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Colloque Ages d'or, décadence, nostalgie

Colloque Ages d'or, décadence, nostalgie

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Marc Rolland)

Université du Littoral Côte d'Opale (Boulogne sur Mer).
Le 15-16 mars 2007-Journée d'études LCEM : Ages d'or, décadence, nostalgie.
Colloque pluridisplinaire
Organisateurs : Bénédicte Brémard, Maître de Conférences, Espagnol
Marc Rolland, Professeur, études anglophones et littérature comparée, Directeur du groupe « Mythologies dans l'Imaginaire contemporain » du CRLC.



L'idée selon laquelle les civilisations, comme les hommes, connaissent des phases de croissance suivies de déclin et de chute, appliquée tout d'abord à l'Empire romain par Gibbon (XVIIIe siècle), popularisée par Spengler après la Grande Guerre, reste encore fermement enracinée dans la perception collective. Voyez les multiples « Déclin de l'Empire américain » ou le tapage médiatique autour des « déclinologues » français. Qu'en est-il alors de la décadence, terme à forte connotation morale, qui attribue le déclin d'une civilisation à ses turpitudes, à la victoire de l'hédonisme, du matérialisme, de la dérision, sur la spiritualité : le « moritur sed ridet » des Romains décadents, « attendant les Barbares » comme dans le poème de Constantin Cavafy ? Cette vision cyclique, pessimiste (car on s'en aperçoit en période de déclin, par définition), n'a-t-elle pas retrouvé toute sa vigueur dans un monde secoué par les fondamentalismes ? Car « décadence » n'implique-t-elle pas un âge d'or, situé dans le passé, promis à un retour une fois le présent purgé de ses scories ? L'angoisse humaine du temps qui passe ne permet pas, à elle seule, d'expliquer la nostalgie envers de mythiques âges d'or. L'histoire de l'aire hispanique fourmille ainsi d'exemples d'époques érigées a posteriori en âges d'or, au gré des idéologies régnantes (l'Espagne des Rois Catholiques et de Charles Quint, les Révolutions cubaine ou mexicaine, l'indépendance bolivarienne…) Mais cette nostalgie est-elle toujours militante ? Cinéma et littérature représentent ainsi parfois comme un âge d'or le temps de l'innocence, celui des souvenirs d'enfance et de jeunesse. Inversement, abandonnant la vieille religion du progrès, les historiens ont été nombreux à redonner des lettres de noblesse à des époques jugées jusqu'alors décadentes par l'historiographie (Bas-Empire, Inde du XIXe siècle, Autriche-Hongrie…). Dans quelle mesure « décadence » rime-t-elle alors avec métissage, bouillonnement culturel et religieux, naissance de nouvelles formes ? En littérature, celle appellation fut lancée à l'origine contre des auteurs du XIXe siècle tardif à l'esthétisme jugé artificiel, puis assumée crânement par Baudelaire, Huysmans, Wilde, si bien que le Décadentisme a fini par désigner un mouvement au même titre que le Romantisme ou le Symbolisme. Reste le sentiment diffus de vivre la fin d'une vieille civilisation moribonde qui procure une jouissance toute… décadente.
Plusieurs pistes de réflexion parcourent l'historiographie, la littérature, la civilisation, le cinéma, pouvant mettre en évidence l'ambivalence fondamentale du décadent. Comment l'esthétique de la décadence a-t-elle traversé le bouleversement de la guerre industrielle et des génocides, alors que la notion d'une décadence ultime de la civilisation s'en trouvait vérifiée ? En quoi certaines littératures d'imagination témoignent-elles, au contraire, d'un refus de la décadence, dans la nostalgie d'un âge d'or préindustriel rendu à l'enchantement et à la magie ? La décadence esthétique, souvent conçue comme résignée, passive, sans énergie, est-elle compatible avec l'engagement moral ou politique (la Movida espagnole semble indiquer le contraire) ? Et la décadence en art et en littérature ne serait-elle pas la recherche paradoxale de l'artifice qui rend immortel, le « Byzantium » de W.B. Yeats, pouvant, de nos jours, trouver son prolongement dans les nouvelles technologies ?

APPEL à Communications :

faire parvenir vos projets (en français, anglais ou espagnol) sous forme d'un résumé d'une dizaine de lignes, avant début février, aux organisateurs, Bénédicte Brémard (Benedicte.Bremard@univ-littoral.fr), et Marc Rolland (garryowen@wanadoo.fr).