Essai
Nouvelle parution
C. Lignereux, A l'origine du savoir-faire épistolaire de Mme de Sévigné

C. Lignereux, A l'origine du savoir-faire épistolaire de Mme de Sévigné

Publié le par Matthieu Vernet (Source : Sara Paubel)

Cécile Lignereux, A l'origine du savoir-faire épistolaire de Mme de Sévigné

Paris : P.U.F., coll. "C.N.E.D.", 2012.

EAN 9782130606901.

Présentation de l'éditeur :

En 1671, au moment où Mme de Grignan quitte sa mère pour aller vivre en Provence avec son époux, Mme de Sévigné découvre non seulement l’intensité exceptionnelle de ses sentiments mais encore la difficulté à les communiquer. Aussi attentive à lutter contre le
conformisme des pratiques de civilité qu’à promouvoir une authentique intimité des coeurs malgré la distance, la marquise fait alors le pari d’inventer un protocole épistolaire adapté à ses exigences affectives. N’hésitant pas à assigner à la correspondance
de nouvelles règles, Mme de Sévigné expérimente ainsi un art de plaire dont la puissance de séduction ne peut être restituée qu’à condition de le confronter à ses possibilités d’expression et à ses marges d’innovation – son style résultant d’un mode d’appropriation
original des modèles culturels en vigueur. Conforme aux idéaux de l’esthétique galante mais infléchi et modulé en fonction de la relation singulière qui unit les deux correspondantes, le savoir-faire épistolaire de Mme de Sévigné apparaît en définitive
comme le moyen d’accéder à ce degré de sublimation de soi qui rend possible l’art de remotiver les valeurs et les pratiques de la sociabilité mondaine.

Alors que les commentateurs n’ont cessé d’insister sur le caractère exceptionnel de la manière d’aimer de Mme de Sévigné, il convient d’appréhender la mise en discours des sentiments sous l’angle des possibles langagiers qui s’offrent à l’épistolière au moment de la séparation. Un tel parti-pris implique de départager les formules rituelles de la civilité épistolaire en contexte familier et les expérimentations (autant stylistiques que relationnelles) propres à cette correspondance. Assurément, il est souvent délicat d’appréhender le degré d’innovation des lettres à Mme de Grignan, tant est poreuse la frontière entre les usages en vigueur dans le milieu social de la marquise et les écarts délibérés par rapport à des phraséologies inégalement stabilisées. Pourtant, il n’en est pas moins indispensable de tenter de déterminer le degré d’originalité des traits de style les plus massivement représentés dans la correspondance – qui s’avèrent relever tantôt de stéréotypes langagiers, tantôt de choix intentionnels, tantôt d’une intériorisation plus ou moins consciente des typologies épistolaires, sociales et sentimentales.
Cécile Lignereux est maître de conférences en langue et littérature françaises à l’université Stendhal – Grenoble 3.

Sommaire de l'ouvrage

Première partie. – Cours

Introduction

I. La distinction des sentiments
La prudence énonciative
La rigueur lexicale
L’anatomie morale
La confession de l’idolâtrie

II. L’adéquation au modèle de l’amitié tendre
La définition d’un art d’aimer
Les protestations de sensibilité
Les témoignages d’affection
La mise en scène de la vulnérabilité

III. La régulation des passions
La canalisation du pathos
La maîtrise du registre élégiaque
La délicatesse des conseils

IV. L’apprentissage d’une communication authentique
Un style délibérément négligé
La déformalisation du dialogue épistolaire
L’instauration de la confidentialité

Conclusion

Seconde partie. – Exercices

Dissertation

Introduction
Un indéniable « effet » littéraire
Une correspondance authentique qui n’obéit à aucun « projet » littéraire
Une postérité liée à l’évolution de la notion de « littérature »
Conclusion

Leçon. Le plaisir d’écrire
Le plaisir pris à la conversation des absents
La prolixité d’une épistolière s’abandonnant au plaisir de causer
Le plaisir d’écrire, élément stratégique de la relation

Étude littéraire. Lettre du 10 juin 1671 (I, 268-271)
Introduction
Le cadre générique de la lettre familière
Le surgissement maîtrisé des tourments maternels
L’art de bien dire des bagatelles

Étude grammaticale et stylistique. Lettre du 24 mars 1671
Morphosyntaxe : les emplois de que (de la l. 8 à la fin du texte)
Stylistique : formes et enjeux du registre élégiaque

Explication de texte et question de grammaire. Lettre du 9 février 1671
Explication de texte
Question de grammaire : l’infinitif (l. 1 à 24)

Bibliographie commentée

 

Cécile Lignereux
PUF
Octobre 2012
978-2-13-060690-1
19,50 €