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Ces lieux où l'on pense. Scène, musée, bibliothèque (Paris 3)

Ces lieux où l'on pense. Scène, musée, bibliothèque (Paris 3)

Publié le par Marc Escola (Source : Aurélie Mouton-Rezzouk)

Ces lieux où l’on pense

Scène, musée, bibliothèque

 

Première session

Université Sorbonne Nouvelle ­– Paris 3

 19 mai 2017

 

Nous nous proposons, au cours d’un cycle de journées d’études et de colloques, d’examiner la façon dont des lieux – la scène, l’espace muséal et la bibliothèque, dans leur acception la plus large[1] – génèrent et modèlent de la pensée. Il s’agira de mettre à l’épreuve une hypothèse : que ces « lieux » (espaces circonscrits dans un territoire, architecture, dispositif – scénographique, expographique, classificatoire, …  – , systèmes institutionnels et professionnels définis par des missions et des valeurs spécifiques, œuvres et objets présentés) déterminent des modes d’exercice de la pensée qui leur sont propres, tant du côté de ceux qui y « œuvrent » (expositeurs /concepteurs / artistes / programmateurs…) que du côté des publics (visiteurs, spectateurs, usagers) ; qu’ils peuvent, conjointement, être conçus – fabriqués, pensés, analysés, interprétés – comme des espaces de pratique de la pensée – fut-elle simplement une potentialité, qui s’actualiserait de façon fugace, sommaire –, voire de l’exercice philosophique, en son sens le plus ouvert de pratique d’une pensée contemplative, réflexive ou critique.

Un tel rapprochement entre des institutions et des espaces par ailleurs (souvent) distincts, s’appuie sur un ensemble de caractères communs, manifestes ou hypothétiques – autant de propositions qu’il conviendra d’examiner. Ces lieux, nettement circonscrits dans l’espace urbain, ou adoptant des formes plus diffuses, occupent dans la cité une place singulière, à part, séparée de la vie quotidienne ou profane : dévolus au temps du « loisir » (otium) et de la « culture », voire du sacré, ils relèvent d’une temporalité exogène, que caractériserait une forme de disponibilité à des modes de perception, d’appréhension, de réflexion spécifiques.

 Ils sont également a priori définis par la nature « collective » et « publique » de leur fréquentation : ils sont conçus pour, et pratiqués par, des usagers pluriels, la dimension intime et singulière de la réception rejoignant concrètement l’espace politique et politisé de la cité[2].

Ils s’organisent, ensuite, selon une dualité spatiale fondatrice, mettant en regard un espace sujet de l’attention (la salle de spectacle, de lecture, les travées, le lieu d’exposition), dévolu à un des/public(s) (visiteurs, spectateurs, usagers), et un espace objet de l’attention (la scène, la vitrine, le rayonnage). Ils sont en effet caractérisés par des modes spécifiques de mise en présence d’objets et de corps, selon une double logique qui subsiste même lorsque les dispositifs mis en œuvre s’évertuent à brouiller ou à fracturer les frontières. En cela, ils diffèrent d’autres lieux d’exercice de la pensée que sont, par exemple, l’école, l’université, l’entreprise, l’assemblée politique, tout en présentant des similitudes avec d’autres espaces du sacré (la cathédrale ou le monastère).

Enfin, ces espaces tendent aujourd’hui à se rapprocher en de mêmes lieux, “tiers-lieux” dédiés à la pensée : lorsque l’exposition se rapproche de l’archive, que le musée s’ouvre à la performance, et que la scène se soumet aux enjeux documentaires. La réflexion y passe par différents modes de perception, de création et d’appropriation qui tendent à se superposer, sans nécessairement se confondre, dans des dispositifs de plus en plus hybrides.

De ce fait, il nous semble pertinent de définir la tâche qui nous attend selon plusieurs perspectives, concomitantes. 

En premier lieu, il s’agira de réexaminer les terminologies, notions et concepts utilisés dans les différents champs (esthétique, philosophie de la scène, archivistique, muséologie, bibliothéconomie…) à la lumière des autres champs, et d’analyser les enjeux de leur migration de l’un à l’autre : ainsi du « forum », ou de la « dramaturgie », par exemple. On pourra également observer et analyser, dans ce contexte, les flux de personnes, d’objets et de pensées, ainsi que les résistances que cela suscite.

Un second chantier de réflexion s’attachera à formuler un modèle d’analyse commun à ces différents espaces, et à déterminer les conditions optimales de mises en mouvement de la pensée dans l’espace, communes aux différents lieux, et/ou spécifiques à chacun.

Il s’agira, enfin, de s’essayer, à partir d’une perspective plus vaste (urbaine, territoriale), à une topologie des modalités d’exercice de la pensée ; et, le cas échéant : quel effet produirait une telle cartographie, à quelles stratégies, à quels besoins répondrait-elle ?

 

La première session, qui se tiendra le 19 mai 2017 à l’Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3 cherchera à discuter les termes de la proposition et l’extension du champ, et à définir un programme, des orientations et des modalités de recherche communs, dans une perspective résolument interdisciplinaire.

Seront conviés à prendre conjointement part à la réflexion spécialistes en études théâtrales (histoire, théorie), en sciences de l’information et de la communication (muséologie, archivistique, documentation, bibliothéconomie), mais aussi en esthétique, urbanisme, géographie, histoire, philosophie ou architecture.

 

Ce premier temps sera suivi de deux journées d’étude, la première à l’université Jean Jaurès de Toulouse au mois d’octobre 2017, et à l’université d’Avignon et des pays de Vaucluse en janvier 2018, puis d’un colloque à Paris, en juin 2018.

 

Nous nous proposons donc de constituer un groupe actif de recherche sur cette question, et vous convions, si vous souhaitez participer à cette première journée de réflexion, à nous faire parvenir pour le 15 janvier 2017 une présentation succincte de vos champs d’étude, travaux et projets de recherche susceptibles de contribuer à notre projet commun.  Les propositions seront à envoyer à l’adresse suivante :

cyclelieuxdepensee@gmail.com

 

Comité d’Organisation

Aurélie Mouton Rezzouk, IRET, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

François Mairesse, CERLIS, Université Sorbonne Nouvelle – Paris 3

Flore Garcin Marrou, LLA CREATIS, Université Toulouse Jean Jaurès

Julie Deramond, Equipe Culture et Communication, CNE, Université d’Avignon et des Pays de Vaucluse

 

 

[1] La scène renvoie ici tant à la scène théâtrale que chorégraphique, circassienne ou musicale, voire au plateau de cinéma, l’espace muséal aussi bien aux musées (de société, de beaux-arts, de sciences, etc.) qu’aux centres d’interprétation ; enfin à la bibliothèque s’associent la médiathèque, le centre de documentation ou les archives.

 

[2] Sur ce point, comme pour le suivant, la bibliothèque, la médiathèque ou les archives occupent une place un peu à part, en ce qu’elles relèvent partiellement de processus expositionnels (lorsque l’accent est mis sur la déambulation entre les rayonnages de livres, et la mise en valeur de certains d’entre eux), et qu’elles empruntent à l’occasion à la scène (par la lecture publique, par exemple), tout en s’en détachant fortement par d’autres aspects.