Questions de société
Casse de l'Éducation nationale / retour à l'école communale (juin 2011)

Casse de l'Éducation nationale / retour à l'école communale (juin 2011)

Publié le par Bérenger Boulay

Désengagement de l'état et recrutement d'enseignants sous contrat de droit privé par les collectivités locales

Après le village de Détrier, en Savoie, dont le Mammouth déchaîné a déjà parlé, c'est au tour de la commune de Puy-Saint-Vincent dans les Hautes-Alpes  de recruter un professeur des écoles et de le payer sur le budget communal pour pallier le désengagement de l'Etat.


Dépêche AFP du 07.06.11 :

Un village des Hautes-Alpes se révolte contre la fermeture de son unique classe maternelle par l'inspection d'académie. Son maire a décidé de recruter et de payer à ses frais un instituteur pour "pallier les carences de l'Etat".

"On a retourné le problème dans tous les sens et c'est la seule solution : nous allons créer une association qui prendra en charge le salaire de l'instituteur, même si ça déplaît à l'inspection d'académie", explique Marcel Chaud, maire sans étiquette de Puy-Saint-Vincent.

La station de ski, qui compte trois cents habitants permanents et dispose de douze mille lits touristiques en saison hivernale, a appris en mars dernier la fermeture dès la rentrée 2011 de sa classe maternelle "en raison d'une baisse des effectifs", selon l'inspection d'académie. Selon Pierre Barrière, inspecteur d'académie des Haute-Alpes, "vingt-trois élèves dont sept enfants en classe maternelle devraient être scolarisés à la rentrée prochaine." L'inspection a proposé un regroupement pédagogique avec les écoles des communes voisines, pour compléter les effectifs des écoles maternelles de la zone.

Une proposition qui ne satisfait pas le conseil municipal pour "qui cette approche comptable" ne prend pas en compte la "réalité du territoire". Le maire souligne particulièrement les 800 mètres de dénivelé entre Puy-Saint-Vincent et Les Vigneaux, où pourraient être scolarisés les enfants, qui peuvent s'avérer "difficiles d'accès en particulier l'hiver avec la neige."

"En fermant cette classe, c'est la survie du village que l'on remet en question", soupire Marcel Chaud, qui assure avoir reçu une quinzaine de CV d'instituteur. Pour sa part, l'inspection d'académie fait savoir "qu'elle ne reviendra pas" sur la décision de fermeture.

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Un village paye son instituteur pour sauver une classe, Le Figaro, 8 juin 2011

Le maire de Puy-Saint-Vincent, station de ski des Hautes-Alpes, va recruter et rémunérer aux frais de la municipalité un professeur pour sa classe de maternelle, dont l'inspection académique a annoncé la fermeture.

Puisque l'État ne veut pas mettre la main à la poche, ce sont les habitants qui le feront. En désespoir de cause face au refus de l'inspection académique de maintenir ouverte l'unique classe maternelle de son village, le maire de Puy-Saint-Vincent, dans les Hautes-Alpes, a décidé que le village se paierait son propre instituteur.

Créée par la municipalité et les parents d'élèves, une association subventionnée par la mairie prendra en charge le salaire du professeur. Pour ce faire, une enveloppe de 60.000 euros - dont 35.000 euros seront alloués à ce salaire et le reste au fonctionnement de l'école - a déjà été prévue dans le budget 2011. « On a retourné le problème dans tous les sens et c'est la seule solution (...), même si ça déplaît à l'inspection d'académie », explique Marcel Chaud, maire sans étiquette de Puy-Saint-Vincent.

Cette station de ski de moyenne montagne ne compte que 300 habitants permanents. À la rentrée prochaine, vingt-trois élèves doivent y être scolarisés, dont sept en classe maternelle. Pour l'académie un tel effectif, en baisse, ne justifie pas le maintien d'une classe maternelle dans le village. « Nous avons proposé un regroupement pédagogique avec les écoles des communes voisines, elles aussi en baisse d'effectif, afin d'avoir une complémentarité », souligne Pierre Barrière, inspecteur d'académie des Hautes-Alpes. Huit cents mètres de dénivelé à parcourir chaque jour

Le problème, c'est que cette proposition ne prend pas en compte la « réalité du territoire », selon le conseil municipal. « Puy-Saint-Vincent se situe à 1800 mètres d'altitude et les Vigneaux, où l'on nous propose de scolariser les enfants, à 1000 mètres d'altitude. C'est impensable, les routes sont difficiles d'accès en particulier l'hiver avec la neige », souligne le maire, qui dénonce l'« approche comptable » de l'autorité académique.

« En fermant cette classe, c'est la survie du village que l'on remet en question (…) On ne peut pas demander à des jeunes de s'installer s'il n'y a pas d'école pour leurs enfants », regrette par ailleurs l'élu. Dans un village qui, en haute saison hivernale, propose 12.000 lits touristiques, il faut également attirer des saisonniers.

L'académie reste sourde à ces objections, et a fait savoir « qu'elle ne reviendra pas » sur la décision de fermeture. De son côté, le maire assure avoir déjà reçu une quinzaine de CV d'instituteurs.