Essai
Nouvelle parution
C. Dubeau, La lettre et la mère: roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker et Germaine de Staël

C. Dubeau, La lettre et la mère: roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker et Germaine de Staël

Publié le par Perrine Coudurier (Source : Catherine Dubeau)

Catherine Dubeau, La lettre et la mère: roman familial et écriture de la passion chez Suzanne Necker et Germaine de Staël

Québec/Paris : PU Laval /Hermann, Les collections de la République des Lettres, 2013.

EAN 9782705687489 (Hermann) 45EUR

EAN 9782763799148 (PUL) 49$

468 pages

Présentation :

Cet essai interroge ce qui, dans le lien mère-fille et dans la représentation qu’en donnent Suzanne Necker (1737-1794) et Germaine de Staël (1766-1817), dirige et travaille leur pratique de l’écriture. Il envisage chez l’une et l’autre auteure le lien ambivalent à la mère comme expérience fondatrice et structurante de la passion, constitutive des motifs littéraires de la colère indomptable, de l’amour contrarié et de la culpabilité mortifère. La lecture conjointe de leurs œuvres (essais, journaux, correspondances et, dans le cas de Germaine de Staël, fictions théâtrales et romanesques) dévoile une relation orageuse, marquée par la rivalité, la culpabilité, le remords, et dont l’expression apparaît indissociable des bouleversements sociopolitiques contemporains : Révolution, Terreur et Empire prêtent leurs emblèmes, tissant des réseaux analogiques entre les économies familiale et politique. Donner la vie et mettre à mort sont ici les faces antithétiques d’une même relation, par laquelle la lettre, tous genres confondus, oscille indéfiniment entre l’ aveu amoureux et la déclaration de guerre.

Catherine Dubeau est professeure agrégée au département d'études françaises de l'Université de Waterloo (Ontario, Canada). Ses recherches portent sur les genres narratifs et intimes dans la France du XVIIIe siècle, sur l'écriture du roman familial, sur la psychanalyse littéraire et la sociologie de la littérature. Elle prépare une édition critique des Mélanges (1798) et des Nouveaux mélanges (1801) de Suzanne Necker.

 

Table des matières

Introduction

Chapitre I - Le regard de Psyché
Psychanalyse et littérature : quelle(s) alliance(s) possible(s) ?
Du roman familial au féminin

PREMIÈRE PARTIE - Suzanne Necker
Écrire entre mère et monde : culpabilité et sociabilité dans les Mélanges et les Nouveaux mélanges

Chapitre II - Journal et culpabilité : vaincre l’ennemi intérieur
De l’examen de soi antique au journal intime
Aux sources de l’écriture : deuil et culpabilité
Journal et comptes moraux
Surveillance et introspection : du Spectator au Spectateur intérieur
Stoïcisme, calvinisme et passions
Humeur et colère
Tourments et faillite de l’idéal : Ixion et Scylla
Conclusion

Chapitre III - L’épreuve du salon ou le monde comme performance
Aux sources de la politesse
Vertus et dérives de la sociabilité
Madame Necker : d’une intégration parisienne
Mondanité et religion
L’art de la réception : règles et étiquette
Esprit et conversation
Le corps mondain
Salon et rivalité familiale : Suzanne Necker et Germaine de Staël
Conclusion

DEUXIÈME PARTIE - Suzanne Necker & Germaine Necker
La mère, la jeune fille et la mort : le corps de la passion

Chapitre IV
« C’est ainsi que l’on meurt et qu’on donne la vie » : les périls de la maternité

Lumières et maternité
Suzanne Necker : la maternité désenchantée
« …non pour lui donner le goût des lettres mais la faculté de l’attention »
« Ce n’est rien… absolument rien à côté de ce que je voulais en faire »
Germaine Necker : père, passion et écriture, du Journal au double portrait de Necker (1785)
« …je me sens tout entière ébranlée, bouleversée à l’instant où je vous quitte »
Hymen et fiction : Mirza, Adélaïde et Pauline
Conclusion

Chapitre V
De l’écriture comme duel : les Réflexions sur le divorce et De l’influence des passions

Genèse et destin des Réflexions sur le divorce
Pour une défense de l’indissolubilité du mariage
D’un divorce à l’autre : mère contre fille
De l’influence des passions : écrire au chevet de la mère
Le moi passionné et la « scène judiciaire » de l’essai moral
De la famille comme école des passions
« De l’amour » : point névralgique du traité des passions
La mère, « objet perdu » du traité des passions ?
Conclusion

Chapitre VI
De la morale maternelle à l’imagination staëlienne : la fiction salvatrice

« Des ressources qu’on trouve en soi » : philosophie, étude, bienfaisance
Pitié, morale et passion : les voies de la fiction ou l’imagination secourable
« Cet écrit qui, plus que tout autre, appartient à mon âme » : Zulma ou la lettre sauvage
Conclusion

TROISIÈME PARTIE - Germaine de Staël
Fictions et réminiscences maternelles : le corps de l’oeuvre

Au bord du gouffre
Sophie ou les sentimens secrets : le prix du savoir, le coût du désir
Jane Gray : la grâce décapitée
Delphine : dette filiale et quittance romanesque
   De l’origine des inégalités : Matilde de Vernon et Delphine d’Albémar
   Du don et de la place
   Sophie de Vernon : le non de la mère
   Le temps des despotes : pouvoirs maternel, mondain et national
   Terreur(s) : les deux dénouements de Delphine
Agar : de désirs en désert
Corinne ou l’Italie : diviser pour régner, pérennité de l’empire maternel
   De Rome au Northumberland : l’amour maternel perdu
   Corinne et Oswald : de la gloire et de sa rançon
   Du gouvernement individuel et national des passions : l’écueil du despotisme
   De Venise au Northumberland : l’amour perdu
   La Passion de Corinne
La Sunamite : de l’emprise maternelle à la « génération des pères, génération protectrice »
Sapho : la mort en mère
Conclusion

Annexes
Chronologie
Bibliographie
Index