Essai
Nouvelle parution
C. Augereau, Homo immobilis: essai sur le roman de sanatorium

C. Augereau, Homo immobilis: essai sur le roman de sanatorium

Publié le par Marc Escola (Source : Auteure)

Claire Augereau

Homo immobilis: essai sur le roman de sanatorium

Éditions Transhumances

Parution: 3e trimestre 2020.

198 p.      EAN : 9782919754922

 

Véritable armement thérapeutique déployé par les pouvoirs politiques dans la première moitié du XXe siècle pour enrayer l’épidémie de tuberculose, le sanatorium a inspiré des œuvres littéraires de langue française que la fortune du roman de Thomas Mann, Der Zauberberg, ne saurait faire oublier. Cet ouvrage se propose de montrer combien Les Embrasés, de Michel Corday, Les Captifs, de Joseph Kessel, Siloé, de Paul Gadenne, mais aussi Le Roman du malade, de Louis de Robert, Les Heures de silence, de Robert de Traz, ont contribué à la constitution d’un sous-genre littéraire à part entière, le roman de sanatorium.

Ces fictions semblent annoncer la littérature de l’attente qui s'affirmera ultérieurement à travers des oeuvres comme Un balcon en forêt ou encore Le désert des Tartares. Elles mettent en scène, non sans paradoxe, le parcours d’un homme immobile. L’itinéraire emprunté par le personnage est en effet plus spirituel que social, faisant ainsi la démonstration de la plasticité du roman initiatique. Loin des miasmes des villes, délivré des basses tâches du negotium des plaines et de l’asservissement du raisonnement à une productivité, le plus souvent intellectuelle, le patient tire profit d’un otium moderne qui l’amène à relativiser sa culture livresque. Il expérimente ainsi une autre forme d’être-au-monde fondée sur l’introspection et sur la perception des nuances du panorama qui change au gré des heures et des saisons. Par ailleurs, raconter la "cure" contraint les écrivains à expérimenter de nouvelles formes d’écriture : la rêverie du tuberculeux se présente comme une expérience du temps pluridimensionnelle. Dans la conscience du malade, contraint à la contemplation, se mêlent paysage présent, réminiscences passées et projections dans le futur, angoissées ou idéalisées. Enfin, le sanatorium peut être envisagé comme une unité de lieu commode dans la mesure où il donne la possibilité de peindre l’expérience d’un vivre-ensemble inédit.

Loin d’être cantonné à une littérature populaire, le roman de sanatorium se présente donc comme un sous-genre dont la variété et la richesse méritent d'être éclairées.