Revue
Nouvelle parution
Cahiers d'études lévinassiennes, n°13, 2015

Cahiers d'études lévinassiennes, n°13, 2015

Publié le par Sabrina Roh (Source : Gilles Hanus)

Cahiers d'études lévinassiennes, n°13, "L'État de César"

Paris, Editions Verdier, 2015

EAN 9782864327783

192 p.

23 EUR

Vente en librairie ou sur le site de l'Institut d'études lévinassiennes (www.levinas.fr)

 

Le 8 octobre prochain paraîtra le n°13 des Cahiers d'études lévinassiennes, consacré au thème "L'État de César", dont le sommaire figure ci-dessous :

 

 

Carine Brenner et Gilles Hanus, "Présentation" (reproduite ci-dessous)

 

L'État de César

Luc Brisson, « La loi selon Platon et la plupart des philosophes de l'Antiquité. L'État de César et son enracinement dans un au-delà »

Gérard Conio, « L'empire russe et Moscou troisième Rome »

Gilles Hanus, « Le paradoxe de l’État chez Emmanuel Lévinas »

René Lévy, « L'État, l'ambivalence du pouvoir »

Variations

Eric Vuillard, « Vie de John Jacob Astor »

Pierre Moyse « Au clair de la mer »

Textes

Franz Rosenzweig, « Introduction aux Écrits juifs d'Hermann Cohen » (1ère partie)

Gilles Hanus, Commentaire : « Penser avec un autre »

Panorama

Emilio Baccarini, « La réception italienne de la pensée d'Emmanuel Lévinas »

Recensions
Bibliographie
Citations

 

L'État de César

L'État constitue la forme la plus accomplie de la rationalité politique. Du moins est-ce toujours ainsi qu'il se présente, comme le lieu d'un possible partage de la raison, fondant la paix et permettant de ce fait de soustraire les relations interindividuelles à la violence naturelle. Lévinas reconnaît partiellement la pertinence de cette description. Sans l'État, « les hommes s'avaleraient les uns les autres tout vivants », écrit-il citant les Pirkei Avoth ; ainsi faut-il prier pour le bien du pouvoir, de l'État, ce qui équivaut apparemment à la reconnaissance de son rôle positif dans la vie des hommes.

Mais dans le même temps, Lévinas, tant dans ses textes philosophiques que dans ses lectures talmudiques, ne cesse d'interroger la rationalité qui constitue le principe de l’Etat. Il décrit par exemple la façon dont la rationalité des lois peut se transformer en raison impersonnelle s'imposant désormais à ceux-là mêmes qui les avaient pourtant voulues. Ce risque toujours présent de la bureaucratie, d'un pouvoir souverain oubliant ce pour quoi il fut institué, d'un État cherchant à déployer sa puissance impériale, Lévinas le pointe dans les lectures talmudiques sous le nom d'« État de César » :

« […] l'État de César, malgré sa participation à l'essence pure de l'État, est aussi le lieu de la corruption par excellence et, peut-être, l'ultime refuge de l'idolâtrie. »1

Le passage du plan politique au plan métaphysique modifie profondément le visage de l'État. Peut-être faut-il penser que la justice qu'il impose contre la force brute n'est pas encore justice véritable ? Peut-être son pouvoir, susceptible de virer en oppression, fait-il en vérité obstacle aux accomplissements véritables ?

C'est précisément cette duplicité de l'État, cette ambiguïté de la rationalité politique que nous avons souhaité interroger dans ce numéro.