit toujours relativement à ces autres qui doivent avoir moins que moi), une telle tendance la met en péril dans ses fondements comme dans sa légitimité. La nature, où la régularité le cède souvent à l'irrégularité, est le règne de cette indifférence au juste et à l'égal, où la force brute semble l'emporter sur toute rationalité et toute vertu, comme en témoigne le célèbre débat de Calliclès avec Socrate dans le Gorgias. Dans le champ de la connaissance enfin, la volonté de savoir insatisfaite est source d'erreurs et d'illusions, quand la pensée outrepasse les réalités données par les sens ou la raison pour acquiescer aux fictions de l'imagination ou du délire.

L'abondance des traitements dont cette tendance à "avoir plus" a été l'objet en fait un thème particulièrement fécond pour la réflexion. Nous attendons donc une grande diversité de contributions, à travers une approche philosophique, littéraire ou historique, sans restriction particulière de corpus.

Les principaux axes de ce colloque pourraient être :

  • À la source de l'avoir plus : a-t-il un fondement naturel, cosmique ou bien "humain trop humain"? En quoi le fait d'avoir plus peut-il constituer un schème explicatif pertinent pour rendre compte de certaines réalités (physiques, politiques, épistémologiques ou encore éthiques)?
  • La structure de l'avoir plus : comment la tendance à avoir plus agit-elle? Est-elle vraiment sans limite ou trouve-t-elle une mesure à sa démesure? En particulier, quel lien a-t-elle avec les notions comme l'excès (hyperochè, hyperbolè) ou l'hybris...?
  • La valeur de l'avoir plus : est-ce toujours et nécessairement un mal, qu'il s'agirait de résorber radicalement? Ou bien peut-on lui assigner une positivité? Ainsi peut-on établir un rapport entre l'excédent et l'excellence? Les Grecs peuvent-ils entendre le dépassement de soi comme une vertu?

Les propositions devront comprendre 1. votre nom et coordonnées complètes; 2. votre sujet et directeur de thèse et l'Université à laquelle vous appartenez; 3. dans un document séparé anonymé en pièce jointe (format.doc) un résumé de 5000 signes maximum (espaces compris) de votre contribution.


Les propositions sont à remettre le 15 février 2011 aux organisateurs Sandrine Alexandre, Université Grenoble II (xianglang@hotmail.fr); Baptiste Bondu, Université Paris X (baptiste.bondu@gmail.com); Esther Rogan, Université Paris I (estherrogan@yahoo.fr).

Elles seront soumises au comité scientifique pour sélection (début mars) composé de Marie-Laurence Desclos (Université Grenoble II), Annick Jaulin (Université Paris I), Laurand Lavaud (Université Paris I), Pierre Pontier (Université Paris IV), Olivier Renaut (Université Paris X) et Christelle Veillard (Université Paris X).