Édition
Nouvelle parution
C. Vigée, Le sentier du futur, qui mène à l’origine

C. Vigée, Le sentier du futur, qui mène à l’origine

Publié le par Marc Escola (Source : Association Vigée)

 

Claude Vigée, Le sentier du futur, qui mène à l’origine. Poèmes alsaciens. Édition bilingue

Association des Amis de l'œuvre de Claude Vigée, collection "Cahier de Peut-être", 2018.

EAN13 : 9782955702918.

 

Dans le carde de la publication des poésies complètes de Claude Vigée, réédition des poèmes alsaciens de Claude Vigée, en complément de Jusqu'à l'aube future, Poèmes 1950-2015. Edition bilingue comprenant un inédit.

 

 

Petit gars d’autrefois,

un instant je te vois

debout sur le rivage, au-delà du grand pont.

Tu cours beaucoup trop vite, tu es déjà trop loin,

nous voici séparés par mille années-lumière :

non, tu ne reviendras plus jamais jusqu’à moi.

Si tu peux, attends-moi encore un peu, là-bas,

que je m’en aille un jour de ton côté !

*

Dü junger büe vun frihr

ich sièh dich küm en awebléck

àm ièfer dorde schtehn, éwwcr de lànge bruck.

Jetz àwwer laufsch dü-mr viel ze witt,

bésch schun e lièchtjoohr ewegg vun mièr,

kummsch nièmols-meh ze uns zeruck.

Ze wààrd doch, wenn de noch kànnsch,

e béssel uff mich derdréwwe !

*

Depuis six ans, je vois chaque matin le soleil se lever sur le mont Sion. Mes enfants le saluent en hébreu sans qu’il s’en étonne, ils courent sur les dunes d’Ascalon à la poursuite du serpent des vignes et du petit chacal de printemps. Toute vie, toute poésie, ne sont que remontée vers l’origine inexistante. L’averse de l’aube sur Jérusalem, aujourd’hui, est aussi proche, aussi insaisissable, que la pluie de campagne, jadis, en Alsace.

Jamais je n’ai quitté ma patrie. Jamais je n’y parviendrai.

*

Schun sechs Johr lang sieh i jede Dâ uf’m Bäri Zion d’Sunn am Doode Meer ufgehn. Mini Kénder griesse éhri Pracht uf Hébréisch, uhni dass se sich ufs geréngscht dréwer wundere dät. Beidi Knäckes laufe is nooch zwésche de Sanddüne vun Ashkelon ; sie verdrywe d’Géftschlang én de wélde Räbsteckle am Rand vum schümische Meer, odder verjâwe de klaine Friejohrsfuchs, wänn’r én de Métte vun de wisse Lorbeerhecke sin rotgääl Schwänzel stellt.

Alles Läwe un Drywe ésch e Wallfahrt züem unbekannte Ort vum Aanfang, alles Dichte e langi Velodür durich ‘s Heiliche Land, bis züe dèm Ürsprung wo’s nirjeds gét. ‘s Liècht, wie hit morje éwer Jerusalem vum Hémmel nab streemt, ésch grad so nood un so unfassbar ass wie de Landrâje ém Elsass, zällemols ém Ried, am Änd vum Herbscht, währed de Kénderjohre.

I hab noch niemols mini Haimet verlon. Niemols kumm i je bis anne.

*