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Colloque annuel de l'ACÉF-XIX

Colloque annuel de l'ACÉF-XIX

Publié le par Emilien Sermier (Source : Geneviève De Viveiros)

 

ACÉF-XIX

Appel à communications

 

La prochaine rencontre annuelle de l'Association canadienne d'études francophones du XIXe siècle (ACÉF- XIX) aura lieu dans le cadre du Congrès des Sciences Humaines à l’Université Brock (St. Catharines, Canada) du 24 au 26 mai 2014.

 

Nous sollicitons dès à présent des propositions de communication portant sur l’un des ateliers mentionnés ci-dessous.

 

Prière d’envoyer votre proposition de communication (250 mots environ) en indiquant l’atelier choisi à la secrétaire de l’association, Prof. Geneviève De Viveiros, Université Western Ontario (gdevivei@uwo.ca).

 

Date limite : 31 janvier 2014

 

 

 

ATELIER 1 : L’Ethnologie nord-américaine de Jules Verne

 

Atelier proposé par Guillaume PINSON (Université Laval)

et Maxime PRÉVOST (Université d’Ottawa)

 

On le sait, l’Amérique du Nord et les Nord-Américains sont très présents dans les Voyages extraordinaires : Marie-Hélène Huet y dénombre 85 personnages américains jouant un rôle de premier plan dans 26 romans, auxquels s’ajoutent les trois romans entièrement consacrés au Canada que Verne, dans une lettre du 31 mai 1887 à Louis-Jules Hetzel, appelle «mon pays de prédilection» (Le Pays des fourrures, 1873; Famille-sans-nom, 1889; Le Volcan d’or, première publication posthume en 1906). Il est pourtant fascinant de constater que, dans toute son existence, Jules Verne n’aura passé que quelques jours aux États-Unis et moins de vingt-quatre heures dans son «pays de prédilection» : tout son savoir sur l’ethnologie et les mœurs de ces pays lui proviennent de sources livresques et, surtout, de la presse contemporaine, tant quotidienne que périodique. Tel Phileas Fogg, Jules Verne est en effet un homme en prise directe sur le discours social de son époque, et qui se distingue par la maîtrise qu’il en affiche : tout ce qui s’écrit, se pense et se représente dans la presse et la littérature contemporaine pénètre ses notes de lecture et la composition de ses romans. Ainsi, son Amérique textuelle procède entièrement de l’imaginaire social ambiant, qui le nourrit et auquel il ajoute en retour des représentations marquantes. Cet atelier se propose d’explorer certains aspects de cet imaginaire nord-américain, par le biais tant d’institutions (le Gun Club, le Weldon-Institute de Robur-le-Conquérant, par exemple) et de personnages spécifiques (le Ned Land de Vingt Mille Lieues sous les mers, le Stamp W. Proctor du Tour du monde en quatre-vingts jours) imaginés par Jules Verne que des types auxquels il donne une existence littéraire, ou la renforce : le Yankee, le Canadien, le Huron, l’Anglais, le Sudiste. À la confluence de savoirs précis et de l’invention romanesque, des textes tels que Nord contre Sud, Famille-sans-nom ou Sans dessus dessous proposent, collectivement, une ethnologie nord-américaine dont nous examinerons les contours.

Nous poserons comme hypothèse que l’œuvre de Jules Verne constitue un point d’observation idéal pour cartographier certaines topiques de l’imaginaire social. En outre, on peut à juste titre voir en Verne un mythographe, c’est-à-dire un créateur de mythologies modernes : un certain nombre de personnages, de thèmes, de situations, de stéréotypes ethnologiques participant de l’imaginaire social prennent leur origine, ou du moins trouvent leur exposition déterminante, dans son œuvre. Verne serait donc de ces écrivains qui, pour reprendre la terminologie de Cornelius Castoriadis, «instituent» l’imaginaire social. Comment expliquer la précision du savoir nord-américain de Jules Verne? Quel savoir livresque et médiatique était à la disposition d’un esprit français curieux du dernier tiers du xixe siècle? Ces dernières années, si les histoires littéraires se sont multipliées, notamment dans le secteur de la culture médiatique (voir par exemple la somme de Kalifa, Régnier, Thérenty et Vaillant, La Civilisation du journal. Histoire culturelle et littéraire de la presse française au 19e siècle, Paris, Nouveau Monde Éditions, 2011), ces recherches ne portent pas sur la construction d’imaginaires que l’on pourrait qualifier «d’Atlantiques» : on sait encore bien peu de choses sur les manières dont le discours médiatique français pouvait se représenter l’Amérique du Nord à l’époque de la création des Voyages extraordinaires.

 

ATELIER 2 : « Perte d’auréole » ? Gloire et lettres au XIXe siècle

 

Atelier proposé par Patrick THÉRIAULT (Université de Toronto)

 

S’associant traditionnellement aux valeurs et à l’imaginaire de l’aristocratie, le motif de la gloire se détache avec constance et évidence du corpus littéraire français. Sans doute est-ce là un signe de la relation de « long cousinage » que les lettres, en France, ont entretenu avec la noblesse (Ozouf).

De même qu’elle aura transformé cette relation sans la dissoudre, la Révolution aura affecté la symbolique de la gloire sans jamais l’éclipser. C’est ce que suggère la littérature du XIXe siècle.

Le motif de la gloire y prend un relief critique particulièrement intéressant, et ce, depuis au moins deux points de vue, comme on peut le supposer à titre d’hypothèse : d’une part, par référence à l’abondante littérature inspirée par l’épopée napoléonienne, qui infuse dans l’imaginaire social de la première partie du siècle une idée de la gloire qui s’harmonise somme toute assez bien avec ses représentations traditionnelles mais qui dépend et dérive d’une « économie » institutionnelle tout à fait originale (Morrissey) ; d’autre part, par référence à la culture moderne, telle qu’elle s’affirme dans la seconde partie du siècle et semble remotiver la symbolique de la gloire en rapprochant l’idéal d’élévation morale qu’elle représente traditionnellement de réalités nouvelles telles que le succès commercial, la popularité démocratique et la « visibilité » médiatique (Heinich).

On notera à ce titre que, si les références au motif de la gloire que l’on rencontre chez les écrivains de la modernité associent généralement un tel rapprochement à une forme de dégradation, de mésalliance intolérable entre distinction aristocratique et vulgarité bourgeoise (cf. « Perte d’auréole » de Baudelaire ou « La machine à gloire » de Villiers), certaines d’entre elles sont plus spécifiquement porteuses d’un sens programmatique : elles signalent alors, non pas tant ce qui a été perdu, que ce qui doit être conquis ou reconquis. C’est le cas, emblématique, des références à la gloire qui interviennent dans le cadre de la réflexion de Baudelaire sur l’« héroïsme de la vie moderne », réflexion qui inspirera son influente conception de la modernité comme quête « épique » de la qualité éternelle du présent. Dans l’œuvre de Mallarmé, où elles se recommandent également à l’attention critique avec beaucoup d’insistance (Oster), les références à la gloire s’avèrent indicatrices d’une semblable volonté de reconquête ; elles traduisent plus précisément un désir de retour à une forme de vérité poétique élémentaire, qui s’assimile chez le poète au spectacle naturel et familier du coucher de soleil.

Ce sont là quelques pistes de réflexion que nous espérons de nature à stimuler – plutôt qu’à limiter – la réflexion autour de l’inscription littéraire et culturelle du motif de la gloire que nous proposons à l’occasion de cet atelier.

 

Références :

 

HEINICH, Nathalie (2012). De la visibilité. Excellence et singularité en régime médiatique. Paris: Gallimard.

MORRISSEY, Robert (2010). Napoléon et l’héritage de la gloire. Paris: Presses universitaires de France.

OSTER, Daniel (1997). La Gloire. Paris: P.O.L.

OZOUF, Mona (2001). Les Aveux du roman. Le dix-neuvième siècle entre Ancien Régime et Révolution. Paris: Fayard.

 

ATELIER 3 : Littérature et écologie au XIXe siècle

Atelier proposé par Cynthia HARVEY (UQAC)

 

Dans Literature and Ecology : An Experiment in Ecocriticism (1978), William Rueckert proposait de lier la littérature et l’écologie par une approche qui a fait depuis de nombreux adeptes, surtout dans les pays anglo-saxons et, plus récemment, en Allemagne. Dans la francophonie, l’écocritique gagne du terrain et commence à intéresser les chercheurs qui tentent d’articuler leur préoccupation pour la littérature et l’environnement dans un cadre théorique propre à l’analyse du texte littéraire. Par sa représentation des rapports de l’homme, de la nature et de la culture, de ses relations avec l’espace (intérieur et extérieur), par l’introduction de nouveaux thèmes comme la ville, le gaspillage ou la pollution, qui vont de pair avec la montée de l’industrialisation, la littérature du XIXe siècle apparaît comme un corpus de prédilection pour l’exploration de différents axes de recherche. En plus de nous inviter à analyser les thèmes et les motifs littéraires traditionnels dans une nouvelle perspective, l’écocritique peut nous permettre de considérer les mouvements et les genres littéraires en relation avec leur milieu (le développement du roman et de la presse industrielle, par exemple). Bref, cet atelier se donne pour mission de relire les œuvres du XIXe siècle en s’appropriant cette approche novatrice et en proposant de nouvelles pistes d’analyse.

 

 

ATELIER 4 : La Seine littéraire du XIXe siècle

 

Atelier proposé par Nicolas GAUTHIER (Université de Waterloo) et Sébastien ROLDAN (Université de Strasbourg)

 

Pour les écrivains du XIXe siècle, la Seine est bien plus qu’un simple décor. Flaubert, dans les premières pages de L’Éducation sentimentale, en fait le seuil de Paris pour Frédéric Moreau. Avec le suicide de Javert, Hugo l’associe à la mort tandis que Maupassant en fait un rendez-vous dominical pour les canotiers et les pêcheurs. Sous la plume des poètes, elle est tout aussi protéiforme, que l’on pense à Vigny qui l’a montrée en traître fleuve, « replié dans son cours, / Comme, dans un buisson, la couleuvre aux cent tours » ou à Baudelaire qui dans « Rêve parisien », une multiplicité de Ganges versant « le trésor de leurs urnes / dans des gouffres de diamant ». Au pied de « L’Obélisque de Paris », Gautier voit « La Seine, noir égout des rues, » remonter les ruisseaux comme si la clepsydre du temps se renversait.

C’est à cette pluralité de visages que s’intéressera cet atelier. Nous souhaitons mettre en lumière les différents rôles que font jouer les écrivains du XIXe siècle à la Seine parisienne, dont nous n’avons donné qu’un faible aperçu, et les modalités employées pour en faire une partie intégrante du « mythe de Paris ». En plus des propositions s’intéressant à la mise en scène de la Seine chez un auteur, voici quelques axes de recherche qui peuvent être explorés : Paris au miroir de la Seine, descriptions du fleuve, symbolique du cours d’eau, la rivière comme porte de Paris, la Seine au théâtre, us et rites aux abords du fleuve parisien, la Seine et la villégiature, le fleuve et le pouvoir parisien, « Seine de crimes », rives et quais parisiens, cours et reflux, crues et débordements.

 

ATELIER 5 : L’imaginaire économique à la Belle Époque

Atelier proposé par Geneviève SICOTTE (Université Concordia)

 

Les liens entre économie et littérature au 19e siècle ont fait l’objet de maintes études, à juste titre puisque s’imposent alors en quelques décennies une évolution de la structure économique et une nouvelle conscience de cette structure, en un phénomène dont témoignent les œuvres littéraires. L’atelier s’attachera à une période cependant moins étudiée de ce point de vue, la Belle Époque (1870-1914). En effet, au-delà ou en-deçà des écoles et des appellations, l’économie devient alors omniprésente dans les œuvres. On peut penser à l’argent vital qui traverse pour le meilleur et pour le pire les romans de Zola, aux dysfonctionnements de l’échange incessamment repris par Maupassant, au luxe pervers qui fascine Huysmans, Lorrain ou Rachilde, à la figure grinçante du spéculateur ou du « phynancier » qui occupe Mirbeau ou Jarry, ou encore au don sacrificiel que valorisent Mallarmé, Schwob ou Rodenbach. Si l’économie dans les œuvres se présente sous des formes classiquement associées au modèle capitaliste (l’échange marchand, la spéculation, le prêt et/ou la dette), elle y prend aussi des formes parallèles ou secondes (le troc, le recyclage, le don, l’héritage), voire carrément marginales et illégitimes (le vol, le détournement, le gain illicite). Elle constitue ainsi un réservoir dynamique et polémique de motifs, de figures et de formes qui permet une mise en texte critique des enjeux socioéconomiques de l’époque. L’atelier propose de s’interroger sur ces variations autour du thème économique pour mieux comprendre l’imaginaire qu’elles développent, et qui entre en dialogue et peut-être en tension avec les représentations qui circulent dans l’espace social.

 

ATELIER 6 : Jeunes chercheurs

 

Cet atelier est destiné aux jeunes chercheurs qui sont invités à soumettre une proposition de communication portant sur leurs travaux de recherche aux premier, deuxième ou troisième cycles. Les jeunes chercheurs dont la proposition sera acceptée seront jumelés à un répondant qui lira leur communication à l’avance et sera présent lors de l’atelier.

 

ATELIER 7 : Varia

 

Cet atelier sera consacré aux communications libres.