Questions de société
CNRS : motion de soutien à la direction du département SHS

CNRS : motion de soutien à la direction du département SHS

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Marin Dacos)

[maj : 03 .09 .2008]

1. motion des directeurs d'unité SHS
2. article : blog "sciences", S. Huet (Libération)

 

1.

Les Directeurs d'Unités SHS des délégations Provence-Corse et Nice-Sophia Antipolis étaient réunis ce lundi 1er Septembre en présence de la Directrice du Département SHS, Marie-Françoise Courel, et de trois DSA. 

Nous avons appris en séance que la Présidente du CNRS venait de demander à la Directrice du Département SHS de mettre un terme à son mandat "le plus rapidement possible" dans les jours qui viennent. Nous apprenons également que tous les DSA du département SHS sauf un ont décidé, par solidarité, de démissionner de leurs fonctions. 

La Direction du Département SHS élaborait jusqu'à aujourd'hui le projet de création d'un Institut National des SHS, en concertation avec la communauté. Cette création est un enjeu stratégique majeur pour les SHS et, au-delà, pour le CNRS tout entier. Décapiter la direction SHS en ce moment revient à briser ce processus et fait courir un risque majeur non seulement à ce domaine scientifique, mais également à l'établissement lui-même. 

Nous sommes scandalisés par le procédé, intervenant au matin même du début de la concertation avec la communauté. 

Nous demandons que la Direction actuelle du Département SHS soit maintenue dans ses fonctions de façon à conduire le processus de création de l'Institut jusqu'à son terme et dans la concertation, comme cela avait été engagé. 


Dionigi Albera (dir. UMR 6591) 
Ghislaine Alleaume (dir. UMR 6568) 
Henri Amouric (dir. UMR 6572) 
Sydney Aufrère (dir. UMR 6125) 
Michel Berthelot (dir. adj. UMR 694) 
Philippe Blache (dir. UMR 6057) 
Didier Binder (dir. UMR 6130) 
Jean Boutier (dir. UMR 8562) 
Marin Dacos (dir. UMR UPS 3096) 
Laurent Dousset (dir. UMR 6574) 
Jean-Marie Guillon (dir. UMR 6570) 
Xavier Lafon (dir UMR3155) 
Pierre Livet (dir. UMR 6059) 
Françoise Douaire-Marsaudon (CSD SHS) 
Marie-Antoinette Maupertuis (dir. UMR 6240) 
Brigitte Marin (dir. adj. USR 3125) 
Ariel Mendez (dir. UMR 6123) 
Bernard Morel (dir. UMR USR 3125) 
Joseph Pini (UMR 6201) 
Louise Pichard-Bertaux (rep. dir UMS 1885) 
François Robinne (dir. UMR 6571) 
Mehdi Rostane (dir. UMR 6201) 
Tobias Scheer (dir. UMR 6039) 
Serge Tcherkezoff (dir. UMR 6574) 
Christine Voiron (dir. UMR 6012) 
Jean-Benoît Zimmermann (dir. UMR 6579) 

------------------------------ article de Sylvestre Huet, journaliste à Libération

http://sciences.blogs.liberation.fr/home/2008/09/cnrs-catherine.html

CNRS : Catherine Bréchignac limoge la directrice des Sciences humaines
et sociales

Nouvelle étape de la crise au CNRS : hier, Marie-Françoise Courel, la
directrice du département SHS - sciences humaines et sociales -
annonçait son limogeage par la présidente du Cnrs, Catherine Bréchignac.
Annonce faite lors d'une réunion des directeurs de laboratoires de la
région Provence/Corse qui devait discuter... de la création du futur
Institut National des SHS, dans le cadre de la réforme du Cnrs censée
entrer en vigueur le 1er janvier 2009.

Manifestement surprise, ébranlée même, Marie-Françoise Courel n'a pas
donné d'explication crédible aux directeurs de laboratoires de cette
décision brutale. Celle donnée par son successeur, le médiéviste Bruno
Laurioux, illico nommé "directeur par intérim" - elle aurait été
atteinte par la limite d'âge - ne tient pas, surtout si l'on songe que
ce mandat devait de toute façon prendre fin avec la mise sur pied de
l'Institut, dans quatre mois, comme convenu avec la direction du Cnrs
pas plus tard qu'en... juillet dernier. Immédiatement, tous les
directeurs scientifiques adjoints du département ont présenté leur
démission "par solidarité"... tous sauf un... Bruno Laurioux.

Ce matin, la direction du Cnrs annonce cette nomination, ainsi que celle
d'un comité de sélection, présidé par l'historien Marc Fumaroli chargé
de proposer un nouveau "directeur scientifique pour les Sciences
humaines et sociales". Mais il ne s'agit pas d'un simple problème de
direction,  manifestement le fond de cette nouvelle affaire réside dans
la place future des SHS au Cnrs.

Pour Philippe Blache, directeur du laboratoire Parole et Langage
(Aix-Marseille), ce limogeage pourrait préparer une issue
"catastrophique pour la recherche" du débat sur l'avenir des sciences
humaines et sociales au Cnrs.

Depuis que Valérie Pécresse est en charge du ministère de la recherche,
la place des SHS au Cnrs fait l'objet d'un combat, ouvert ou souterrain.
Le cabinet du ministère n'a pas vraiment fait mystère de ses intentions.
Avec la loi LRU, et la décision de ne plus augmenter, voire de diminuer
comme le budget 2009 le montrera probablement, le nombre de chercheurs
des organismes de recherche, il faudrait organiser le "transfert" des
SHS aux universités.

Une volonté qui s'inscrit dans une perspective du démantèlement du Cnrs
comme organisme pluridisciplinaire, couvrant l'ensemble de la recherche,
au profit d'Instituts spécialisés, dénués d'une direction commune
effectuant des arbitrages en allocations des ressources, et organisant
les actions de recherches transversales, entre les différents champs
scientifiques.

Pour Philippe Blache, l'enjeu est clair: "Si le Cnrs perd son caractère
pluridisciplinaire, il n'a plus de raison d'être,  et on se retrouvera
avec des Instituts disciplinaires cloisonnés". Une logique qui lui
semble à rebours de l'évolution de la science, à l'image de son
laboratoire où "des spécialistes du langage travailllent avec des
informaticiens et des biologistes". Il n'a échappé à personne qu'un tel
dispositif permet en outre au pouvoir politique de saper une structure
qui a souvent permis un minimum d'autonomie du milieu scientifique vis à
vis des gouvernements.

Après la biologie et l'informatique, les SHS sont donc ciblées.
Marie-Françoise Courel avait en effet engagé une concertation avec les
directeurs de laboratoires, afin d'aboutir à une proposition d'Institut
National des SHS conservant le périmètre du Cnrs et améliorant son
fonctionnement. L'arrêt brutal du processus montre que le gouvernement,
et s'inquiète maintenant Philippe Blache, avec l'appui de la direction
du Cnrs, n'entend pas négocier la future place des SHS mais imposer son
point de vue. Dans ce cadre, décapiter les SHS, puisque Bruno Laurioux
n'aura manifestement d'autre fonction que de signer les bons de
commande, prive les scientifiques d'un représentation auprès de la
direction du Cnrs et du gouvernement, et relève d'une bonne tactique.
Déjà, une pétition de directeurs de labos des SHS circule pour protester
contre cette décision :
http://www.arhv.lhivic.org/index.php/2008/09/01/797-la-direction-du-departement-shs-demissionnee-par-la-direction-generale-du-cnrs