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Appels à contributions
Chorégraphies. Institutions, pratiques et représentations (numéro de Romantisme, G. Ducrey dir.)

Chorégraphies. Institutions, pratiques et représentations (numéro de Romantisme, G. Ducrey dir.)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Eléonore Reverzy)

Chorégraphies

Institutions, pratiques et représentations

Numéro de Romantisme

Dossier à réunir par Guy Ducrey

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3e numéro de 2021, publication automne 2021

Appel à communication : jusqu’au 31 mai 2020

Date limite pour la remise des textes : 31 décembre 2020.

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Depuis une trentaine d’années, le retard dont souffraient en France les études consacrées à l’histoire et aux représentations de la danse s’est beaucoup comblé. La légitimité du sujet ne semble plus problématique : associations de chercheurs, programmes d’études, colloques internationaux, collections spécialisées chez des éditeurs, et surtout nombreuses thèses en arts du spectacle, en histoire, en littérature, en musicologie, en esthétique. L’apport de la sociologie a contribué à ce renouvellement : formation des danseurs, étude des carrières, rôle de la province dans un siècle – le dix-neuvième – qui fut celui d’une institutionnalisation de la danse, mais aussi, dès les années 1880-1900, de son éclatement en lieux multiples et de sa réinvention en esthétiques diverses.

            Car la fabrique chorégraphique réclame par excellence une approche interdisciplinaire, où historiens de la culture (comment les danseuses se forment-elles ? comment une capitale devient-elle centre rayonnant de la danse ? quelle circulation internationale pour les chorégraphes, leurs étoiles, leurs troupes ?) et sociologues (quel milieu d’origine pour l’artiste de danse ? qu’est-ce qu’une carrière de danseuse au xixe siècle et quelle institution pour l’accueillir ? quels lieux et surtout quels spectateurs pour la danse au xixe, au xxe siècle ?) côtoient des spécialistes d’art et de littérature.

Ceux-ci soulèvent d’autres types de questionnement : y a-t-il, ainsi qu’on l’a si souvent affirmé au xixe, une décadence de la danse, et comment la définir ? Que gagne-t-on à étudier – pour une époque où n’existaient pas de saisies filmées d’un spectacle – les discours sur la danse (exigent-ils, pour dire le mouvement, une forme particulière, qu’il reviendrait au poéticien d’analyser ?), et les images (gravées, dessinées, peintes, photographiées) jusqu’à peut-être parvenir à esquisser les contours d’un imaginaire propre à une époque ? Pour une chorégraphie nouvelle, quel dialogue s’instaure-t-il entre écrivains, chorégraphes, peintres de décors et musiciens ?

Des questions relevant de l’esthétique, et en particulier de l’esthétique de la réception, ont été soulevées dans des travaux d’importance : qu’est-ce au juste qu’une œuvre chorégraphique ? Quelle trace laisse-t-elle et comment l’évaluer ? Qu’entend-on, au xixe siècle, par création chorégraphique ? et par adaptation ?

Ce dossier de Romantisme consacré à la danse espère rendre compte de la fécondité de ce champ et offrir un aperçu représentatif des questionnements actuels. Il cherchera à rassembler des contributions venues de spécialistes de diverses disciplines : histoire, arts du spectacle, littérature, histoire de l’art, esthétique.

Les contributions pourront s’articuler autour des thématiques suivantes (liste non exhaustive) :

– Institutionnalisation de la danse comme art – et, inversement, les spectacles dans des lieux non institutionnels. On pourra en particulier, pour le cas français, réfléchir à la tension Paris-Province à l’époque romantique.

– Lieux de la danse : géographies urbaines, dialectique entre l’Opéra et les autres salles, y compris de music-hall ; mais aussi topographie du théâtre : la scène et la coulisse, la salle et la loge, les espaces de l’exhibition et les lieux privés ; la préparation au spectacle (répétition) et sa suite (sortie du théâtre, la danseuse en ville, la troupe en tournée).

– Géographies de la danse : formation, puis circulation des interprètes et spectacles, pays et lieux des tournées. La naissance des « écoles » de danse.

– La fabrique du spectacle : collaborations entre les librettistes et les chorégraphes, contribution des peintres et décorateurs, place du compositeur et de la musique, techniques de l’éclairage.

– Physionomies du spectateur de danse, y compris le portrait-charge et la caricature. Devenir de ce genre au xxe siècle, au moment des avant-gardes.

– Constitution d’un imaginaire de la danse au xixe siècle : portraits littéraires et journalistiques de danseuses ; recueils de gravures, puis de photographies, et progressive constitution d’un « mythe de la danseuse » au xixe siècle.

– Rôle de la presse : la critique chorégraphique – sous-genre de la critique dramatique ? L’interview de chorégraphe ou de danseurs et danseuses

– Mémoire de la danse : les systèmes de notation, les esquisses de mise en scène, les gravures de presse ; la contribution des peintres comme Degas à une mémoire de la danse ; les écrits de danseurs et danseuses, mémoires et témoignages ; fixer un spectacle : la peinture et la sculpture, réservoir prodigieux d’images de chorégraphies.

– La danse et le premier cinéma

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Orientation bibliographique :

– Bührle, Iris Julia, Literatur und Tanz : die choreographische Adaptation literarischer Werke in Deutschland und Frankreich vom 18. Jahrhundert bis heute, Würzburg, Königshausen & Neumann, 2014.

– Caron, Pascal, Faunes. Poésie, corps, danse de Mallarmé à Nijinsky, Paris, Champion, 2006.

– Claire, Elizabeth (dir.), CLIO. Femmes, genre, histoire : Danser, PUF-Belin, No 46/2017, numéro coordonné par Florence Rochefort et Michelle Zancarini-Fournel.

– Delattre-Destemberg, Emmanuelle, Les Enfants de Terpsichore. Histoire de l’école de danse de l’Opéra de Paris (1784-1939), thèse de doctorat soutenue le 23 septembre 2016 devant l’Université de Versailles-Saint-Quentin-en-Yvelines, Jean-Claude Yon dir.

– Ducrey, Guy, Corps et graphies. Poétique de la danse et de la danseuse à la fin du xixe siècle, Paris, Champion, 1996.

Edgar Degas à l’Opéra, catalogue de l’exposition du Musée d’Orsay, Henri Loyrette dir., 2019.

Godfroy, Alice, Danse et poésie : le pli du mouvement dans l’écriture. Michaux, Celan, du Bouchet, Noël Champion, 2015.

– Godfroy, Alice, Prendre corps et langue : étude pour une dansité de l’écriture poétique, Ganse Arts et lettres, 2015.

– Guilbert, Laure, Danser avec le Troisième Reich. Les danseurs modernes et le nazisme, Bruxelles, Versaille, 2011.

– Gumpert, Gregor, Die Rede vom Tanz. Körperästhetik in der Literatur der Jahrhundertwende, München, Wilhelm Fink Verlag, 1994.

– Jarrasse, Bénédicte, Les Deux Corps de la danse. Imaginaires et représentations à l’âge romantique, Pantin, Centre national de la Danse, coll. « Histoires », 2017.

– Laplace-Claverie, Hélène Écrire pour la danse. Les livrets de ballet de Théophile Gautier à Jean Cocteau (1870-1914), Paris, Champion, 2001.

– Pas de mots. De la littérature à la danse, Laura Colombo et Stefano Genetti éd., Paris, Hermann, 2010.

– Pouillaude, Frédéric, Le Désœuvrement chorégraphique. Étude sur la notion d’œuvre en danse, Paris, Vrin, 2009.

Sociopoétique de la danse, Actes du Colloque de Moulins (20-22 juin 1997), Alain Montandon éd., Paris, Anthropos, 1998.

– Suquet, Annie, L’Éveil des modernités: une histoire culturelle de la danse, 1870-1945, Pantin, Centre national de la danse, 2012.