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Appels à contributions
L’anticolonialisme de Mirbeau / Mirbeau, Jarry, Renard, écrivains du passage (Cahiers Octave Mirbeau)

L’anticolonialisme de Mirbeau / Mirbeau, Jarry, Renard, écrivains du passage (Cahiers Octave Mirbeau)

Publié le par Université de Lausanne (Source : Samuel Lair)

Appel à contribution

Cahiers Octave Mirbeau, n° 28

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DESCRIPTION :

Les Cahiers Octave Mirbeau qui paraissent désormais chez Garnier se proposent, pour la parution du n°28, de suivre deux perspectives d’étude.

 

1 – L’anticolonialisme d’Octave Mirbeau

La première aura pour vocation de mettre à plat les éléments de connaissance de l’anticolonialisme d’Octave Mirbeau, qu’on ne peut limiter, dans le temps et l’écriture, à la réussite romanesque du Jardin des supplices. L’engagement par voie de presse constitue à lui seul un versant très riche de cette implication résolument moderne d’Octave Mirbeau. La popularité de l’écrivain, la variété des modes littéraires qui assurent la reprise de certains thèmes, la singularité du discours de Mirbeau dans le concert des voix anticolonialistes, l’inscription de cet engagement au sein d’un ensemble de combats pluriels menés par l’intellectuel concourent à donner à la parole du pamphlétaire un relief et une audience qui dépassent la simple réussite littéraire.                                 

Les dimensions littéraire, historique, philosophique et politique de l’anticolonialisme de Mirbeau ; son évolution, constantes et variations ; la mise en perspective de cette thématique avec les préoccupations sociales et politiques de l’écrivain ; les modalités de sa mise en fiction ; la résonance de ce combat avec l’actualité du débat chez d’autres intellectuels ; sa confrontation à la pensée de certains contemporains ; son ancrage dans une tradition polémique, et ses parti pris de renouveler le regard sur l’Autre ; les rapprochements conjecturaux, ou plus signifiants, avec certaines revues littéraires ou regroupements qui ont pu servir l’efficacité du discours d’Octave Mirbeau : voilà quelques-unes des pistes qu’il sera loisible d’emprunter afin de jeter un éclairage neuf sur cet aspect décisif des combats de l’imprécateur au cœur fidèle.

 

2 – Mirbeau, Jarry, Renard, écrivains du passage

 « Le réalisme finissant l’a élu pour agoniser en lui » (Cité par Michel Autrand, L’Humour de Jules Renard, Klincksieck, 1978, p. 66). C’est en ces termes qui composent une manière de discours millénariste en réduction que Sartre réévaluait l’échec d’un écrivain capital, Jules Renard. Cette impasse des genres à quoi conduirait l’examen de l’œuvre de l’auteur de Poil de Carotte et du Journal sanctionne également une réussite, en un sens, et peut s’appliquer à plus d’un contemporain de Renard : elle ouvre la voie à l’analyse des limites, des écarts, des lignes de superposition ou de fracture qui dessinent la spécificité d’une œuvre par rapport à un mouvement dominant. L’objet des Cahiers Octave Mirbeau n°28 sera en partie de soumettre à une telle approche l’œuvre de trois artistes qui surent naviguer à égale distance des courants porteurs que furent le naturalisme et le symbolisme : il existe sans conteste chez Octave Mirbeau, Jules Renard, Alfred Jarry, un effort plus ou moins exprimé pour s’engager vers des horizons littéraires neufs comme le naturisme, l’absurde, le surréalisme, la prose poétique, l’écriture féroce ou fantastique, l’hypersubjectivité ou la revendication d’une féconde myopie littéraire, la recherche d’une déconstruction des modèles jusqu’à leur dislocation. Issus de générations différentes, les trois artistes partagent néanmoins le triste privilège de ne se frayer, au plan biographique, qu’un très bref chemin vers le XXe siècle. Ils sont pourtant tous trois écrivains de la transition (du pathétique à l’ironique, du romantisme au réalisme, et des frontières du littéraire, plus généralement). Plus que auteurs de la transgression, il est d’une analyse plus raisonnable de parler d’écrivains du passage.   Les contributions pourront par conséquent emprunter des orientations thématiques, autant que générique ou génétique, et aborder ainsi :

- La diversification des genres : pratiques (parfois concomitantes) du récit, du théâtre, de l’essai, du texte autobiographique ; les grands modèles littéraires.

- Le drame de l’enfant comme expérience matricielle ; l’humour, la férocité, la rosserie ; la place du rêve ; l’image de la femme : la misogynie, vérités et légendes ; figures de la comédienne ; les enjeux du thème animal.

- Les rencontres biographiques (les journaux, l’inimitié avec Gide, les amitiés communes avec Vallette, Rachilde, Lugné-Poë, André Antoine ; les revues Le Mercure de France, La Revue blanche ; l’académie Goncourt) et les points de convergence sur le terrain des personnalités ; Jarry et Mirbeau dans le Journal de Renard.

- La séduction du texte court ; la tentation du silence ; poétique exemplaire du peintre (Claude Monet, les nabis) ; monstruosité et cruauté littéraires.

- La sensibilité anarchiste et son expression chez l’homme de lettres, le diariste, le journaliste ; les réussites polémiques ; nationalisme et chauvinisme ; les rapprochements plus ou moins durables avec le socialisme.                                                                                                     

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Les propositions d’articles seront à faire pour la fin du mois de mai 2020. Les textes complets, quant à eux, devront être remis pour la fin du mois de septembre 2020 (samuellair@sfr.fr, ou anitastaron@wp.pl)