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Appels à contributions
Close reading: complications de textes (Fabula-LHT3).

Close reading: complications de textes (Fabula-LHT3).

Publié le par Marc Escola (Source : Marc Escola)

Appel à contributions:

Fabula-LHT, numéro 3:

Close readings/Microlectures: complications de texte.

Dossier coordonné par Marc Escola

Le double titre projeté pour cette livraison de Fabula-LHT ne cherche pas à offrir un équivalent polémique au nom couramment donné outre-atlantique à une méthode d’analyse textuelle issue de la « New Criticism » pour mieux l’opposer à la tradition pour le coup bien française de « l’explication de texte ». On ne se propose pas de confronter deux méthodes comme deux sports nationaux, mais de réfléchir à la singularité d’une pratique de commentaire qu’on voudrait regarder, en dépit des divergences de méthode ici et là, et ici aussi bien que là, comme un authentique genre au sein de l’ensemble des discours métatextuels.

Un simple parcours des « classiques » de la bibliothèque métatextuelle du dernier demi-siècle révèle en effet la permanence d’un genre où se sont illustrés de rigoureux « microlecteurs » : Erich Auerbach pour Mimèsis, Jean-Pierre Richard pour la quasi-totalité de ses essais, le Roland Barthes de S/Z, le « premier » Jacques Derrida, Paul de Man, Louis Marin dans l’ensemble de son œuvre, Michel Charles dans Rhétorique de la lecture comme dans Introduction à l’étude des textes, Michael Riffaterre sur tous les fronts, Leo Spitzer pour ses Études de style, Roman Jakobson et Claude Lévi-Strauss par amour des chats, Tzvetan Todorov, Michel Foucault ou Michel Serres à leurs heures… (laissons le palmarès grand ouvert, et ce panthéon dans le désordre qui sied aux bibliothèques les plus fréquentées).

Ce troisième numéro de Fabula-LHT sera donc l’occasion d’une réflexion proprement théorique sur une forme singulière de lecture qu’on nommera sans plus d’hésitations désormais : « microlecture », par manière d’hommage à l’un des titres de Jean-Pierre Richard — lequel définissait ainsi le geste d’analyse qui commande ses Microlectures :

Microlectures : petites lectures ? lectures du petit ? Les deux choses à la fois sans doute […] Ce titre voudrait indiquer, en tout cas, que […] ces lectures opèrent comme un changement d’échelle. […] La lecture n’y est plus de l’ordre d’un parcours, ni d’un survol : elle relève plutôt d’une insistance, d’une lenteur, d’un vœu de myopie. Elle fait confiance au détail, ce grain du texte. Elle restreint l’espace de son sol, ou, comme on dit en tauromachie, de son terrain1.

La métaphore dit assez que la lecture tient ici du corps à corps avec le texte, au risque du détail : quelle est donc la vertu de cette patience ?

Que sont ces commentaires qui ne rechignent pas à la glose (Louis Marin) et qui s’autorisent des moments de pure paraphrase — comment s’opère d’ailleurs le passage de la « reprise » paraphratisque à l’énoncé métatextuel ? Comment « l’explication » d’un texte peut-elle assumer l’exercice préalable de sa « complication » ? Car l’on doit sans doute retenir la formule de Tzvetan Todorov qui invitait, pour « expliquer » les Illuminations de Rimbaud, à

prendre au sérieux la difficulté de lecture ; à ne pas la considérer comme un accident de parcours, défaillance fortuite des moyens qui devaient nous conduire au sens-fin, mais à en faire l’objet même de notre examen ; à se demander si le principal message des Illuminations, plutôt que dans un contenu établi par des décompositions thématiques ou sémiques, n’est pas dans le mode même d’apparition (ou peut-être de disparition) du sens. Si, pour se placer sur un autre plan, l’explication ne doit pas céder le pas, dans le cas des Illuminations, à une complication de texte, qui mettrait en évidence l’impossibilité principielle de toute “explication2”.

Réfléchir sur le principe même de ces microlectures, c’est ainsi s’interroger sur les modalités particulières à ce type de discours métatextuel : quelle place y est faite aux citations ? Les microlectures privilégient-elles les formes brèves (explication d’un sonnet des Fleurs du mal, d’un caractère de La Bruyère ou d’une fable de La Fontaine…) ? Différentes microlectures peuvent-elles se combiner afin de composer un essai véritable essai (qu’on pense à Mimésis d’Auerbach) ? Il ne s’agit là que de quelques-unes des questions qu’on est inviter à se poser.

Les textes, de libre longueur, sont à adresser par mail avant le 15 mars 2007 à Marc Escola (escola@fabula.org) et Jean-Louis Jeannelle (jeannelle@fabula.org), qui les soumettra anonymement, selon le principe de la revue, à son comité de lecture.

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Afin de faciliter le traitement des textes envoyés, nous vous prions de bien vouloir respecter le protocole de présentation suivant :

- texte en Times New Roman, 12, interligne simple

- citations de moins de quatre lignes reproduites entre guillemets français dans le corps même du texte et le même style de caractère (Times New Roman 12)

- citations plus longues placées en retrait gauche de 1,5 cm et reproduites sans guillemets en Times New Roman, 11

- appels de note placés avant les guillemets fermants pour les citations et avant le point à la fin d’une phrase

- les références des ouvrages cités en note de bas de page : lors de la première citation, on donnera la référence complète (Prénom Nom, Titre en italique s’il s’agit d’un ouvrage ou entre guillemets s’il s’agit d’un article, dans le cas d’un collectif le nom du ou des directeurs de publication précédé de : « sous la dir. de », lieu, éditeur, coll., date, numéro de page)

- si le même texte est cité dans des notes immédiatement consécutives, on utilisera : ibid., puis le numéro de page ou ibidem, s’il s’agit de la même page

- si le même texte est cité par la suite, on mentionnera le prénom et le nom de l’auteur, suivi du titre, puis de op. cit. et du numéro de la page citée.