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Climatologie de l'art. Dialogue entre les arts visuels, la philosophie, la littérature, l'histoire de l'art, l'architecture et le climat

Climatologie de l'art. Dialogue entre les arts visuels, la philosophie, la littérature, l'histoire de l'art, l'architecture et le climat

Publié le par Bérenger Boulay (Source : Université de Montréal)

Colloqueinternational : 5, 6 et 7 mai 2010 – HEC Montréal

Départementd'histoire de l'art et d'études cinématographiques

Université de Montréal

Climatologiede l'art. Dialogue entre les arts visuels, la philosophie, la littérature, l'histoirede l'art, l'architecture et le climat

Loind'être exclusive au champ scientifique, la question des changements climatiquesimprègne l'imaginaire contemporain dans son ensemble et suscite le débat dansde nombreux domaines de recherche. Ce colloque entend prendre la mesure de cephénomène actuel à partir d'une réflexion sur les rapports qu'il entretientavec les sciences humaines et les arts visuels.

Situationactuelle

Leclimat, l'air et l'atmosphère constituent les objets d'un souci grandissantpour l'environnement. Pour la première fois, l'humanité prend conscience de soninfluence sur le climat : les récentes spéculations sur le réchauffementde la planète ont montré, en effet, que les changements climatiques sontd'origine anthropique. Ainsi, jusqu'à la fin du XXe siècle, le cielet les nuages étaient simplement . Ils faisaient partie du décor etrien ne justifiait qu'on les considère avec plus d'attention. Avec laconstatation contemporaine apparaît l'idée que le ciel est percé, les êtrehumains ne bénéficiant plus d'une protection cosmique sous le firmament. L'émergencede cette nouvelle sphère du visible invite, dès lors, à une réévaluation descadres culturels dans lesquels se pense l'histoire du regard.

Historique

Lagestion de l'atmosphère a toujours été un élément politique de haut niveau pourla pensée judéo-chrétienne. Les exemples de rituels impliquant la manipulationde l'air ne manquent pas : ce sont les processions, les murs de peste, ladisposition de cierges autour des villes en période d'épidémie, mais aussi lesfeux de rues et la «radioactivité» du corps des saints et des reliques quifondent ces questions en lien direct avec le divin. À la Renaissance, lathéorie miasmatique a élaboré une conception de la peste sur le mode del'invisibilité, suggérant que les miasmes parcourent l'atmosphère et pénètrentles objets et les corps. De nos jours, la modification du climat sert denouveaux intérêts politiques, économiques et médiatiques, comme l'a révélé lecontrôle des conditions météorologiques lors des récents Jeux Olympiques dePékin.

Dans ledomaine des sciences humaines, la représentation de l'atmosphère constitue, parailleurs, un thème littéraire important, ayant marqué sur plusieurs plansl'historiographie artistique et le discours philosophique. Les écrivainsromantiques n'ont pas manqué de vanter les fièvres salutaires de Venise, quiapportaient à l'artiste le souffle de l'inspiration, alors que Giorgio Vasarirelatait, pour sa part, le mauvais état de santé des artistes ayant quitté lebon air florentin. Les implications idéologiques véhiculées par le modèleaérien et les valeurs qui lui sont associées (infini, abstraction,invisibilité) ont dessiné des modèles intellectuels et esthétiques qu'il s'agitd'examiner dans le cadre de ce colloque.

Lerôle des arts visuels

Sanstomber dans une naïveté qui nous autoriserait à dire que les arts visuels peuventchanger le monde, nous voudrions saisir la portée de la réflexion quiaccompagne le travail des artistes qui s'intéressent à la question du climat etinterroger leur capacité à prendre en charge ce phénomène planétaire au-delàd'une attitude de piété envers l'environnement. Qui sont les « élèves del'air » (Herder) dans le paysage artistique contemporain? Quel est lepotentiel esthétique de l'expérience climatique et comment intervenir afin d'enrendre manifestes les multiples variations? L'évidence apparente del'atmosphère, sa naïveté de chose donnée ne peut-elle devenir flagrante quelorsque son existence se trouve menacée? En somme, de quelle manière l'art peuvent-ilstransformer notre perception et notre compréhension de cette réalité tout endonnant une orientation visuelle à la société?

Portéede la réflexion

L'investigationdes relations entre les arts visuels et le climat se fera à travers un certainnombre de questions qu'il importe ici de préciser. Parmi les problèmes que posela théorisation des mutations climatiques, mentionnons ses soubassementsthéologiques et l'horizon eschatologique dans lequel s'inscrivent certainsdiscours à teneur prophétique ou catastrophique. Le regard que nous portons surnotre environnement atmosphérique renvoie à des éléments philosophiques etreligieux, mais aussi politiques, géographiques, sociaux et affectifs. Ladimension quasi imperceptible du changement climatique exprime une difficultéque renforce le décalage observé entre notre champ d'expérience et laconnaissance scientifique qui nous est transmise de l'extérieur; entre lesperceptions individuelles et subjectives d'une part, collectives et objectives,d'autre part. Nous devrons donc nous confronter à des questionsépistémologiques essentielles, dans la mesure où la climatologie est unescience non exacte. Elle élabore des modèles complexes, mais qui tiennentcompte d'approches dont la validité et la qualité prédictive sont limitées.Prévoir le climat suppose, en outre, d'évaluer les conséquences d'activitéshumaines. Une telle implication a favorisé le développement d'un contexte dedifficulté et de refus avec lequel les architectes et les artistes doiventcomposer. Comment ces derniers ont-ils réussi, néanmoins, à faire entendre lechangement climatique en infiltrant ce nouveau champ du savoir? Commentproblématiser la dimension hors humanité, les échelles de temps vertigineuses,l'obligation de prendre en compte le passé de la terre et l'avenir sur delongues périodes? Comment sensibiliser l'opinion publique en lui dévoilant lacomplexité des mécanismes à l'oeuvre et l'existence de questions irrésolues?

Articulation

Accorderà l'air l'attention qui lui revient, tel est l'enjeu du colloque, cela, par unnouveau procédé de mise en visibilité de l'atmosphère et dans la perspectived'un dialogue entre les sciences humaines, les arts visuels et les thèmesassociés au climat. Cette mise en relation peut s'effectuer en suivantplusieurs stratégies, notamment à travers ce que nous appellerons une« néo-phénoménologie de l'air ». En vue d'inciter une discussionouverte et interdisciplinaire, nous retiendrons des contributions provenant dedivers horizons de recherche : principalement, de l'architecture, de l'urbanismel'histoire et des théories de l'art, de la muséologie, de la philosophie et del'esthétique, de la sémiologie, de la sociologie et de l'anthropologie.

Le chercheur intéressé pourra s'inspirer decette liste (non-exhaustive) d'axes thématiques et de problématiques :

Perceptions de l'environnement aérien et phénomènes urbains

L'interprétation visuelle et sensorielle del'atmosphère

L'imaginaire du ciel dans l'histoire de l'artet le discours esthétique

La dimension climatique dans le Land Art et lespratiques écologiques

La photographie et les explosions atomiques

L'anthropologie sensorielle et l'histoire desaffects liés aux questions climatiques

L'interprétation contemporaine du sublime

La question artistique de l'air, le corps et lefantasme de pureté de la société contemporaine

La sensibilisation artistique de l'opinionpublique face aux changements climatiques

Les enjeux des représentations médiatiques

La mise en exposition de l'air et les procédésd'immersion

L'air comme matériau artistique : laremise en question de l'opticalité et la polysensorialité dans l'artcontemporain et l'architecture

La transformation artificielle du climat

Comité organisateur :

Florence Chantoury-Lacombe (Post-doctorante -Université de Montréal)

Katrie Chagnon (Doctorante - Université deMontréal)

Le comité scientifique est composé de troisprofesseurs du département d'histoire de l'art et d'études cinématographiquesde l'Université de Montréal : Christine Bernier, Johanne Lamoureux etOlivier Asselin

Merci de faire parvenir aux organisatrices unrésumé, en français ou en anglais (entre 300 et 500 mots) avant le 10/12/2009,accompagné d'une notice biographique.

florence.chantoury@umontreal.ca

katrie.chagnon@umontreal.ca