Questions de société
CNRS, Universités, services publics. ce qu'il reste à faire (Indépendance des Chercheurs  21/05/09)

CNRS, Universités, services publics. ce qu'il reste à faire (Indépendance des Chercheurs 21/05/09)

Publié le par Bérenger Boulay

Communiqué du collectif Indépendance des Chercheurs :

http://science21.blogs.courrierinternational.com/ 

CNRS, Universités, services publics... ce qui [sic] reste à faire
jeudi 21 mai 2009

rien.gif

Le CNRS, l'INSERM, l'INRA, lesuniversités, la formation des enseignants... ont connu, et connaissenttoujours, d'importantes mobilisations. La grève des personnelsuniversitaires, soutenue par les étudiants, est une action sansprécédent. Malgré ces mobilisations, le gouvernement a choisi de passeren force dans les universités et la formation des enseignants. La cassedu CNRS et des autres organismes publics de recherche se poursuitégalement. Une question nous semble se poser dans cette situation :peut-on améliorer le contenu des actions menées depuis un an ? L'unedes faiblesses des mouvements réside à ce jour, de notre modeste pointde vue, dans un défaut d'explication à l'adresse de la grande majoritéde la population : i) sur les véritables enjeux de l'actuelle offensivecontre les services publics et l'ensemble des acquis sociaux ; ii) surla portée même de cette escalade ; iii) sur le rôle des instanceseuropéennes et internationales, téléguidées par les lobbies del'oligarchie financière.

Si la jonction entre les différents mouvements dedéfense des services publics reste difficile à faire, une largemobilisation de l'ensemble des citoyens reste également à entreprendre.L'information des agents des services publics et des usagers sur lesvéritables problèmes de fond paraît également très insuffisante. Enréalité, les trois problèmes sont étroitement liés et tiennent à unecarence essentielle de ces mouvements sur le contenu même des leursplateformes, exposés de motifs et communiqués.

Seul un barrage systématique de lapart des directions de partis politiques de la « gauche » et de la «gauche de la gauche » peut expliquer qu'une vaste campagned'information de la population n'ait pas été entreprise :

puce-96d77.gifSur les conséquences du Traité de Maastricht de 1992 instituant l'Union Européenne.

puce-96d77.gifSurles conséquences de l'Accord de Marrakech de 1994 instituantl'Organisation Mondiale du Commerce, OMC. L'Accord Général sur leCommerce des Services, AGCS, constitue une annexe à cet accord.

puce-96d77.gifSur l'application de l'AGCS et la suite des négociations de l'OMC.

puce-96d77.gifSur le rôle des directives européennes, sur le processus de Bologne, sur la stratégie de Lisbonne...

puce-96d77.gifSur les conséquences du Traité de Lisbonne.

puce-96d77.gifSur le rôle de l'OCDE et le contenu de ses recommandations récentes pour la France et pour l'ensemble des autres pays.

puce-96d77.gifSur les conséquences des délocalisations, notamment par la montée du travail au noir à l'échelle planétaire.

puce-96d77.gifSurle dumping social et la stratégie de marché de la main d'oeuvre, ycompris intellectuelle, à l'échelle continentale et mondiale.

puce-96d77.gifSurle rôle de certains « groupes de discussion » théoriquement informels,dont les plus influents à l'échelle planétaire sont la CommssionTrilatérale (sa réunion européenne de 2008 a eu lieu à Paris, mais quien a parlé ?) et le Cercle de Bilderbgerg (qui évoque sa réunion de lasemaine dernière à Athènes ?).

Etc...

L'un des obstacles à l'extensiondes mobilisations et à une plus grande cohérence des mouvements, résideprécisément dans cette situation de désinformation générale que lesdirections des grandes centrales syndicales laissent égalementperdurer.

Suit la réponse faite hier par un membre de notre collectif à un communiqué d'une organisation syndicale :


"Exit le cadre national des diplômes",
"Exit le cadre national des salaires et des rémunérations",

OUI.

MAIS...

Dans ce cas, pourquoi syndicats et partis politiques n'ont-ils pasdiffusé depuis l'année dernière quelques MILLIONS DE TRACTS expliquantà la grande majorité de la population ce que sont l'OMC, l'AGCS, lastratégie de Lisbonne, la LOLF... de même que le rôle de l'UnionEuropenne, de l'OCDE et des Traités de Maastricht et de Lisbonne, ou del'Accord de Marrakech, ou encore les conséquences des délocalisationssur le travail au noir à l'échelle planétaire ?????????

Pourquoi ce silence général lorsque la Commission Trilatérale s'estréunie à Paris en novembre dernier avec la participation d'au moinsdeux ministres en exercice (Besson, Jouyet) plus au moins deux députésanciens ministres (Copé, Guigou), et que Jean-François Copé y aprésenté un exposé sur le "changement de la France" ????

Voir, par exemple, ces articles d'Indépendance des Chercheurs :

Les recommandations de l'OCDE pour la France en 2009 (I)
Une auteure de la LOLF, promue à la vice-présidence de la Banque Mondiale
De la LOLF à la LRU, la casse de la recherche (I)
Union Européenne et privatisation de l'éducation (I)
CNRS, INSERM et politique de l'Union Européenne (I)
CNRS, INSERM et politique de l'Union Européenne (II)
CNRS, INSERM et politique de l'Union Européenne (III
De la LOLF à la LRU, la casse de la recherche (II)
De la LOLF à la LRU, la casse de la recherche (III)
De la LOLF à la LRU, la casse de la recherche (IV)
Union Européenne et privatisation de l'éducation (II)
La Commission Trilatérale et les services publics français (I)
La Commission Trilatérale et les services publics français (II)
Les recommandations de l'OCDE pour la France en 2009 (II)
Les recommandations de l'OCDE pour la France en 2009 (III)
OCDE, travail « informel » et délocalisations
Services publics et adversaires innommables (I)
Services publics et adversaires innommables (II)
Groupe de Bilderberg et silence des médias français
Bilderberg, Trilatérale et transversalité de « gauche »

(fin de citation)


Suit également un extrait de notre profession de foi (déposée débutavril) pour les élections au Conseil d'Administration du CNRS. Nousavons essayé d'y adresser à l'ensemble des personnels un bref exposésur ces problèmes de fond rarement abordés :

http://www.geocities.com/indep_chercheurs/ProfIndepCouleurCA2009.pdf

NON AU DEMANTELEMENT DES EPST,
ABROGATION DE LA LRU ET DE LA LOI D'AVRIL 2006 SUR LA RECHERCHE,
SUPPRESSION DE L'ANR ET DE L'AERES,
RETRAIT DES MESURES RECENTES DE « RESTRUCTURATION » DU CNRS !

POUR UNE PLUS GRANDE CLARTE ENVERS LES PERSONNELS ET LES CITOYENS

Ces élections interviennent à un moment critique pourle CNRS. Plus globalement, l'avenir des services publics de larecherche et de l'éducation apparaît très sombre. Mais ce problème estaggravé par des carences de l'analyse, au sein même de notrecommunauté, de l'origine des menaces qui pèsent sur la recherchepublique, les universités et l'éducation. En particulier, le rôleessentiel des institutions européennes (Union Européenne, UE) etinternationales (Organisation Mondiale du Commerce, OMC ; Organisationde Coopération et Développement Economiques, OCDE ; Fond MonétaireInternational, FMI ; Banque Mondiale...) n'est guère évoqué par ceuxqui, au CNRS et dans d'autres EPST, entendent contester la politique dedémantèlement de ces organismes. Il en est de même de la stratégie deLisbonne, du processus de Bologne, de l'Accord Général sur le Commercedes Services (AGCS) de l'OMC... Peut-on s'opposer efficacement à ce que l'on évite même de nommer ?

Les lois sur larecherche et les universités de 2006-2007 (Loi n°2006-450 du 18 avril2006 de programme pour la recherche et Loi n°2007-1199 du 10 août 2007relative aux libertés et responsabilités des universités, LRU) ; lamise en place de l'ANR et de l'AERES ; la fragmentation en instituts duCNRS et de l'INSERM ; les actuels projets de décret mettant notammenten cause le statut des enseignants-chercheurs... constituentl'application prévisible de la « logique gestionnaire » de la Loi Organique Relative aux Lois de Finances d'août 2001 (LOLF),qui faisait à son tour suite à la stratégie de Lisbonne adoptée en mars2000 et à la politique définie par l'Accord Général sur le Commerce desServices (AGCS). L'OMC a été mise en place en 1994 par l'Accord deMarrakech, après un cycle de négociations commencé en 1986. L'AGCS estune annexe à cet Accord. Dès 1984, à l'époque de la politique dite de «rigueur » et « d'austérite », cette évolution avait été prévue par lescoupoles de « décideurs ».

Aucune actionni intervention, si spectaculaire et médiatisée soit-elle, ne pourraêtre efficace si elle n'a pas pour ingrédient et objectif primordialune explication claire devant l'opinion publique des véritables enjeuxet de l'origine des menaces qui pèsent sur les servicespublics. Au sein du Conseil d'Administration d'un organisme comme leCNRS, cette dénonciation est également nécessaire, de manière « interne» comme devant l'opinion publique. Mais force est de constater qu'alorsque la direction du CNRS insère publiquement son action dans le cadrede la stratégie de Lisbonne et du « marché de la recherche » àl'échelle européenne, les élus au Conseil d'Administration ne se sontguère exprimés à ce sujet. Un tel mutisme ne doit plus durer, si onveut pouvoir défendre la survie de l'organisme et convaincre lescitoyens du bien-fondé de notre démarche.

La dimension du problème n'est pas « franco-française». Des mouvements opposés à la privatisation de la recherche, del'éducation et d'autres services publics se développement dans d'autrespays de l'UE et sous des gouvernements de toutes étiquettes politiques.Le processus de Bologne, initié en 1998-2000 et présenté dansun premier temps comme une simple « harmonisation des diplômes »,s'avère être un outil de la mise en place d'un « marché » européen etmondial de la connaissance, dans le cadre de la stratégie de Lisbonne.


NON A LA MARCHANDISATION DU SAVOIR ET A LA PRECARISATION DE LA RECHERCHE !

La politique de « rigueur » et « d'austérité » des années 1984-86,dont des éminences grises ont par la suite accédé à des responsabilitésdu plus haut niveau en France ou à l'échelle européenne et mondiale, ycompris dans le secteur privé, a marqué un tournant historique. Elle a ouvert la voie à un processus de privatisation générale de l'économie française et des services publicsquin'a cessé de s'accélérer indépendamment des façades politiques desdifférents gouvernements. La notion de « marché européen de larecherche » a été mise en avant de plus en plus souvent au cours de ladernière décennie. Quelles en sont les conséquences ?

- Le savoirdevenant une marchandise, il doit posséder une valeur marchande et nepeut pas être transmis par un service public gratuit. Ils'ensuit la privatisation de l'enseignement et la fin du service publicde l'éducation et des universités tel qu'il a fonctionné en Francedepuis la Libération.

- Les résultats de la recherche suivant le même sort, larecherche publique doit céder la place à des activités à haute valeurmarchande menées notamment par des universités privatisées.

- Le travailintellectuel doit être asservi, les organismes de recherche et lescorps de fonctionnaires doivent céder la place à un système basé surdes contrats précaires pour la grande majorité des chercheurs.

- Le marché étant européen et mondial, il ne reste guère de place pour des institutions nationales.

La mise en cause du statut des scientifiques contrasteavec le consensus institutionnel français sur les exigences desgaranties d'indépendance. Pour comparaison, le site du Conseil d'Etat nous apprend, en ce qui concerne ces garanties, que : «la gestion du Conseil d'État et de ses membres est assurée de façoninterne (...) sans interférences extérieures ; (...) même si les textesne garantissent pas l'inamovibilité des membres du Conseil, enpratique, cette garantie existe (...) ; enfin, si l'avancement de gradese fait, en théorie, au choix, il obéit, dans la pratique, strictementà l'ancienneté (...) ». Le statut des chercheurs, de plus en plusvoué à la précarité, a bien dégringolé si on le compare avec cedescriptif. Pourtant, les scientifiques sont confrontés dans leur travail à des tâches de portée citoyenne nécessitant une véritable indépendance au service de l'intérêt général.

La grande majorité des agents de la recherche publiquefrançaise rejette le sombre « avenir » que l'on voudrait nous imposer.Les citoyens conscients des enjeux rejettent également ces prétendues «réformes ». Le Conseil d'Administration du CNRS est l'une des instancesoù nous pouvons envisager de défendre les acquis de la Libérationcontre la stratégie des lobbies financiers et des multinationales. Nousdevons agir pour l'abrogation de la LOLF, de la LRU et du Pacte pour la recherche, pour le retrait des décretsintervenus depuis 2005 et, autant que possible, pour le retrait desratifications françaises des Traités de Maastricht, Marrakech etLisbonne.

(...)

Le Collectif Indépendance des Chercheurs

(fin de l'extrait)


S'il fallait réécrire à présent cette profession de foi, nousparlerions également de la montée du travail au noir dans le monde(voir les liens sur l'OCDE fournis plus haut) et des implications desprojets de robotisation du travail intellectuel. Voir notre article :

CNRS, INSERM, INRA... un jour, des robots chercheurs ? (I)

Indépendance des Chercheurs

http://www.geocities.com/indep_chercheurs

http://fr.blog.360.yahoo.com/indep_chercheurs

http://science21.blogs.courrierinternational.com

Groupes de discussion :

http://groups.yahoo.com/group/problemes_des_scientifiques

http://groups.yahoo.com/group/combatconnaissance