Essai
Nouvelle parution
C. Filteau, L'espace poétique de Gaston Miron

C. Filteau, L'espace poétique de Gaston Miron

Publié le par Julien Desrochers

FILTEAU, Claude, L'espace poétique de Gaston Miron, Presses universitaires de Limoges (coll. "Francophonies"), 2005, 310 p. 

Numéro ISBN : 2-84287-346-7

Résumé:

Gaston Miron (1928-1996) est connu comme l'un des meilleurs écrivains du Québec grâce à son recueil de poèmes, L'homme rapaillé, publié pour la première fois à Montréal, en 1970. Claude Filteau examine minutieusement l'oeuvre de Miron, dont l'écriture est traversée par un tellurisme qui lui donne son souffle épique. Mais Miron est un grand poète épique parce qu'il prétendait faire une poésie personnelle, c'est-à-dire devenir impersonnel dans le nous. « Le je du poète personnel, disait-il, est tragique et impudique : il s'identifie. Ce je se réfracte parfois en tu et en il. Le je du poète personnel trouve sa réversibilité dans le nous ». Il y a du tragique, en effet, chez Miron. Le poète s'est mal remis de la mort de son père. Ce qui explique en partie son engagement politique pour l'indépendance du Québec. Pour se réconcilier avec les siens. Pour retrouver la voix de la mère qui a mal « fait » le deuil du père. C'est avec la voix rauque de Lazare sortant de son tombeau que le poète surgit sur la place publique dans le cycle de « La batèche ». On trouve également de l''impudicité dans les paysages affectifs de « La marche à l'amour » avec leurs sécrétions venteuses. Mais, par le travail du rythme, le poète découvre ce « nous noueux dénoué » qui devient pour lui inséparable de ce partage pronominal du monde qui fait de sa poétique, une politique et une éthique. On cherche aujourd'hui à déshistoriciser Miron. Il s'agit d'une déshistoricisation qui concerne également la perte d'historicité de toute une poésie française moderne, comme le constatait Henri Meschonnic dans un article sur l'épique hugolien. Dans cette étude sur l'espace poétique de Gaston Miron, Claude Filteau replace l'auteur de L'homme rapaillé au centre de son histoire.