Agenda
Événements & colloques
Camus le dramaturge. Entre la passion et l'adaptation (Nador, Maroc)

Camus le dramaturge. Entre la passion et l'adaptation (Nador, Maroc)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Faculté pluridisciplinaire de Nador)

Université Mohammed Premier,

Faculté Pluridisciplinaire de Nador

Département de langue et littérature françaises

Laboratoire : « Société, discours et transdisciplinarité »

                    

COLLOQUE 

« CAMUS LE DRAMATURGE :

ENTRE LA PASSION ET L’ADAPTATION »

Mercredi-Jeudi 18 / 19 novembre 2019

FPN, Amphi I

 

Coordination : Prof. Sanae Yachou  (FPN)

 

Bien que la critique présente le théâtre camusien, et c’est le cas de la plupart des œuvres du XXe siècle, comme un espace de sujets contemporains où le tragique et l’humaniste s’entrelacent, le didactisme et l’intellectualisme demeurent quand même la condition sine qua non pour une lecture efficiente de l’œuvre théâtrale de Camus. Le lecteur, ou le spectateur, y découvre un auteur érudit, maître de l’art dramatique dans toutes ses formes.

Metteur en scène, comédien, dramaturge, adaptateur et acteur, Camus ne cesse, à travers ses essais et ses pièces, d’exprimer sa passion pour l’art théâtral. Il écrit des pièces, en adapte d’autres et s’inspire de plusieurs écrivains occidentaux. Il sera à la fois un auteur, un lecteur et un interprète. De dilettante de l’art dramatique, de jeune chef d’une troupe de théâtre, de metteur en scène enthousiaste, il va enfin tracer sa voie dans la dramaturgie.

Dans son œuvre dramatique, il discute en maître des thèmes universels comme la révolution, la justice, la liberté et l’existence… Il remet en question l’idée en vogue de l’engagement : il met l’homme au premier plan par rapport à l’histoire. Ses pièces théâtrales ne vont que suivre une telle démarche particulière, ancrée dans l’esthétique et la critique des idéologies dominantes.

Notons qu’en 1963, lors d’une représentation des Justes, la critique se demande sur l’actualité de ce théâtre : « Gageons que si la postérité retient le nom de Camus, son théâtre n’y sera pas pour grand-chose ». (Jacques Henric, « Les justes », Les Lettres françaises, 28 février 1963) Quoique le théâtre de Camus ait été monté par de grands metteurs en scène comme Strehler (1), Wajda (2) et Bergman (3), il demeure moins étudié, voire méconnu, à l’université, contrairement à ses romans et essais. Pourquoi cette face de l’œuvre camusienne suscite-t-elle moins d’intérêt ? Quelles seraient les raisons qui expliqueraient un tel oubli / déni ? Peu de travaux y sont consacrés. Les romans, en particulier l’Etranger, sont davantage le sujet de recherches et de travaux académiques.

Quelle réelle place ont-elles ses quatre pièces (Caligula (1944), Le Malentendu (1944), l’Etat de Siège (1948) et Les Justes (1949)) dans l’expérience dramatique du XXe siècle ? Ce théâtre est l’objet d’une critique sévère. L’adaptateur Camus connaît trois périodes distinctes. Tout d’abord, avec le Théâtre du Travail, il participe à la composition de Révolte dans les Asturies  (1936), il adapte Bas-fonds de Gorki (1936), Prométhée d’Eschyle (1936) et la Femme silencieuse de Ben  Jonson (1937). Ensuite, dans une nouvelle expérience (Théâtre de l’Equipe), il  y a adaptation de plusieurs pièces : Don Juan de Pouchkine  et Le Baladin du monde occidental  de Synge. Il y a également la mise en scène de plusieurs textes comme Le temps du mépris de Malraux, La Célestine de Fernando de Rojas (1937), le Retour de l’enfant prodigue de Gide (1937), le Paquebot Tenacity de Vildrac (1938) et les Frères Karamazov de Dostoïevski d’après Copeau et Croué (1938). A propos de ses dernières adaptations, il réalise de 1953 à sa mort six pièces : La Dévotion à la Croix de Calderón en 1953, Un cas intéressant de Dino Buzzati en 1955, Les Esprits de Larivey, Requiem pour une nonne depuis le roman de William Faulkner en 1956, Le Chevalier d’Olmedo de Lope de Vega en 1957 et Les Possédés de Dostoïevski en 1959.

Force est de constater que le théâtre de Camus connaît sa maturité grâce à  l’adaptation des auteurs célèbres, étrangers et français, qui l’ont amplement aidé à s’accaparer une place à part dans le théâtre moderne. En plus d’être un enrichissement de sa conception de l’art, l’adaptation lui sert d’espace de « défoulement » esthétique et intellectuel.

Toutefois, se référer aux adaptations d’un auteur dramatique ne relève pas d’un labeur critique fructueux puisqu’il y a difficulté à préciser les convergences et les divergences entre l’hypotexte et l’hypertexte. En plus de cela, les adaptations elles-mêmes constituent souvent des textes périgraphiques, de seconde importance dans l’œuvre d’un écrivain. Or, chez le dramaturge français, ces adaptations vont au-delà d’un travail de seconde main.

Comment préciser ce passage de la lecture de chefs-d’œuvre de la tradition occidentale (espagnole, russe, italienne et américaine) à la composition de sa propre création dramatique ? En adaptant et en traduisant des œuvres étrangères, Camus réfléchit sur l’art du théâtre, en plus de la recherche du beau. Somme toute, comment Camus opte-t-il à adapter une œuvre tout à fait étrangère à la sienne ? Par un tel exercice intertextuel et traductif, arrive-t-il à se détacher des soucis qui non seulement sont ceux de son œuvre, mais également ceux de sa vie ? Enfin, ne fait-il, par ces travaux d’adaptation, qu’accepter de se consacrer à une œuvre qui lui plaît ou qu’il entend « imiter » ?

 

(1) Giorgio Strehler (1921 -1997) met en scène Caligula.

(2) Andrzej Witold Wajda (1926 - 2016) adapte Les Possédés de Dostoïevski .

(3) Ernst Ingmar Bergman (1918 -2007) met en scène Caligula.

 

Proposition d’axes :

- Le théâtre de Camus ;

- Le théâtre : du texte à la représentation ;

- Le théâtre moderne ;

- Théâtre et imitation ;

- Adaptations de Camus

- Esthétique du théâtre.

*

Comité organisateur :

*  Sanae Yachou ; Hassan Banhakeia;  Najat Zerrouki; Mouman Chicar; El Hossaien Farhad; Sallem El Azouzi; Abdellah Azaouagh; Hassan Chahbari ; Omar El Yahyaoui; El Kouy Boujemaa ; Hanane Karrouh; Hanane Derrazi; Rais Samira; Echant Abdelmalek; Berkani Mohamed ; Rahou Mezian, Jarari Mohamed, Soliman Elbaghdadi

 

Comité scientifique :

*  Sanae Yachou ; Hassan Banhakeia;  Najat Zerrouki; Mouman Chicar; El Hossaien Farhad; Sallem El Azouzi; Abdellah Azaouagh; Hassan Chahbari ; Omar El Yahyaoui; El Kouy Boujemaa ; Hanane Karrouh; Hanane Derrazi; Rais Samira; Echant Abdelmalek; Berkani Mohamed; Rahou Mezian, Jarari Mohamed, Soliman Elbaghdadi

*

Langues de communication : français, arabe, anglais, amazigh

Une publication des communications est prévue.

Les propositions de 1500 signes environ, accompagnées d’une rapide biographie, sont à envoyer avant le 30 octobre 2019 à l’adresse suivante : yachousanae@hotmail.fr