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Appels à contributions
Chanson et intertextualité

Chanson et intertextualité

Publié le par Alexandre Gefen (Source : Céline Cecchetto)

Appel à contribution – revue Eidôlon

Chanson et Intertextualité

 

En vue d'un nouveau numéro de Eidôlon, la revue du Lapril (Laboratoire pluridisciplinaire de recherches sur l'imaginaire appliquées à la littérature), le groupe de recherche « Chanson : poétique, imaginaire, représentations » se propose d'approfondir la relation entre le genre chanson et les théories de l'intertextualité.

Dans son entreprise définitoire de la poésie orale, Paul Zumthor notait le caractère fondateur de l'intertexte : « Certes on en chante pas, au coeur de la ‘‘galaxie Gutenberg'' sans nécessairement subir l'influence de modèles littéraires ni tirer profit de diverses techniques d'écriture. C'est là un fait d'intertextualité où se manifeste ce qu'a la poésie orale de mouvant, divers, contrastif, attentif aux discours communs plus qu'à la recherche de l'aveu personnel, tourné vers le déjà-connu plutôt que vers l'inouï.[1] ». Comme espace du topos et de la parole mémorielle, la chanson est, entre autres manifestations de la poésie orale, particulièrement perméable à ces procédés d'emprunt, réemplois et réfections diverses. Elle l'est même doublement : comme oeuvre, elle est formellement fondée sur les figures de récurrence ; comme espace générique, elle est le lieu privilégié de la tradition, comprise comme mode de transmission d'un message culturel dans un temps donné.

Au-delà du seul domaine du texte, le tissage sémiologique particulier qui donne vie et unité au genre chanson fonctionne comme réceptacle particulier du discours autre et du discours de l'Autre : non seulement la chanson cite, réécrit, voire plagie textes ET musiques (que l'on songe ainsi à Gainsbourg citant Ronsard et Chopin), mais, chaque performance étant une autre oeuvre, elle investit le champ de la recréation par le jeu des réinterprétations (pensons aux innombrables versions des Feuilles mortes). Il s'agira donc de questionner l'articulation entre ces présences « autres » et la corporéité de la voix qui reste la visée du discours chansonnier.

Dans la perspective d'une étude « cantologique » (qui prend en compte tous les réseaux de signes concourant à la production du sens dans l'oeuvre chantée), les diverses théories de l'intertexte pourront intéresser le chercheur :

  • - Le concept de dialogisme compris comme « l'interpénétration des discours que retient la mémoire collective » par Bakhtine permet de comprendre comment le jeu des interactions entre passé et présent se présente particulièrement en chanson sous la forme d'un jeu interdiscursif, qui met en jeu les codes et les normes de la parole collective.
  • - Les diverses relations transtextuelles mises au jour par Gérard Genette peuvent aider à formaliser les phénomènes de réminiscence des oeuvres : intertextualité, hypertextualité et architextualité sont autant de concepts qui peuvent éclairer le fonctionnement interne du genre : dans quelle mesure s'appliquent-ils aux domaines non textuels du genre ?
  • - A considérer, avec M. Riffaterre, l'intertextualité comme un « mode de lecture qui gouverne l'interprétation » et si l'intertexte peut ainsi être défini comme « l'ensemble des textes que l'on peut rapprocher de celui que l'on a sous les yeux », on peut également poser la question des limites mêmes de la théorie intertextuelle appliquée à la chanson : la rengaine s'arrête-t-elle là où commence l'intertexte ?

 

Les perspectives de travail font appel aux compétences disciplinaires les plus diverses, ainsi que l'exige l'objet d'étude : la pertinence de la notion d'intertextualité et de ses effets de tissage appliqués à la chanson pourront ainsi s'évaluer en littérature, musicologie, sociologie, arts du spectacle, etc.…, en envisageant les diverses modalités de présence de l'intertexte : stylistique, rhétorique, performanciel…

Axes de réflexion (non exhaustifs):

  • - Interprétation et réinterprétations.
  • - Intertextes littéraires : poésie et roman en chanson
  • - La dialectique savant/populaire à la lumière de l'intertexte
  • - Intertextes musicaux : citer/sampler/plagier
  • - Intertexte et tradition orale
  • - Les réseaux intertextuels de la chanson
  • - Intertextualité et figure de l'artiste : créateur(s) mosaïste pour genre protéiforme ?

 

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Les propositions d'articles (200 mots au maximum) sont à transmettre par voie électronique avant le 30 novembre 2009. Après accord de principe de la rédaction, les textes (30000 signes au maximum) seront à remettre au plus tard fin mai 2010.

 

Contact :

Céline Cecchetto – Docteur en langue et littérature françaises

EA 4198 LAPRIL – Université de Bordeaux

celinececchetto@gmail.com


[1] Paul Zumthor, Introduction à la poésie orale, Paris, Seuil, 1983, p.144.